Les enterrements civils

Victor Hugo
Oh! certes, je sais bien, moi souffrant et rêvant
    Que tout cet inconnu qui m'entoure est
    vivant,
    Que le néant n'est pas et que l'ombre est
    une âme.
    La cendre ne parvient qu'à me prouver la flamme.

    * * * *

    Faire voir clairement le ciel, l'éternel port,
    La vie enfin, c'est là le succès de la mort;
    Oh! certes je voudrais qu'au ténébreux
    passage
    Mon cercueil, esquif sombre, eût pour
    pilote un sage,
    Un pontife, un apôtre, un auguste songeur,
    Un mage ayant au front l'attente, la
    rougeur
    Et l'éblouissement de la future aurore;
    Je voudrais qu'à la fosse où meurt le rien
    sonore
    Un sénateur du vrai, du réel, un magnat
    Du Sépulcre, un docteur du ciel
    m'accompagnât;
    Oui, je réclamerais cette sainte prière!
    Devant la formidable et noire fondrière.
    Oui, je trouverais bon que pour moi, loin
    du bruit,
    Une voix s'élevât et parlât à la nuit!
    Car c'est l'jeure où se fend du haut en bas
    le voile,
    C'est dans cette nuit-là que se lève l'étoile!
    Je voudrais, et rien ne me serait meilleur
    Qu'une telle prière après un tel malheur
    (...)
    Puis, interrogeant Dieu au sujet du prêtre
    «Est-ce qu'il est ton prêtre? Est-ce qu'il sait
    ton nom?
    Je vois Dieu, dans les Cieux, faire signe
    que non».

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