L'effet placebo et l'évaluation des traitements

Jacques Dufresne
L'évaluation des traitements se fait selon une méthode rappelant celle qui a conduit Semmelweis à la guérison des fièvres puerpérales. Soit un groupe de X personnes atteintes de la même maladie. On attribue un numéro à chacune de ces personnes. On divise ensuite le groupe en deux en choisissant les numéros au hasard. Le premier groupe reçoit le traitement A, le second groupe le traitement B. Après un temps Y, qui varie selon les maladies, on est en mesure de se prononcer sur l'efficacité relative de chacun des deux traitements. Au cours des années cinquante, le célèbre épidémiologiste A. L. Cochrane73 a appliqué cette méthode à des personnes souffrant de maladies cardiaques. L'un des groupes formés a été traité à la maison, l'autre, aux soins intensifs. C'est le groupe traité à la maison qui s'en est le mieux tiré.

    Dans les conditions idéales, ni les médecins, ni les malades ne savent qu'ils sont engagés dans une telle expérience. On parle alors d'étude à double insu. Il existe une autre variante de la méthode qui consiste à utiliser un placebo dans l'un des deux groupes. Placebo est un mot latin signifiant je plairai, que l'on utilise pour désigner l'action bienfaisante de facteurs inconnus. Voici comment l'un des maîtres de la médecine psychosomatique contemporaine, l'Anglais M. Balint, conçoit l'effet placebo: "Le médicament de beaucoup le plus fréquemment utilisé en médecine générale était le médecin lui-même... Dans aucun manuel il n'existe la moindre indication sur la dose que le médecin doit prescrire de sa propre personne, ni sous quelle forme, avec quelle fréquence... Il est plus inquiétant encore de constater l'absence complète de littérature sur les risques possibles d'une telle médication".74



    Notes:

    73. L. COCHRANE, Archibald, L'inflation médicale, réflexions sur l'efficacité de la médecine, Paris, Éditions Galilée, 1977.
    74. Cité dans DAGOGNET, François, op. cit. p. 31.

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