L'Encyclopédie de L'Agora : une vision organique du monde
À cause de la toute puissance des Anglo-saxons dans le domaine du cinéma, de la télévision et des techniques de communication en général, toutes les cultures du monde sont aujourd'hui dans un état de siège comparable à celui que soutient le Québec depuis toujours. Venez à nous, vous tous Allemands, Français, Anglais et autres menus pays qui voulez apprendre à faire des téléromans tels que vos compatriotes les préféreront aux émissions importées des États-Unis!
Nous touchons la question cruciale. Tout problème lié de près ou de loin à la domination de la culture anglo-saxonne se pose au Québec avec une acuité particulière. Plus l'anglais s'imposera comme langue mondiale des communications, plus les immigrants, dans chaque pays, auront tendance à préférer apprendre la langue d'Hollywood plutôt que celle du pays hôte. Au Québec, la même tendance se manifeste depuis longtemps de façon alarmante.
L'immigration et la culture anglo-saxonne! Les deux phénomènes qui, isolément, ébranlent des pays plus solides que le Québec, se renforcent ici l'un l'autre. Notre histoire se poursuit à un rythme accéléré. Tout au long de cette histoire, quand nous avons cru la bataille pour notre survie gagnée à jamais, nous avons été confrontés à de nouveaux défis qui nous ont obligés à revenir à ce qui, de l'extérieur, apparaît comme une mentalité d'assiégés, mais qu'il serait plus juste de considérer comme une halte salutaire dans un processus d'adaptation dont le rythme est trop rapide. Oui à la mondialisation, non à l'uniformisation, semblent dire les Québécois. Nous sommes heureux de communiquer en anglais sur Internet avec un Japonais. mais souffrez qu'entre deux chats nous lisions Balzac et Beauchemin dans le texte original. La mondialisation est souhaitable... et inévitable, mais encore faut-il qu'entre deux bonds vers un global de plus en plus accaparant, nous nous arrêtions pour méditer sur cet alexandrin : «L’ennui naquit un jour de l’uniformité.» (Antoine Houdar de la Motte)
«Le temps, par son cours, use et détruit ce qui est temporel. Aussi y a-t-il plus d’éternité dans le passé que dans le présent. Valeur de l’histoire bien comprise, analogue à celle du souvenir dans Proust. Ainsi le passé nous présente quelque chose qui est à la fois réel et meilleur que nous, et qui peut nous tirer vers le haut, ce que l’avenir ne fait jamais.» (Simone Weil)
Le passé que fait revivre le géographe Luc Bureau, de l’Université Laval, dans un livre exceptionnel au titre ambigu: Pays et Mensonges1, est d’autant plus réel qu’il nous renvoie à notre identité de peuple telle que perçue par des écrivains, journalistes ou penseurs de tous horizons, qui ont parcouru le Québec au milieu du XIXe siècle – à l’époque où il s’appelait encore le Bas-Canada –, jusqu’au début de ce siècle, où on le désignait sous le nom de Canada français. Ces voyageurs s’appelaient Charles Dickens, Pierre de Coubertin, Franc-Nohain, Conan Doyle, Maurice Sand, Henry David Thoreau, Jules Huret, et j’en passe.
Le Québec est un microcosme. Se trouve-t-il un seul groupe humain sur la planète auquel il ne ressemble pas par quelque côté?
On y parle les deux langues qui ont le plus contribué à faire le monde tel qu'il est aujourd'hui: le français et l'anglais. La société de ce Québec était traditionnelle, médiévale même, il y a à peine cinquante ans; elle devance aujourd'hui la Californie dans certaines expérimentations.
