De la médecine médiévale à la médecine contemporaine
La séparation de la tradition et de la science, indispensable au progrès, ne s'est pas faite avant le XIXe siècle.
Entre 1500 et 1800, pour ce qui est de la santé et de la médecine, le Moyen Âge et la modernité sont encore mêlés l'un à l'autre. Vésale établira définitivement les assises de l'anatomie au XVIe siècle, tout en demeurant néanmoins fidèle à Galien, même quand il le corrigeait. Quand Galien se trompe, écrit-il, je le signale, et pourquoi pas? Lui-même ne s'est-il pas souvent trompé quand il avançait dans la connaissance? En s'inspirant de Galien, qui n'avait disséqué que des animaux, et imaginé le corps humain à partir de cela, Vésale, qui pourtant avait osé disséquer des cadavres humains, a fait d'ailleurs quelques erreurs.
C'est qu'il oscillait entre le pôle de la science et celui de la tradition et cette oscillation est caractéristique de son époque. Dans quelle mesure était-elle due à l'autorité de l'Église, qui défendait énergiquement la tradition, ou à une sincère admiration des Anciens, il est difficile de le dire. Mais il est clair que de 1500 à 1800, la doctrine de Galien a toujours suscité de l'admiration, même et peut-être surtout chez les plus grands. La révolution, la rupture se fera au XIXe siècle, où l'on ne conservera de respect que pour ceux en qui on reconnaissait des précurseurs : Ambroise Paré pour la chirurgie, Vésale pour l'anatomie, Harvey pour la circulation du sang et plus tard Haller pour la physiologie.
Le changement des mentalités
Entre 1500 et 1800, les lettres et les arts ont sans doute, par rapport aux sciences, plus d'importance proportionnellement qu'à la fin du XIXe siècle. Dans chacun de ces deux domaines, il y eut de nombreux événements qui étaient destinés à avoir une influence déterminante sur l'avenir de la santé et de la médecine. Par exemple, l'architecture et l'urbanisme, suite à la découverte de la perspective, ont hâté l'avènement des larges avenues, qui seront plus tard l'une des conditions de l'hygiène. Certains artistes ne se contentèrent pas de s'intéresser indirectement au progrès des connaissances médicales. Ils y contribuèrent de façon géniale. Léonard de Vinci, en plus de dessiner le foetus dans le corps de la mère, écrivit ce qui suit : « Alors que l'homme a en lui des os qui sont le soutien et la charpente de sa chair, le monde a les pierres qui sont le support de la terre ».