Pour celle qui vit à mes côtés
- C’était en juin dans le jardin;
C’était notre heure et notre jour
Et nos yeux regardaient, avec un tel amour,
Les choses,
Qu’il nous semblait que doucement s’ouvraient
Et nous voyaient, et nous aimaient
Les roses.
Le ciel était plus pur qu’il ne le fut jamais.
Les insectes et les oiseaux
Volaient dans l’or et dans la joie
D’un air frêle comme la soie;
Et nos baisers étaient si beaux
Qu’ils exaltaient et la lumière et les oiseaux.
On eut dit un bonheur qui tout à coup s’azure
Et veut le ciel entier pour resplendir;
Toute la vie entrait par de douces brisures
Dans notre être, pour le grandir.
Et ce n’était que cris invocatoires
Et fous élans, et prières et vœux;
Et le besoin, soudain, de recréer des dieux
Afin de croire.
- Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues;
L’élan qui t’emporte à nous aimer, plus fort, toujours,
Bondit et rebondit, sans cesse et sans fatigue,
Toujours plus haut, vers le grand ciel de notre amour.
Un serrement de mains, un regard doux t’enfièvre
Et ton cœur m’apparaît si soudainement beau
Que j’ai crainte parfois de tes yeux et tes lèvres
Et que j’en sois indigne et que tu m’aimes trop.
O ces claires ardeurs de tendresse trop haute,
Pour le pauvre être humain qui n’a qu’un pauvre cœur
Tout mouillé de regrets, tout épineux de fautes,
Pour les sentir passer et se résoudre en pleurs.