J’avais 12 ans, je lisais, j’apprenais par cœur l’Encyclopédie de la jeunesse, présente dans une famille québécoise sur deux dans les années 1950. Vendue de porte à porte, elle était le produit de Grolier, compagnie américaine, gérée à Toronto. Aux textes de l’original américain, The book of knowledge, traduits dans un excellent français, s’ajoutaient quelques articles écrits par les universitaires québécois les plus réputés du moment. Marie-Victorin fut l’un de ces auteurs dès les premières éditions. C’était le contenu du cours classique complété par celui des Instituts de technologie qui s’ouvraient au même moment au Québec. Le tout mis à la portée du grand public au moyen de sujets pratiques du genre : « Comment élever des lapins » ou « Construire une ligne téléphonique avec du fil, du carton et du papier?» J’ai vite compris que cette encyclopédie était un symbole parfait de notre état de colonisé. Le désir d’une encyclopédie reflétant notre identité et nos racines intellectuelles m’est venu très tôt.
C’est dans cet esprit que j’ai fondé la revue Critère en 1970 avec le double souci de joindre les profondes racines de la tradition à celles, encore superficielles mais vivantes de la modernité. Ce serait ma contribution au projet de souveraineté du Québec. Il allait de soi à mes yeux qu’un peuple qui s’affirme se donne une vision du monde et se donne à voir au monde. Ce qu’a fait par exemple, la Hongrie, en lançant le projet d’une encyclopédie nationale au moment de son indépendance de l’Autriche en 1867, année de la Confédération canadienne.Pourquoi la souveraineté sinon pour vivre
C’est finalement Wikipedia, plus précisément le tandem Google-Wukipedia, qui allait devenir l’encyclopédie nationale du Québec tandis que l’Encyclopédie de L’Agora refléterait la vision du monde d’un petit groupe d’amis.
De concert avec le Canada anglais, le Québec avait pourtant su, pendant près d’un siècle, protéger ses frontières culturelles, notamment contre la radio privée américaine. Radio-Canada a été créée au début de la décennie 1930, pour empêcher les stations privées américaines de radio de menacer la souveraineté du pays en éducation. Sans oser présumer que nous pourrions faire preuve aujourd’hui d’une telle souveraineté, j’espérais qu’un jour nous aurions au moins un mélange de bon sens et de dignité assez fort pour imposer aux nouveaux médias américains une taxe équivalant à ce qu’ils font perdre en publicité à nos médias nationaux et locaux.
[…]
Quel peut être, sur le plan culturel, le meilleur outil d’un empire mondial comme celui de nos voisins du Sud? Une œuvre commune, Wikipedia par exemple, dans laquelle tous les citoyens du monde se retrouvent et se reconnaissent en tant qu’individus, mais à condition d’être complices d’une mise à l’écart de tout sentiment d’appartenance à des groupes nationaux et idéologiques. Les louables objectifs de neutralité et d’objectivité, l’élimination des jugements de valeur au profit des faits nus (ou prétendus tels) que vise ce haut lieu du Soft Power ont pour effets secondaires d’empêcher l’apparition de tout mouvement d’opposition à l’empire. Essayez de faire converger sur Wikipédia un grand nombre d’articles (sur la liberté, les nations, les droits de l’homme, etc.) orientés, par exemple, vers le projet d’indépendance du Québec. Vous vous heurterez vite à la règle du consensus
Loin de résister à la déferlante Wiki et Internet en général, nous l’avons accueillie avec empressement comme une vague libératrice indiquant la voie du progrès, un progrès que nous avons subi plutôt que de l’orienter dans la direction de nos valeurs et de notre identité.
« Les petites nations ne connaissent pas la sensation heureuse d’être là depuis toujours et à jamais ; elles sont toutes passées, à tel ou tel moment de leur histoire, par l’antichambre de la mort ; toujours confrontées à l’arrogante ignorance des grands, elles voient leur existence perpétuellement menacée ou mise en question. » MIlan Kundera, Un Occident kidnappé.
Un rappel historique: les résolutions des États généraux du Canada français de mars 1969 .L'idée de doter l'État du Québec et ses citoyens d'une véritable constitution écrite approuvée démocratiquement n'est pas nouvelle. En mars 1969, les délégués du Québec réunis lors des assises nationales des États généraux du Canada français ont approuvé des résolutions relatives à une telle constitution.
