Gestion par bassins versants

Claude Villeneuve
Ne fais pas boire à ton voisin l'eau que tu ne voudrais pas boire toi-même.
«Une gestion par bassins versants signifie utiliser l'eau pour satisfaire nos besoins, mais aussi la remettre en état avant de la renvoyer dans l'environnement de façon à ce que les prochains utilisateurs, qu'ils vivent en aval ou qu'ils ne soient pas encore nés, puissent aussi jouir des bienfaits d'une eau propre et abondante. C'est l'ensemble des utilisateurs d'un bassin versant défini qui a la responsabilité de gérer la ressource et qui est responsable de la qualité de l'eau en tous point du réseau hydrographique. L'unité de gestion étant une unité écologique, le bassin versant d'une rivière, d'un fleuve ou même d'un ruisseau, l'ensemble des utilisateurs de cette eau étant tenu de faire le compte de ses impacts sur la qualité de l'eau et de payer pour la remise en état de la ressource avant de la remettre en circulation, la gestion assure à ceux qui sont en aval une qualité de l'eau comparable à celle qui a été utilisée en amont. Les choix de «qui doit payer quoi» doivent être faits à l'échelle locale. Ce qui fait qu'il faut un consensus social pour polluer ou détériorer la ressource.

Nous devons modifier donc nos attitudes envers l'eau dans les années qui viennent. Elle n'est pas une ressource infinie, même si elle se renouvelle. Nous devrons accepter d'en payer le juste prix y compris pour la remettre en état après l'avoir utilisée. Nous devrons apprendre à appliquer le principe du pollueur-payeur mis de l'avant par Platon il y a plus de 2 000 ans pour imputer les responsabilités à ceux qui sont réellement responsables. Nous devrons enfin apprendre à gérer l'eau régionalement, par bassins versants, afin qu'elle devienne facteur d'unité plutôt que de discorde.

La responsabilisation des utilisateurs de l'eau dans une même unité écologique peut aussi être un facteur d'amélioration globale de l'environnement. Une telle législation pourrait s'appliquer à la dégradation des milieux humides ou à leur réhabilitation éventuelle et permettrait de mettre sur pied les éléments d'une comptabilité environnementale. Enfin, le suivi des espèces fragiles, comme les salmonidés ou les insectes d'eau oligotrophes, pourrait être utilisé comme indicateur de la qualité globale de la gestion des écosystèmes.»

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