Une inspiration pour l'école de notre temps

Jacques Dufresne
Compte tenu de la diversité de notre société, il serait vain de tenter de trouver une source d'inspiration unique. Tout effort vers l'unité en cette matière ne peut aboutir qu'à un consensus insignifiant, comme celui que propose la Commission des États généraux. Une inspiration élevée et cohérente ne pourra prendre racine ou se renouveler que dans une institution ou un petit réseau. L'État central ne saurait être la source d'une telle inspiration. Il peut seulement favoriser les conditions de son émergence, en protégeant l'autonomie des institutions plutôt qu'en la limitant à son profit. Les écoles Waldorf, inspirées par la vision du monde de Goethe, telle que Rudolf Steiner l'a interprétée, offrent un exemple intéressant d'une inspiration touchant un petit réseau d'institutions. Steiner, diront certains, est à la limite du sectarisme et son interprétation un peu rigide de la philosophie de Goethe est discutable. Le temps jugera les écoles Waldorf. S'il en surgit de meilleures également centrées sur l'art et la nature, elles s'imposeront à leur place.

    Nous voulons ici, après avoir assigné une fin à l'éducation, proposer une définition précise des grands termes vagues (formation, valeurs, culture) de l'Exposé de la situation, et présenter une vision de l'homme et du monde susceptible de susciter un enthousiasme fécond et durable dans une école de notre temps. Un idéal élevé doit toujours s'accompagner d'un grand respect du réel. Aucun idéal de cette nature ne peut se déployer dans un contexte où l'on est coupé du réel. Or le contexte actuel nous coupe du réel en nous incitant à penser que les hommes naissent bons, égaux et libres. Il faut d'abord dissiper cette triple illusion, non sans avoir rappelé que l'idée même que l'être humain est éducable suppose une grande confiance en sa nature. Loin d'aller de soi, cette idée est l'une des grandes conquêtes de l'esprit humain; elle est apparue dans la Grèce antique, dans le sillage de l'idée de justice. C'est dans l'enthousiasme suscité en eux par l'idéal de justice, lequel mettait fin à la loi du plus fort, que les philosophes grecs, les sophistes plus particulièrement, ont eu l'idée d'éduquer l'être humain à la justice, laquelle a donc été la première fin assignée à l'éducation.

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