Le projet de loi no 21 sur la laïcité déposé à l’Assemblée nationale du Québec postule que cette dernière est plus apte que les tribunaux supérieurs à fixer l’équilibre entre « les droits collectifs de la nation québécoise et les droits et libertés de la personne ». D’où les deux clauses dérogatoires qui soustrairaient le projet aux contestations judiciaires fondées sur les chartes canadienne et québécoise. Outre le débat sur l’à-propos de consacrer la laïcité de l’état du Québec, une autre question fondamentale entre en jeu : le rapport du Québec à l’ordre constitutionnel canadien depuis 1982. Après l’échec des deux grandes réformes entreprises en 1987 et en 1992 pour réconcilier le Québec avec cet ordre, toute perspective de « réparation » s’est évanouie. Un certain fatalisme s’est même installé. Ou l’indifférence.
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Le Québec a deux chartes des droits, mais la fédérale, adoptée en 1982, a éclipsé la deuxième, la québécoise, née en 1975 dans un esprit britannique qui préserve mieux la responsabilité des élus à l’égard des lois et de leur conformité aux droits. Cependant, en cette matière, le Canada a suivi la voie américaine, qui absolutise les droits et le pouvoir des juges. Or, le Québec pourrait suivre l’exemple du Royaume-Uni qui a décidé en 1998 d’y protéger les droits d’une manière plus équilibrée et accorder la primauté à sa charte dans son ordre juridique. Où est le crime de s’écarter de la voie américaine ? En enchâssant le droit de porter des armes dans leur constitution, les Américains en ont fait un absolu qui les empêche aujourd’hui de prévenir les tueries de masse par un vote des élus. Comme quoi les droits de l’homme peuvent se tourner contre les hommes.
Une constitution serait l'occasion pour le Québec d'affirmer clairement son droit de s'autodéterminer, soit dans un préambule, soit dans des articles liminaires. Ce serait une façon pour lui de se procurer une police d'assurance sur sa liberté politique. Publié dans L'Agora, vol. 2, no 10, été 1995, p. 13-14
Imaginez que le référendum de 1995 porte sur un projet affirmant la liberté politique des Québécois. Ce projet, modeste mais néanmoins réalisable, mettrait à contribution les citoyens du Québec. Oui, ce projet est possible, et il n'exige pas des Québécois qu'ils renoncent à une plus grande autonomie ou à la souveraineté. Ce projet est de ceux que des sociétés parvenues à maturité entreprennent d'emblée : se donner une constitution.
Le cinéma sera le théâtre, le journal, l'école de demain». disait-on au début du siècle. Ce qui semblait une folle prophétie s'est vérifié depuis dans tous les pays du monde – y compris la très catholique province de Québec.
Et à cet homme qui constitue une sorte de menace à son intimité, la femme répondra, qui joue le jeu.
Ce fol dieu à lier d'ombre étrange,
Je lui donne la soif avant l'eau...
Lui seul dans mon lieu noir me dérange.
(Suzanne Paradis)
La femme ainsi conçue est investie d'un sacerdoce nouveau, prolongement des vieux messianismes mâles, car ce culte à la femme offert, récompense qu'elle s'est acquise en vertu de son entreprise slavistique, stigmatise une mâle suprématie mythique qui perdure: "Le tonnerre seul de mon sexe total, divisant ta vie qui croit en dévorant, t'ouvrirait le sein à, la sonorité du soleil." (Ouellette
Ainsi en est-il de sa haine de la Bêtise, manifeste dans la Lanterne, et qui conserve à ce pamphlet un air de jeunesse. Buies n'a pas écrit que des choses intelligentes, et il lui arriva à l'occasion d'être bête, comme tout le monde, par exemple quand il avance que:
«l'homme des races celtes et latines porte en lui les traits supérieurs de l'espèce humaine, ses traits persistants, indélébiles» (Chroniques, II, p. 57). Cependant, il combattra toute sa vie avec la dernière énergie la Bêtise qui résulte de l'ignorance et de la prétention — les deux allant généralement de pair.
