Noël, l’incarnation, l’IA
Les leçons d'un échec
Il y a quinze ou vingt ans, peut-être plus, quand l’usage du mot intelligence appliqué aux ordinateurs ou l’équivalent s’est généralisé, j’ai éprouvé le besoin de partir en guerre contre cette pratique. Elle dénaturait à mes yeux l’un des mots qui aident le mieux l’être humain à se situer dans le monde. L’intelligence humaine n’est pas une machine séparée de ses objets comme un filtre, mais une faculté incarnée, un organe oserai-je dire, si intimement lié à l’ensemble du corps qu’on pourrait le comparer à un arbre dont les mots seraient les fruits. J’allais perdre cette guerre, c’était de l’ordre de l’évidence, mais il me paraît aussi plus évident que jamais que les conséquences de ce contre-sens, qui est aussi un contre-les-sens, a déjà des conséquences funestes dont une désincarnation telle que l’homme ressemble de plus aux machines auxquelles il a attribué sa qualité la plus distinctive.
Embodied cognition (Cognition incarnée)
L’idée que l’IH (intelligence humaine) fonctionne comme un ordinateur semble être devenue à ce point la norme qu’on a cru nécessaire de créer un nouveau mot pour désigner la vieille intelligence perdue : cognition incarnée. «Cette approche met l'accent sur le fait que la cognition implique généralement d'agir avec un corps physique dans un environnement dans lequel ce corps est immergé. » On croit relire Aristote et saint Thomas : «rien dans l’intelligence qui n’ait d’abord passé par les sens.»
(Embodied cognition :This approach emphasizes that cognition typically involves acting with a physical body on an environment in which that body is immersed. Google)
On me permettra donc de rassembler ici quelques-uns des articles consacrés à ce sujet sur le site de l’Agora.
https://agora.qc.ca/documents/les_mots_transfuges-2
https://agora.qc.ca/documents/le_corps_intelligent
https://agora.qc.ca/documents/la_resurrection_des_mots
https://agora.qc.ca/documents/hommes_femmes_abstraction_incarnation_intelligence_artificielle