Faire du sport sans le savoir…

Stéphane Stapinsky

Chaque jour qui passe, les spécialistes de la santé, relayés par les médias, nous enjoignent de faire de l’exercice si nous souhaitons demeurer en santé, si nous voulons éviter de mourir du cœur, si nous ne voulons pas devenir obèse. Ce « conseil » est martelé sans relâche, dans les « talk shows » et les émissions scientifiques du monde entier. Loin de moi l’idée de m’inscrire en faux contre la validité dudit conseil. Pourtant, je m’interroge sur l’effet réel qu’il peut avoir sur les gens auxquels il s’adresse. Est-il si bien compris, si bien suivi? Il semble que non, puisqu’on doive le répéter sans cesse. Beaucoup de ces gens à qui on le destine n’ont-ils pas plutôt tendance à réagir par la négative à une recommandation si pressante ? Le fait de leur rappeler qu’ils « seront un jour malades, s’ils ne font pas de sport » n’est-il pas au bout du compte contre-productif?

Car le ressassement du même message a pour effet qu’on ne l’entend plus que comme une injonction, un mot d’ordre auquel nul saurait échapper. Le « Il est souhaitable que tu fasses du sport pour éviter des problèmes de santé » devient simplement un commandement, qui ne requiert plus aucune justification, un commandement « intransitif » : « Fais du sport… point» C’est peut-être ce qui explique, en partie (il y a certes bien d’autres raisons), les résultats mitigés de ces campagnes de promotion de l’activité physique, qui en appellent au volontarisme de tout un chacun. Car qu’on le veuille ou non, l’être humain, et a fortiori l’être humain de notre époque, l’homme de la démocratie libérale, l’individu narcissique, n’aime pas qu’on lui donne des ordres (même si, d’un autre côté, il se soumet aisément, au bout du compte, à bien d’autres diktats de la société – mais ça, c’est une autre histoire).

Celui qui, aujourd’hui, oserait dire qu’il n’aime pas le sport serait vu comme un hérétique, sinon un fou. Pourtant, dans son refus, il serait en excellente compagnie : « Déjà, Hippocrate déclarait que l’exercice présentait un risque cardiaque et que la condition d’athlète n’était pas naturelle. Six siècles plus tard, Galien pensait que les athlètes vivaient selon des préceptes contraires à l’hygiène et que leur mode de vie favorisait plus la maladie que la bonne santé. » (1)

Quoi qu’il en soit de ces vénérables personnages, c’est maintenant une opinion consensuelle de dire que le sport et l’activité physique sont bénéfiques à tous points de vue. Et, c’est un fait avéré, nous sommes de plus en plus sédentaires. Nous bougeons de moins en moins. En dépit de l’éclairage que donne au sport des événements comme les jeux olympiques, force est de constater que, dans l’existence de nos contemporains, l’activité physique fait maintenant partie « des rubriques facultatives de l’activité humaine » (2)

Un déséqulibre s'est produit 

Si nous en sommes arrivés là, c’est qu’un déséquilibre s’est produit. Si l’on voulait schématiser un peu, on dirait que, dans une société donnée, il y a une somme totale de dépenses physiques (toutes formes confondues) qui peuvent être faites. Autrefois, alors que la technologie était moins sophistiquée et répandue, une part plus importante de cette énergie dépensée physiquement l’était par les êtres humains eux-mêmes, à travers les efforts qu’ils déployaient, au travail et dans leur vie de tous les jours. Aujourd’hui, même si beaucoup de gens pratiquent des activités physiques, au total, nos vies sont de plus en plus statiques. La société de consommation, et les objets technologiques si utiles qu’elle nous procure (et les services d’autres personnes qu’elle nous permet de monnayer), a éliminé de nos existences la plus grande partie des efforts physiques que nos ancêtres faisaient. Qu’on pense seulement aux tâches ménagères, qui, dans un maisonnée du début du 20e siècle, pouvaient assurément contribuer à garder en bonne forme la maîtresse des lieux. Qu’on pense au transport aussi. L’histoire de mon arrière-grand-mère qui, toute jeune, à la fin du 19e siècle, marchait l’hiver plusieurs kilomètres sur un lac gelé afin de se rendre à l’école du rang était loin d’être unique chez nous à cette époque. Au total, toutes ces dépenses énergétiques mises bout à bout faisaient en sorte qu’on était sans doute plus actifs qu’aujourd’hui.