Ce phénomène de la Bêtise n'était pas nouveau dans l'histoire de l'Humanité mais c'est Flaubert qui, le premier, en fit l'étude systématique, en particulier dans le Dictionnaire des idées reçues. Comme le rappelait, il n'y a pas si longtemps, Kundera dans L'art du roman, Flaubert constate que «la Bêtise est une dimension inséparable de l'existence humaine» (p. 197). Et il ajoute : «Le XIXe siècle a inventé la locomotive, et Hegel était sûr d'avoir saisi l'esprit même de l'Histoire universelle. Flaubert a découvert la Bêtise. J'ose dire que c'est là la plus grande découverte d'un siècle si fier de sa raison scientifique». (ibid, p. 197)
Pourtant, les sociétés et les États-nations continuent d’exister. Ce qu’il nous manque, c’est une pensée capable de discerner les médiations, les relations. Il est donc nécessaire de penser le politique dans ce qui lui reste d’unité, et de penser la pluralité sans réductionnisme. Le politique est par essence l’unité d’une pluralité. Par conséquent, une véritable pensée politique ne peut être que dialectique, dialogique. Les pensées politiques capables d’une telle entreprise sont rares. L’une d’elle se trouve juste sous notre nez. Je parle ici du néo-thomisme québécois, un courant philosophique du XXe siècle qui a assez peu rayonné hors du Québec de son vivant, et qui, depuis sa mort, a été enfoui dans un oubli presque complet. Les oeuvres de Louis Lachance (1899-1963), Charles De Koninck (1906-1965), Félicien Rousseau (1919-2008) et Martin Blais (1924-2018), pour nommer quelques-uns des penseurs les plus importants de ce courant, sont en bonne partie épuisées. Au mieux, elles sont rééditées de façon très limitée, et sans susciter beaucoup de réaction. Elles constituent pourtant une authentique philosophie québécoise.La philosophie québécoise est évidemment bien modeste, en comparaison des philosophies grecque, allemande, française ou anglaise, chinoise ou indienne, voire, russe ou américaine. Il ne faudrait toutefois pas en sous-estimer la qualité ni l’originalité. Il se trouve en effet que nos penseurs nationaux ont mené une réflexion approfondie sur la philosophie juridique et politique de Thomas d’Aquin, un aspect de sa philosophie qui a souvent été négligé par les grands penseurs thomistes, pour la plupart spécialisés sur les recherches métaphysiques et théologiques, certes les parties les plus importantes de la pensée du docteur angélique.
L'Encyclopédie de l’Agora n’est pas une somme des connaissances établie par une myriade de spécialistes sans grandes affinités entre eux. Elle est une œuvre, celle d’un auteur principal entouré d’amis ayant des affinités intellectuelles avec lui et ébauchant séparément leur propre synthèse. [En savoir davantage]
Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité.
À l’heure où les astrophysiciens décrivent la farandole des galaxies et la valse des étoiles, la conception dominante de l’univers se réduit au mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invitent à lui préférer, métaphore pour métaphore, celle de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence ayant un sens, comme celle de l'éclosion?
«Seule la vie peut donner la vie. L’intelligence peut façonner, mais étant morte, elle ne peut donner une âme. De la vie seulement peut jaillir le vivant.» Goethe, Zahme Xenien
«Est dit éternel ce qui par soi ne peut changer ni vieillir ni périr. Une sublime amitié est éternelle en ce sens qu'elle ne peut être atteinte qu'obliquement et par des événements qui lui sont tout à fait étrangers. L'amour prétend être éternel. Les pensées les plus assurées, comme d'arithmétique et de géométrie, sont éternelles aussi. La durée, au contraire, est essentielle à tout ce qui change et vieillit par soi. L'idée de rassembler tout l'éternel en Dieu est raisonnable, quoique sans preuve à la rigueur, comme au reste tout éternel, amitié, amour, arithmétique.» (Alain, Les dieux et les arts)
«On va à Dieu par des commencements sans fin», écrit un Père de L’Église. Cette page est notre premier commencement… Une parfaite définition de Dieu par le plus grand des théologiens serait moins à sa place ici que nos balbutiements. Étant les auteurs d’une oeuvre qui comporte déjà mille allusions à Dieu, c’est à nous, cohérence oblige, qu’il appartient d’évoquer le foyer vers lequel convergent ces allusions.
