L'intégration du Canada aux États-Unis
Au cours des 40 dernières années, le Canada a tenté de se définir comme un pays plus amène que les États-Unis. Cela s'est d'abord traduit par un système de santé public universel pour ensuite déboucher sur un processus consistant à s'emparer de l'argent de ceux qui l'ont gagné pour le distribuer, en échange de leurs votes, plus ou moins explicitement, à ceux qui ne l'ont pas gagné.
Les conséquences étaient prévisibles: le dollar canadien valait 1.04 $ américain il y a quarante ans, il vaut aujourd'hui 0.64 $ américain. Nous étions la nation la plus riche du monde après les États-Unis, nous sommes maintenant au 18é rang.[...] Il n'y a pas de renversement de cette politique à l'horizon. En l'absence d'un tel renversement, un futur président américain populaire, un Roosevelt ou un Kennedy, offrira une solution à la Helmuth-Kohl: la parité entre le dollar canadien et le dollar américain, en échange de l'intégration du Canada aux États-Unis. Cela enrichirait considérablement les Canadiens et pour les Américains, ce serait une seconde naissance géopolitique."
Tout avait commencé dans le Washington Post en septembre 2000 par un article signé Steven Pearlstein et intitulé O!Canada, a Nation Swan song: les échanges économiques entre le Canada et les États-Unis, notait Pearlstein sont désormais plus importants que les échanges entres les régions du Canada, les Canadiens investissent de plus en plus dans les entreprises américaines, 80% des Canadiens parlent la même langue que les Américains, écoutent les mêmes émissions de télévision. À l'appui de son hyptohèse, Steven Pearlstein a cité d'éminents Canadiens qui s'étaient réunis au Royal York Hotel de Toronto.
Le National Post de Toronto a répliqué le lendemain sur un ton donnant à entendre que le nationalisme est en train de renaître dans ce Canada anglais dont on croyait qu'il s'en était à jamais éloigné. The 51st state& Neve!
Dans le numéro de juillet 2000 de notre magazine L'Agora, intitulé Fusions et confusion, nous avions soulevé la question de la souveraineté du Canada. Au rythme où vont les choses, disions-nous, le prochain référendum sur la souveraineté du Québec devra être précédé d'un référendum sur la souveraineté du Canada.
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La position du Globe and Mail
Le lundi 11 septembre 2000, l'éditorial du Globe and Mail était consacré à la question de l'intégration du Canada aux États-Unis. Le Globe réagissait à la fois à l'article de Pearlstein dans le Washington Post et à la déclaration de l'ex-premier ministre canadien Brian Mulroney réclamant une union américaine analogue à l'union européenne. Monsieur Mulroney rêve du jour où les frontières entre le Canada et les États-Unis seront aussi ouvertes que les frontières entre les pays européens. L'article du Globe and Mail commence ainsi: «Réfléchissant sur la tendance anti-américaine dans le patriotisme canadien, Sir John A. Macdonald notait que "tout homme d'état américain convoite le Canada." Il n'avait pas envisagé la possibilité de la question inverse.» Dans la suite de l'article, on analyse, avec une étonnante objectivité les avantages et les inconvénients d'une plus grande intégration du Canada aux États-Unis.
La philosophie au service de l'empire
Chaque empire a ses philosophes. Des penseurs qui célébraient l'attachement à la cité grecque traditionnelle ne pouvaient plaire aux Romains; ces derniers préféraient ceux qui proposaient comme idéal le cosmopolitisme, l'équivalent de l'internationalisme d'aujourd'hui. De même les Américains, dans la mesure où ils sont impérialistes, n'aiment guère les penseurs attachés aux nations et aux cultures; ils préfèrent la philosophie libérale à la mode, centrée sur les droits individuels. Ils y trouvent une justification de leurs intérêts.
Voici un article intitulé Rights for people, not for cultures. Paru d'abord dans la revue Civilization, organe de la Library of Congress, puis dans le National Post de Toronto, cet article illustre bien la contribution des philosophes "officiels" au grand projet d'intrégration du Canada aux États-Unis.