Une part importante de la dépense énergétique totale a donc depuis été transférée aux machines de toutes sortes qui nous entourent. L’extrait qui suit décrit assez bien ce qui constitue la trame de nos existences : 

« Aujourd’hui, nombre des commodités modernes, telles que voitures, motoneiges, souffleuses à neige, lave-linge et lave-vaisselle, ont rendu plus faciles les corvées domestiques quotidiennes et éliminé la plus grande partie des activités physiques. Il y a moins d’emplois qui nécessitent un travail physique. Pour beaucoup d’entre nous, la journée de travail se passe derrière un bureau. Le simple fait d’envoyer un courriel à un collègue (plutôt que d’aller lui parler à son bureau) vient encore réduire l’effort physique au travail. Et, quand vient le temps des loisirs, nous passons de plus en plus de temps devant un écran — télévision, ordinateur, iPad — et nous consacrons de moins en moins de temps aux activités physiques. » (3)

Ce déséquilibre, et la place croissante de la technologie dans nos vies, ne sont pas près de s’estomper. La robotisation est, comme on le sait, présentée par bien des futurologues comme la voie royale des prochaines décennies. Des experts du domaine prophétisent : « Il y aura des robots partout dans un futur proche : pour l’aide aux personnes âgées, l’assistance domestique, la surveillance des personnes et des biens… » (4) 

Je ne souhaite évidemment pas revenir au passé tel qu’il fut. Dans bien des domaines, nous avons pu, grâces au machines, libérer certains hommes du fardeau de tâches exagérément lourde ou répétitives.Non, ce qui m’intéresse ici, c’est d’examiner les effets de cette automatisation galopante des activités humaines sur la condition physique de nos populations. Une des raisons principales des problèmes actuels tient assurément au fait que de plus en plus d’activités professionnelles sont sédentaires. 

Les mutations du travail

C’est une lapalissade : le monde du travail a bien changé au cours des dernières décennies. Bien des métiers qui exigeaient auparavant une force physique certaine ou de l’endurance ont disparu ou se sont transformés. Par la grâce de la haute technologie, un nombre croissant de tâches, dans diverses industries, sont maintenant effectuées par des opérateurs assis devant un écran (5).

Quels sont ces métiers que nous avons perdus ou qui ont radicalement changé, métiers qui étaient de bonnes occasions, sans que ce soit le but visé, de faire de l’activité physique? On peut s’en faire une petite idée en consultant le site Genealogie.com (Les métiers d’autrefois :
http://www.genealogie.com/v2/genealogie-en-ligne/ancien-metier.asp). A peu près tous les secteurs de l’économie sont touchés. Prenons, par exemple, le métier de bûcheron, un travail dur qui a marqué l’imaginaire québécois. Aujourd’hui, la coupe des arbres est entièrement mécanisée, que ce soit au niveau industriel ou individuel (scie à chaîne). Lorsque j’étais enfant, on voyait souvent, à la devanture des maisons, l’écriteau suivant : « Pas de colporteur ». A l’ère d’internet, ce qui était autrefois un véritable métier, dans les campagnes notamment, existe-t-il encore ? 

Église de Saint-Adrien (France)

Auteur : Drackq, 2009. Source en ligne : Wikimedia Commons. Sous licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported, 2.5 Générique, 2.0 Générique et 1.0 Générique.


J’écoutais l’autre jour un épisode des Brigades du Tigre (pas le film sinistre qui a été fait il y a quelques années, mais la série-culte des années 1970, avec la fine fleur des acteurs français de l’époque). Dans cet épisode, le premier, on voyait le commissaire Valentin, interprété par l’excellent Jean-Claude Bouillon troquer son vélo, avec lequel il pourchassait avec bien peu de succès il faut le dire, les cambrioleurs et autres apaches, pour une rutilante voiture faisant partie de la flotte des nouvelles brigades mobiles créées par Georges Clemenceau, alors ministre de l'Intérieur.

