Quête du sacré
La recherche du sacré dans le voyage, une expérience réelle ou une occasion de prendre des libertés avec les règles de la vie normale?
Le sacré "classique" est en baisse très nette dans notre société mais réapparaît sous une forme "sauvage" déjà entrevue par Roger Bastide (1975). On retrouve également ce sacré au travers d'une structure altérée et laïque dans le tourisme et l'évasion vers des horizons autres. Le tourisme est ici perçu comme le symbole par excellence de la liberté sociale, une perception qui voit germer des rituels d'inversion tels que: le "civilisé" devient "indigène", le stress se transforme en repos, et l'inquiétude en quiétude, la ville est délaissée au profit de la campagne, les restrictions et les tabous sexuels font place au fantasme de la liberté sexuelle autorisant tous les excès... Le temps de l'errance est aussi le temps de la déviance. Graburn, qui distingue également le tourisme "de vacances" de celui "d'épreuves", de même que Urry, prolongeant tous deux l'analyse sur l'expérience non ordinaire de Durkheim, dans Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912), ont tenté d'appliquer ce qui vaut pour le sacré au tourisme: le voyage étant ce temps et cette expérience non ordinaires précédant et succédant à l'ordinaire de l'avant-départ et de retour. On discerne en fait une coupure très nette entre le temps du voyage et le temps "normal", entre l'exception et la règle. Tout en sachant que c'est toujours d'une certaine manière l'exception qui fait la règle, et dans le cas précis du voyage l'exception qui fait mieux accepter la règle.