Voyager en dépit du terrorisme
Devant la menace du terrorisme, les voyagistes s'adaptent et proposent de voyager pour comprendre!
Kidnappings et attentats, le tourisme est-il une potentielle bombe à retardement? Intervention américaine en Irak, SRAS en Asie orientale, enlèvements en Colombie ou en Algérie, attentats un peu partout, pour le voyageur contemporain, le trosième millénaire a mal commencé! Mais en dépit de ce pessimisme ambiant qui conduit le nomade fragilisé à se sédentariser d'urgence, le tout-sécuritaire n'est pas encore la tasse de thé du voyageur qui s'est fixé pour objectif de découvrir le monde. Ni même pour le vacancier qui refuse de céder son "droit" de repos, exotique de préférence. Si le terroir est plus que jamais à la mode, certains touristes ne se découragent pas, et comme le souligne le rédacteur en chef de Géo, Jean-Luc Marty, parlant d'une année de reportages publiés dans son magazine: "c'est heureusement, la preuve qu'il existe toujours des voyages jamais faits, des paysages jamais vus, des chemins de traverse incroyables, même dans des pays sous tension" ( dans Géo, décembre 2003, éditorial). On peut ne pas partager cet optimisme. Certains voyagistes, rebaptisés "agences tous risques", à l'instar de Cosmopolis, entonnent un credo plutôt encourageant: "Voyager pour comprendre". Le problème commence lorsque ce tourisme de proximité d'un genre assez nouveau combine les visites avec les rencontres avec des personnalités. Ainsi, en 2002, lors d'un voyage en Irak encore sous le règne du Raïs, une rencontre avec le numéro deux du régime, Tarek Haziz, transforma le voyage touristique en voyage officiel avec son cortège de voitures ministérielles! Lorsque le touriste en vient, bon gré, mal gré, à se compromettre de la sorte avec les tenants d'un régime dictatorial, on ne peut guère s'étonner que la population qui subit de plein fouet la terreur au jour le jour soit si peu disposée à "aimer les touristes" et le tourisme en général. D'aucuns iront, pacifiquement ou non, et le plus logiquement du monde, se révolter à la première occasion donnée. Quand les voyageurs consultent le site Internet du ministère des Affaires étrangères qui mentionne les pays à risques, ils devraient garder en mémoire que parfois le tourisme, par son arrogance et sa prétention, fomente et instaure son propre boycott (p. 328-329).