Dans un autre autre article de ce dossier, j’évoque les transformations récentes dans le domaine de la poste, où la technologie occupera désormais le premier plan. Au Canada, on entend en effet supprimer, au cours des prochaines années, la livraison du courrier par les facteurs, en la remplaçant par celle de camions qui vont apporter le courrier à des boîtes postales collectives installées un peu partout. 

Bien sûr, tous ceux qui autrefois pratiquaient ces métiers pénibles verraient sans doute d’un bon œil cet allègement de leur fardeau. Mais, du point de vue qui est le mien, à savoir le bilan de la dépense énergétique qu’implique l’activité physique, le solde demeure négatif.

On connaît depuis belle lurette les conséquences, sur le plan de la santé publique, de cette sédentarité croissante : 

 « Au XIXe siècle, les premiers travaux scientifiques, réalisés en 1843 à Londres, montraient que les taux de mortalité de personnes sédentaires étaient plus élevés que ceux de travailleurs physiquement actifs. Au début des années 1950, des auteurs comparant 30 000 chauffeurs de bus (supposés peu actifs physiquement) à 20 000 contrôleurs supposés actifs trouvaient que ces derniers étaient moins exposés à la survenue d’infarctus du myocarde. Dès la fin des années 1980, un nombre conséquent de travaux semblent conforter la relation entre activité physique et mortalité prématurée moins élevée (toutes causes confondues). » (6)

Travail "intellectuel, sédentarité et obésité

Les autorités sanitaires de nos pays le constatent : « (…) l’accroissement du travail sédentaire tend aujourd’hui à priver une majorité d’individus d’une stimulation physique nécessaire à leur santé et leur bien-être. » (7)

Les chercheurs québécois Angelo Tremblay et Jean-Philippe Chaput, du Service de médecine sociale et préventive de l'Université de Laval de Québec, se sont penchés tout récemment sur le risque accru d’obésité, qui est l’une des conséquences majeures de cette sédentarité. L’intérêt de leur réflexion est qu’ils situent le problème non seulement par rapport à l’évolution technologique de nos sociétés, mais également par rapport au processus de mondialisation en cours depuis quelques décennies. Ils s’attachent tout particulièrement aux effets induits par ce qu’on appelle l’économie du savoir. 

Leur démarche est originale et les résultats qu’ils ont obtenu sont très éclairants : « Le travail intellectuel (« du savoir ») représente un fleuron de l’activité humaine dans un contexte de modernité et [il] constituera vraisemblablement la pierre d’assise de la compétitivité économique dans un environnement dominé par les règles de la mondialisation. Pour le physiologiste, cette modalité du travail se distingue du travail physique, notamment en ce qui a trait aux cellules corporelles qui la supportent et au(x) substrat(s) que ces cellules utilisent. Il est en effet bien établi que les neurones qui sont sollicités par le travail intellectuel utilisent le glucose comme seul substrat énergétique dans des conditions d’alimentation normale. Ceci contraste avec les cellules musculaires qui produisent le travail physique et qui constituent le principal site d’oxydation des acides gras dans l’organisme humain. » (8) 

Leur constat préliminaire, qui peut étonner, est que « le travail intellectuel (du savoir) est une activité sédentaire particulière dont les effets ressemblent à ceux du stress neurogénique et qui sont susceptibles de favoriser l’hyperphagie. » Autrement dit, le travail intellectuel (au sens large du terme), le travail qui ne requiert pas de manière prépondérante de capacités physiques, qui ne met pas en jeu d’efforts physiques importants, implique bien souvent un certain stress qui a pour conséquence que l’individu aura tendance à manger davantage et à prendre du poids. Selon nos chercheurs, ce « gain de masse grasse pourrait devenir nécessaire au maintien de l’homéostase psychologique » dans le nouveau contexte très compétif de l’économie contemporaine.