L’humanisme est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident. Ainsi défini, l’humanisme est le produit d’une révolution copernicienne inversée: l’homme, auparavant satellite de Dieu, devient l’astre central.
La plante est immobile et choyée. Sa nourriture lui est donnée. Il lui suffit pour l’accueillir de laisser croître ses racines dans la terre et dans le ciel. L’animal doit chercher sa nourriture, et pour cela, il est libre dans ses déplacements. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on l’a associé étroitement à l’homme, mais ainsi amputé de sa dimension plante, ce dernier n’allait-il pas s’éloigner de ce qui deviendrait un jour un idéal pour les jeunes et pour les vieux une nécessité i : contempler et à cette fin rester immobile.
Tout dans l’univers, et l’univers lui-même, tend vers le froid uniforme, et un désordre qui n’est rien d’autre que la rupture des liens unissant les éléments constitutifs du vaste ensemble. Dans ce monde qui se défait, les êtres vivants sont des points d’ordre qui contredisent la loi générale. En eux l’énergie, qui se dégrade tout autour, se concentre pour former tantôt une plante qui grimpe, tantôt un animal qui vole, tantôt un animal qui pense... qui aime, qui aime ô merveille! au-delà de ce que l’espèce exige de lui pour assurer sa propre reproduction.
Qu’est-ce que la vérité ? Pourquoi nous donnons-nous tant de mal pour la trouver, la défendre et la répandre ? Tentons d’abord de répondre par le recours le plus simple et le plus spontané à la raison. La vérité c’est la vie, ce qui assure sa persistance et sa croissance : distinguer la plante toxique de la plante nourricière, la vraie beauté, celle qui élève par opposition à celle qui dégrade. La preuve est dans le résultat, dans le degré d’accomplissement des êtres en cause.
En bas de cette échelle, l’élan impétueux de l’animal sauvage bondissant hors de sa cage-piège; en haut un sage ébloui par ses principes, un mystique ravi par son Dieu. Impulsion dans le premier cas, contemplation dans le second. Point de choix en ces extrêmes. «Les instincts des animaux survivent dans l’homme à l’état d’ébauche.» (K.Lorenz). À leur place, un grand vide angoissant. Ce vide est le lieu de naissance de la liberté.
Le mal dont le bien doit triompher en nous pour nous rendre meilleur n’est pas une simple carie dentaire qu’on peut obturer en quelques secondes, mais une infection centrale résistant aux antibiotiques. La vie de celui qui désire vraiment en guérir ressemblera à un chenin de croix ou à la marche d’un Bouddha à recherche de la voie du milieu.
« C'est à coups de tonnerre et de feux d'artifice célestes qu'il faut parler aux sens flasques et endormis. Mais la voix de la beauté parle bas: elle ne s'insinue que dans les âmes les plus éveillées. Doucement mon bouclier a vibré et a ri aujourd'hui : c'était le frisson et le rire sacré de la beauté! » Nietzsche
«Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la justice; mais, même en les supposant justes, ils auraient encore besoin de l'amitié.» ARISTOTE, Éthique à Nicomaque
Proche du scepticisme sur le plan intellectuel, la neutralité est aussi proche de l'indifférence sur le plan affectif et de l'indifférentiation sur le plan physiologique.
D’abord la justice et bien commun! Il sera souvent question de la démocratie dans cette synthèse. Trop peut-être, car en ce moment, dans les démocraties occidentales du moins, dont certaines sont en voie de désintégration, on a recours au concept de démocratie lui-même comme critère pour juger de la situation concrète dans les démocraties en cause. Funeste tautologie contre laquelle Aristote nous avait mis en garde.
