La guerre des couleurs à Québec

Michel Lessard

Jeux de coulisses et de couleurs...

La marque du Canada dans la cité de Champlain...

Dix fois plus d’unifoliés que de fleurdelysés dans notre capitale...

 

Au Québec et dans la Cité de Champlain, notre capitale nationale, chef-lieu des francophones d’Amérique, la question des drapeaux reste toujours délicate. On vient de le constater encore une fois avec la décision de l’administration du Musée national des beaux-arts du Québec de retirer le mât du fleurdelisé qui triomphait au sommet de l’édifice. Le gouvernement refuse la décision du musée. Il ne faut pas se fermer les yeux, à Québec la guerre des couleurs entre le bleu et le rouge pour affirmer possession, pouvoir et autorité demeure omniprésente surtout depuis le référendum de 1995. 

Québec demeure une ville phare au Canada, une cité touristique iconique mondialement reconnue. Les Québécois forment une société distincte, française, dont les aspirations ne sont souvent pas  celles du Canada..  Et, en règle générale, tous nos gouvernements ont défendu becs et ongle, même symboliquement, cette originalité. Des millions de visiteurs s’arrêtent chaque année dans nos murs. Québec est bâtie pour être regardée à partir du fleuve et être marchée sur ses littoraux et dans ses murs. Il n’y a pas si longtemps encore, la falaise et les berges offraient de prestigieux bâtiments à ceux qui arrivaient par bateau, plusieurs édifices comportant une façade simplement décorative plaquée sur un mur de pierre aveugle, des trompe-l’œil en bois,  pour raffermir le paysage bâti.  Encore aujourd’hui, l’édifice Louis-Saint-Laurent qui ferme la terrasse Dufferin à l’Est, un ancien bureau de poste en pierre, comporte une fausse façade avec portique imposant donnant sur le fleuve. Et l’hôtel Château Frontenac!

 À Québec, véritable mirador sur le Saint-Laurent avec sa citadelle, porte continentale digne de mériter le titre de Gibraltar d’Amérique, le Canada tient à marquer sa présence et son pouvoir de façon fort ostentatoire, depuis 20 ans notamment. Le rouge et le blanc à saveur d’érable dominent largement le bleu et le blanc du parfum discret de la fleur de lys, plutôt inscrits dans la timidité.   Celui qui arrive par bateau comme le feront des milliers de touristes cet été ou navigueront sur le Louis-Joliet, les brises glaces et les hélicoptères de la Garde-Côtière au quai de la Reine lui confirmeront qui est le véritable gestionnaire des eaux devant Québec et sur le fleuve dans une parade éclatante de navires aux couleurs canadiennes, à l’enseigne du Canada en gros caractères blancs sur la coque rouge. Celui qui débarque d’un paquebot à la gare maritime sera reçu dans les unifoliés et au sortir du stationnement, une grosse station de Pétro-Canada sur Dalhousie, en costume à la mode d’Ottawa, lui rappellera que le Canada s’est aussi  investi dans le pétrole. À Québec

Au Québec et dans la Cité de Champlain, notre capitale nationale, chef-lieu des francophones d’Amérique, la question des drapeaux  reste toujours délicate. On vient de le constater encore une fois avec la décision de l’administration du Musée national des beaux-arts du Québec de retirer le mât du fleurdelisé qui triomphait au sommet de l’édifice. Le gouvernement refuse la décision du musée. Il ne faut pas se fermer les yeux, à Québec la guerre des couleurs entre le bleu et le rouge pour affirmer possession, pouvoir et autorité demeure omniprésente surtout depuis le référendum de 1995. 

Québec demeure une ville phare au Canada, une cité touristique iconique  mondialement reconnue. Les Québécois forment une société distincte, française,   dont les aspirations ne sont souvent  pas  celles du Canada..  Et, en règle générale, tous nos gouvernements ont défendu becs et ongle,   même symboliquement, cette originalité. Des millions de visiteurs s’arrêtent chaque année dans nos murs  . Québec est bâtie pour être regardée à partir du fleuve et être marchée sur ses littoraux et dans ses murs. Il n’y a pas si longtemps encore, la falaise et les berges offraient de prestigieux bâtiments à ceux qui arrivaient par bateau,   plusieurs édifices comportant une façade simplement décorative plaquée sur un mur de pierre aveugle, des trompe-l’œil en bois,  pour raffermir le paysage bâti.  Encore aujourd’hui, l’édifice Louis-Saint-Laurent qui ferme la terrasse Dufferin à l’Est, un ancien bureau de poste en pierre, comporte une fausse façade avec portique imposant donnant sur le fleuve . Et l’hôtel Château Frontenac!