 

Étudiants du cégep de Saint-Hyacinthe assistant à un cours d'informatique

Auteur : MCPearson, 9 mai 2013. Source en ligne : Wikimedia Commons. Disponible selon les termes de la licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée)

 

Tremblay et Chaput précisent ainsi leur pensée :

 « La mondialisation des marchés impose une pression accrue envers la performance, la productivité et le profit des entreprises. Puisque cette réalité est de plus en plus susceptible de se concrétiser dans un contexte économique du « savoir », il est vraisemblable que l’être humain sera désormais exposé à des stimuli qui s’apparentent davantage au stress neurogénique qu’à une grande sollicitation physique, comme cela pouvait être le cas par le passé. » (9)

Pour eux, il s’agit d’une transformation déterminante :

 « À notre avis, ceci marque un tournant dans l’évolution de l’humanité relativement à la nature des stimuli influençant le bilan d’énergie et auxquels les individus sont majoritairement exposés dans un contexte de vie habituel. » (10)

Ils concluent de manière saisissante : « En fait, les travaux de recherche de notre équipe suggèrent que ces nouvelles façons de faire [sur le plan économique], en plus de promouvoir la sédentarité, contribuent à l’influence accrue de stimuli favorisant un bilan calorique positif et le phénomène de surpoids à plus long terme. Ce phénomène est tellement émergent qu’il incite à considérer que le surpoids deviendra le profil morphologique habituel d’une personne pleinement engagée dans un mode de vie typique de ce qui est favorisé par la mondialisation. » (c’est nous qui soulignons)

On retrouve là un paradoxe bien présent au cœur de notre société contemporaine. Paradoxe qui alimente le cynisme de bien des gens. D’un côté, on nous répète sans cesse de faire du sport, de bouger, de l’autre, on nous dit qu’il faut nous adapter à la nouvelle économie, à un système technicien qui cherche au bout du compte à nous dégager de tout effort physique, on pousse sans cesse aux gains de productivité, par l’accélération de la cadence de travail et par la robotisation, ce qui génère un stress supplémentaire chez les individus.

On constate de plus en plus une césure entre toute ce qui concerne l’activité physique et le monde du travail (sauf, bien sûr, pour les métiers qui exigent encore des qualités physiques). En effet, l'activité physique, aujourd’hui, peut être faite qu’en dehors du travail, elle est de l’ordre du loisir, de la vie personnelle. Bien sûr, on me rétorquera que certaines grandes entreprises, notamment les grandes firmes du High Tech, offrent toutes les commodités à leurs employés (gymnase, appareils spécialisés, etc.) afin qu’il puissent conserver la forme. C’est vrai, mais, d’une part, cela se distingue toujours du travail lui-même, qui demeure « intellectuel ». Et, de l’autre, on ne peut pas ne pas voir l’aspect intéressé de la chose. On ménage sa monture si on veut qu’elle serve… Par ailleurs, les mêmes entreprises n’hésitent pas non plus, pour la même raison, à faire un usage extravagant de la technique. Ainsi Google, et ses fameux autobus privés et luxueux, qui amènent les jeunes « techies » au service de la firme de San Francisco à la Silicon Valley, tout en leur permettant de travailler en route pendant de précieuses minutes supplémentaires…

Ce que les moines peuvent nous apprendre

Il nous faut impérativement prendre un peu de recul si nous voulons y voir plus clair. Lorsque je réfléchis à des questions sérieuses, j’aime bien convoquer les moines, car il y a souvent, dans ces micro-sociétés que furent les communautés monastiques, bien plus de sagesse pratique et de connaissance de l’être humain, que dans les départements de psychologie des plus prestigieuses universités.

La vie des moines témoigne en effet d’une réflexion très fine des rapports entre activité et contemplation. Et par activités, il faut entendre aussi bien travail manuel que travail intellectuel et la place accordée à la prière.