C'est dans l'indignation devant l'injustice qu'il faut d'abord chercher la voie de la justice. Il faut toutefois au préalable pouvoir distinguer le sentiment authentique et universel d'injustice de l'insatisfaction personnelle qui est à l'origine des revendications.
Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?
Sapere : goûter et savoir. Associer ces deux expériences pour mieux comprendre l’une et l’autre et s’habituer ainsi à distinguer la vraie culture, nourricière, de la fausse, réduite au divertissement. Deux sujets vastes.
La perspective historique la plus longue possible est la voie royale pour préciser le diagnostic et trouver les meilleurs remèdes au mal qui frappe l’éducation.
La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison.
Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]
Plus un sport est naturel, plus il y a de chances qu'on puisse le pratiquer longtemps, parce qu'on en aura toujours le goût et les moyens. Quel que soit le sport choisi, il ne restera durable que si on le pratique avec mesure, dans le respect de l'ensemble de l'organisme et de chacun des organes et des muscles sollicités, avec en outre le souci de rendre toujours plus harmonieux les rapports de l'âme et du corps.
«C'est par le truchement de l'expression artistique que les valeurs les plus hautes acquièrent une signification éternelle et une force capables d'émouvoir l'humanité. L'art possède la faculté illimitée de transformer l'âme humaine — faculté que les Grecs appelaient psychagogia. Seul, en effet, il dispose des deux éléments essentiels à l'influence éducative: une signification universelle et un appel immédiat. Parce qu'il combine ces deux moyens susceptibles de faire autorité sur l'esprit, il surpasse à la fois la réflexion philosophique et la vie réelle.» Werner Jaeger, Paideia: la formation de l'homme grec
Faire acte de science c’est échapper à la contrainte sous toute ses formes : préjugés personnels, conformisme, tradition, pression sociale, financière, opinion majoritaire, y compris celle des pairs. Serait-ce la raison pour laquelle la science a fleuri dans la Grèce antique puis dans l’Europe moderne. Et n’est-ce pas en raison de l’oubli de cette règle qu’elle tombée en disgrâce dans la Russie stalinienne et les États-Unis de Donald Trump ?
L'attente active, celle qui consiste à soumettre à la critique les réponses imparfaites, Socrate l'appelait philosophie, mot qui signifie amour (philein ) de la sagesse (sophia). Cet amour s’accomplit à deux conditions : la rigueur dans la pensée et le souci de la purification dans la vie personnelle.
Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?
Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]
Selon Marguerite Yourcenar, Marc Aurèle,le sage Marc-Aurèle, le divin Marc, est le Romain de l’antiquité dont il subsiste le plus de sculptures. Preuve qu’il a été le plus admiré, aimé. S’il est vrai que la qualité d’un amour se mesure à la beauté, à la variété et au nombre des œuvres d’art qu’il a inspirées, le christianisme est une prodigieuse histoire d’amour.
Ce catholicisme qui nous a faits ! Plusieurs sont d’avis qu'il nous a défaits à la fois politiquement et psychologiquement. Depuis 1960, ils ont eu toutes les tribunes dont ils pouvaient rêver pour exposer leurs regrets et leurs doléances. Dans cette synthèse, nous voulons donner la parole à ceux qui, sans avoir renoncé à leur esprit critique, veulent bien reconnaître que le catholicisme nous a aussi faits… un peu, a contribué à notre épanouissement et à notre accomplissement, en tant que peuple comme en tant qu’individus. Même si elle ne devait être qu’un dernier adieu reconnaissant, cette synthèse est nécessaire [...]
Le Québec est un microcosme. Se trouve-t-il un seul groupe humain sur la planète auquel il ne ressemble pas par quelque côté?
On y parle les deux langues qui ont le plus contribué à faire le monde tel qu'il est aujourd'hui: le français et l'anglais. La société de ce Québec était traditionnelle, médiévale même, il y a à peine cinquante ans; elle devance aujourd'hui la Californie dans certaines expérimentations.