 À Québec, véritable mirador sur le Saint-Laurent avec sa citadelle, porte continentale digne de mériter le titre de Gibraltar d’Amérique, le Canada tient à marquer sa présence et son pouvoir de façon fort ostentatoire,  depuis 20 ans notamment . Le rouge et le blanc à saveur  d’érable dominent largement le bleu et le blanc du parfum discret de la fleur de lys, plutôt inscrits dans la timidité.   Celui qui arrive par bateau comme le feront des milliers de touristes cet été ou navigueront sur le Louis-Joliet, les brises glaces et les hélicoptères de la Garde-Côtière au quai de la Reine lui confirmeront qui est le véritable gestionnaire des eaux devant Québec et sur le fleuve dans une parade éclatante de navires aux couleurs canadiennes, à l’enseigne du Canada en gros caractères blancs sur la coque rouge. Celui qui débarque d’un paquebot à la gare maritime sera reçu dans les unifoliés et au sortir du stationnement, une grosse station de Pétro-Canada sur Dalhousie, en costume à la mode d’Ottawa, lui rappellera que le Canada s’est aussi  investi dans le pétrole.  Suivra la parade des drapeaux au sommet des édifices. Le port de Québec en est truffé, celui de l’édifice de la Douane au sommet de sa coupole, toujours bien éclairé et claquant au vent les soirs de spectacles à l’Agora du Vieux-Port, tout le complexe naval de Pointe-à-Quarcy avec ses mâts obliques en façade  sur Dalhousie… et si on monte sur la falaise, tous les belvédères de la terrasse Dufferin, la coupole de l’ancien Bureau ce poste,  le parc Montmorency et la porte Prescott dans la Côte de la Montagne où loge la statue de Louis Hébert, partout où il le peut,  le Canada pose sa marque. Le photographe Claudel Huot qui a produit trois albums à succès sur Québec dont nous avons signé les textes, un résident de la petite rue Champlain pendant des décennies nous confiait qu’il n’y a plus un coin pittoresque de Québec qui n’arbore  pas dans sa perspective, un unifolié bien marquant l’espace.  Même l’Hôtel de Ville de Québec se soumet à cette vague et de plus en plus de commerces manifestent  leur association  au pays de Sir Macdonald. Et les Plaines d’Abraham, au belvédère Grey par exemple, et la Citadelle et ses alentours, et la redoute Dauphine… x.

 Mais l’affirmation symbolique du Canada la plus puissante explose au bastion du Roy, voisin de la résidence du gouverneur général du Canada à la citadelle, le plus haut point topographique de la cité de Champlain. Un immense mât, doublé en hauteur sous Jean Chrétien et Sheila Copps marque la Conquête et la propriété de la ville à ce sommet. Un étendard qui crève le ciel de loin comme le font les conquérants de l’Everest.

 Il ne faut donc pas se surprendre si le gouvernement du Québec, même le plus tiède de l’histoire récente quant à la fierté identitaire, a fait montre d’un épiderme sensible dans l’abattage du mât au sommet du Musée national des Beaux-arts du Québec. Les Québécois souhaiteraient sans doute que la nouvelle place des Canotiers et celle du Capitaine Bernier à Lévis au bord de l’eau qui recevront   des milliers de visiteurs cet été, portent une double rangée de fleurdelysés, comme jadis, pour souhaiter la bienvenue au pays français et qu’une  haie d’honneur de mâts bleus  battant au vent nous accueille au temple de l’art sur les Plaines d’Abraham affirmant clairement notre existence, notre héritage et nos valeurs.

  Suivra la parade des drapeaux au sommet des édifices. Le port de Québec en est truffé, celui de l’édifice de la Douane au sommet de sa coupole, toujours bien éclairé et claquant au vent les soirs de spectacles à l’Agora du Vieux-Port, tout le complexe naval de Pointe-à-Quarcy avec ses mâts obliques en façade  sur Dalhousie… et si on monte sur la falaise, tous les belvédères de la terrasse Dufferin, la coupole de l’ancien Bureau ce poste,  le parc Montmorency et la porte Prescott dans la Côte de la Montagne où loge la statue de Louis Hébert, partout où il le peut,  le Canada pose sa marque. Le photographe Claudel Huot qui a produit trois albums à succès sur Québec dont nous avons signé les textes, un résident de la petite rue Champlain pendant des décennies nous confiait qu’il n’y a plus  un coin pittoresque de Québec qui n’arbore  pas dans sa perspective, un unifolié bien marquant l’espace.  Même l’Hôtel de Ville de Québec se soumet à cette vague et de plus en plus de commerces  manifestent  leur association  au pays de Sir Macdonald. Et les Plaines d’Abraham, au belvédère Grey par exemple, et la Citadelle et ses alentours, et la redoute Dauphine… Dix fois plus d’unifoliés que de fleurdelysés dans notre capitale. 

Mais l’affirmation symbolique du Canada la plus puissante du Canada dans  explose au bastion du Roy, voisin de la résidence du gouverneur général du Canada à la citadelle, le plus haut point topographique de la cité de Champlain. Un immense mât, doublé en hauteur  sous Jean Chrétien et Sheila Copps marque la Conquête  et la propriété de la ville à ce sommet. Un étendard qui crève le ciel de loin comme le font les conquérants de l’Everest. 

Il ne faut donc pas se surprendre si le gouvernement du Québec, même le plus tiède de l’histoire récente quant à la fierté identitaire, a fait montre d’un épiderme sensible dans l’abattage du mât au sommet du Musée national des Beaux-arts du Québec. Les Québécois souhaiteraient t sans doute que la nouvelle place des Canotiers et celle du Capitaine Bernier à Lévis au bord de l’eau  qui recevront   des milliers de visiteurs cet été, portent une double rangée de fleurdelysés, comme jadis, pour souhaiter la bienvenue au pays français et qu’une  haie d’honneur de mâts bleus  battant au vent nous accueille au temple de l’art sur les Plaines d’Abraham affirmant clairement notre existence, notre héritage et nos valeurs..

 

Michel Lessard, historien

Lévis

 

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