Dans l’antiquité grecque, Hannah Arendt et bien d’autres l’ont rappelé, le travail manuel était totalement dévalorisé. C’était en fait le domaine propre des esclaves. Il semble aujourd’hui que nous soyons revenus, de ce point de vue, à l’antiquité : il faut à tout prix éliminer le travail manuel des hommes, celui qui implique une activité physique, et valoriser au premier chef un certain travail « intellectuel », notamment sous la forme du savoir informatique (et non de la contemplation philosophique, comme l’aurait voulu Aristote). Ce travail manuel de bas-étage, on voudrait le confier entièrement à de nouveaux « esclaves » plus productifs que les hommes, les robots, chez qui, il ne trouvera vraisemblablement pas de nouveau Spartacus (sauf dans les scénarios apocalyptiques des films de science-fiction).

Ce qui m’a toujours fasciné chez les moines chrétiens, c’est l’équilibre de leur vision des diverses dimensions de l’être humain, et le fait qu’ils valorisent, au contraire des penseurs de l’antiquité grecque, les travaux manuels. Au chapitre 48 de la règle de saint Benoît, on peut lire, par exemple, que : « L’oisiveté est ennemie de l’âme. Les frères doivent donc à certains moments s’occuper au travail des mains, et à d’autres heures fixes s’appliquer à la lecture des choses de Dieu ».(11)

Les moines ont-il déjà participé aux jeux olympiques ? Ont-ils organisé des clubs sportifs ? À ma connaissance, non. Mais en avaient-ils besoin, puisque les travaux manuels que prescrit leur règle, que ce soit dans l’aménagement ou l’entretien des bâtiment, dans la fabrication de produits artisanaux ou dans l’agriculture, leur donnaient bien des possibilités de se mettre en forme ?

Quand monsieur Jourdain pointe le bout de son nez...

Ces considérations nous ramènent à notre point de départ.

Osons une hypothèse : si les injonctions à faire du sport, que nous évoquions plus haut, restent le plus souvent lettre morte, n’est-ce pas parce que cette promotion du sport faite d’une manière « intransitive », c’est-à-dire pour le sport lui-même – ou qu'elle sert des fins strictement instrumentales? N’est-ce pas parce que les gens n’arrivent pas à les intégrer tout naturellement dans leur vie.

Enfant, nous aimions faire du sport, jouer au hockey ou au ballon, car c’était aussi l’occasion de jouer avec nos amis. Le fait de rencontrer nos camarades était le plus important, et le sport venait par surcroît. 

Les travailleurs d’autrefois, qui peinaient à la tâche, acquéraient peut-être par là une certaine forme physique. Les moines, par leurs travaux manuels, faisaient de même. Dans chaque cas, l’activité physique n'est pas le but visé. Dans le premier cas, elle est intégrée au travail, dans le second, liée à la contemplation de la nature et à la prière.

ll n’y a rien de plus sinistre que ces gens, au corps orgueuilleux, qu’on voit, à la vitrine des centres sportifs, pédaler à plein régime ou marcher sur un tapis roulant à la recherche de je ne sais quoi. Ils sont la quintessence de l’« intransitivité » du sport. Ils sont semblables à ces personnes qui se réunissent pour rire, sans autre motif que l’action de rire, pour exercer le mécanisme physique du rire. Sans que l’esprit y ait sa place.

Si le conditionnement au sport ne marche pas, pourquoi ne pas essayer autre chose? L’idéal ne serait-il pas de faire, comme monsieur Jourdain de la prose, de l’activité physique « sans le savoir », sans avoir l’air d’en faire ?

Notes

(1) Yves Lecarpentier et Jean-Louis Hébert, « Mort subite et exercice physique », Actualité et dossier en santé publique (adsp) (Haut Conseil de la santé publique, France), n° 67, juin 2009, p. 49 -- http://www.hcsp.fr/explore.cgi/telecharger?nomfichier=ad674951.pdf

 (2)  Angelo Tremblay et Jean-Philippe Chaput, « Promotion de l’activité physique au Québec : lutte contre l’obésité dans un contexte
de mondialisation », Activité physique - Contextes et effets sur la santé - Expertise collective de l'Inserm, 2008 -- http://www.inserm.fr/mediatheque/infr-grand-public/fichiers/thematiques/sante-publique/expertises-collectives/activite-physique-2008

(3) Les voies du mieux-être : vie moderne, Yukon - Santé et affaires sociales -- http://www.yukonwellness.ca/fr/lifetoday.php#.uvmbkux8lyw

(4) Les propos rapportés sont de Bruno Maisonnier - cités par Catherine Panassier, La robotique d’assistance : un véritable
secteur d’avenir ?
, Trajectoires – Reflex, février 2011 - Direction de la Prospective et du Dialogue Public, Ville de Lyon, France -- http://www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/robotique_assistance_01.pdf

(5) Dans l’univers des nouvelles technologies, le travail physique ne disparaît pas totalement, du moins pas encore. Les robots ne peuvent pas tout faire… Et lorsque ce travail manuel existe au sein des entreprises high tech, il est souvent bien plus aliénant, pour le travailleur, qu’il pourrait l’être dans un contexte plus traditionnel. La technologie permet en effet d’exercer un contrôle absolu des gestes et des performances de l’employé, soumettant ce dernier à une pression considérable.

L’exemple le plus médiatisé d’un telle firme tenant en laisse ses employés est Amazon. Jean-Baptiste Malet, qui a publié récemment un ouvrage fait à partir d’une enquête en immersion dans l’entreprise de Jeff Bezos, décrit bien les conditions de travail pénibles et stressantes auxquelles doivent se soumettre ses salariés : « La spécificité d’Amazon, c’est son organisation interne impitoyable pour l’humain, élaborée à partir de son infrastructure informatique, avec ses bornes wi-fi disséminées partout, ses caméras de surveillance, son contrôle total de l’individu, de la productivité ainsi que son paternalisme maison très idéologique. La spécificité d’Amazon, c’est que son infrastructure informatique complexe a pour objectif d’exploiter à outrance la machine qui réalise les opérations les plus complexes des entrepôts : l’être humain. Beaucoup bavardent à propos de la robotisation future d’Amazon. Seulement pour l’heure, l’exploitation d’intérimaires est beaucoup, beaucoup plus rentable. D’autant qu’à la différence d’un robot, un intérimaire ne se remplace pas quand il est cassé. Amazon le congédie et il est immédiatement remplacé par un autre chômeur. » Il évoque ici son expérience : « Je travaillais en équipe de nuit. La prise de poste se faisait à 21h30 et le “shift” se terminait à 4h50. Officiellement, selon l’agence d’intérim, je marchais plus de 20 km par nuit – en réalité, selon les syndicalistes, ce chiffre est plus élevé. J’ai été embauché au poste de “picker” dont la fonction est d’aller chercher la marchandise réceptionnée par les “eachers” et rangée par les “stowers” dans les rayonnages des immenses hangars, puis de l’amener à un “packer” chargé de les emballer. Il doit rester debout. Il n’est pas autorisé à s’asseoir. L’appareil électronique, la scanette qui permet d’identifier la marchandise, est géo-localisable. Les contremaîtres peuvent ainsi surveiller à quel endroit un “picker” se trouve dans l’entrepôt. Plusieurs fois par nuit, il vient vous informer de votre taux de productivité, enregistré en temps réel. Si un salarié ne respecte pas la cadence, les sanctions peuvent aller jusqu’au licenciement. » (« Amazon n’est pas une simple multinationale, c’est un modèle de société liberticide ». Entretien avec Jean-Baptiste Malet. Recueilli par David Doucet. Les Inrockuptibles, 4 décembre 2013 – https://www.lesinrocks.com/2013/12/04/actualite/amazon-nest-pas-simple-multinationale-cest-modele-societe-liberticide-11450380/)

(6) 8. Effets sur la mortalité, Activité physique - Contextes et effets sur la santé - Expertise collective de l'Inserm, op. cit., p. 175. 

(7) Activité physique, un effet bénéfique sur la santé - Activité physique, Inserm -- http://www.inserm.fr/thematiques/sante-publique/dossiers-d-information/activite-physique 

(8) Tremblay et Chaput, op. cit.

(9) Ibid.

(10) Ibid.

(11) Voir ce document : http://www.anis-flavigny.com/pdf/p3b.pdf

 

 

 




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