OGM

Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme vivant dont on a modifié le patrimoine génétique (ADN) en y insérant un ou plusieurs gènes issus d'un autre organisme vivant.

Essentiel

Grâce aux OGM, on peut augmenter la productivité (et donc le revenu des agriculteurs) et répondre aux besoins alimentaires croissants. En outre, les défenseurs d'une telle manipulation espèrent, grâce au développement technologique, réduire l'utilisation de pesticides et créer des aliments ayant des propriétés médicales. Néanmoins, ces manipulations demeurent au stade expérimental et l'on peut craindre une diffusion des gènes introduits à d'autres plantes ou organismes. D'où des risques sanitaires (toxicologiques, allergéniques, nutritionnels) et médicaux: la diffusion d'un gène résistant aux antibiotiques remet en cause de la médecine moderne, tandis que la généralisation des produits modifiés peut marquer la disparition des médecines douces fondées sur une alimentation saine. Risques également d'ordre écologique, car l'expansion de certaines plantes peut entraîner une diminution de la biodiversité globale, une rupture des cycles naturels (cas du Papillon Monarque, mort après avoir butiné un maïs génétiquement modifié, produit par les entreprises Monsanto, Novartis et Pioneer) et un transfert de l'ADN modifié au sol ou à d'autres plantes.

Enjeux

Devant l'incertitude quant aux répercussions possibles, les pays européens invoquent le principe de précaution pour limiter l'importation de ces produits, essentiellement américains. Ce principe adopté en 1994 à l'issue de l'«Uruguay Round», dans le cadre du GATT, établit que «devant une technologie nouvelle sur laquelle le recul manque pour apprécier tous les effets, il est nécessaire de se prémunir contre ses risques potentiels, mêmes s'ils ne sont pas certains». Pour l'UE, l'application de ce principe aux OGM est justifiée. Selon Washington au contraire, ces produits sont comparables aux autres aliments et doivent donc suivre les mêmes règles commerciales et juridiques.
***

Enjeux reliés à l'information du consommateur

Le cas des OGM est exemplaire. L'industrie des biotechnologies agricoles aimerait que le consommateur lui fasse confiance. Comme dit Jean-Jacques Frey, directeur juridique de Kraft Jacobs Suchard, «trop d'information risquerait de noyer le consommateur». Pourtant, la salubrité des aliments à base d'OGM est une question qui préoccupe plus d'un consommateur. Et elle n'est pas la seule, selon Sylvestre-José-Tidiane Manga :

«Les risques pour la santé et les risques de pollution génétique ne sont pas les seules raisons qui sous-tendent la nécessité d'informer le consommateur de la nature des OGM et de leur présence dans les aliments. Les modifications génétiques transgressent les limites de la création et, de ce fait, bouleversent le rapport entre l'homme et son alimentation. En effet, plusieurs écologistes trouvent dans les possibilités illimitées de la recombinaison de l'ADN un piège pour l'hommme de s'adonner à des croisements immoraux entre les êtres et les espèces: ce ne sont pas tous les consommateurs qui se réjouissent de l'avènement d'une tomate à l'humain. De même, l'idée de retrouver de l'humain dans une pomme de terre peut troubler plusieurs consommateurs.»

«L'éthique de l'information scientifique», dans Patrick J. Brunet, L'éthique de la «société de l'information», Presses de l'Université de Laval, 2001, p. 193.

Articles


Dossiers connexes




Lettre de L'Agora - Printemps 2025

  • Billets de Jacques Dufresne

    J'ai peur – Jour de la Terre, le pape François, Pâques, les abeilles – «This is ours»: un Texan à propos de l'eau du Canada – Journée des femmes : Hypatie – Tarifs etc: économistes, éclairez-moi ! – Musk : danger d'être plus riche que le roi – Zelensky ou l'humiliation-spectacle – Le christianisme a-t-il un avenir?

  • Majorité silencieuse

    Daniel Laguitton
    2024 est une année record pour le nombre de personnes appelées à voter, mais c'est malheureusement aussi l’année où l'abstentionnisme aura mis la démocratie sur la liste des espèces menacées.

  • De Pierre Teilhard de Chardin à Thomas Berry : un post-teilhardisme nécessaire

    Daniel Laguitton
    Un post-teilhardisme s'impose devant l'évidence des ravages physiques et spirituels de l'ère industrielle. L'écologie intégrale exposée dans les ouvrages de l'écothéologien Thomas Berry donne un cadre à ce post-teilhardisme.

  • Réflexions critiques sur J.D. Vance du point de vue du néothomisme québécois

    Georges-Rémy Fortin
    Les propos de J.D. Vance sur l'ordo amoris chrétien ne sont somme toute qu'une trop brève référence à une théorie complexe. Ce mince verni intellectuel ne peut cacher un mépris égal pour l'humanité et pour la philosophie classique.

  • François, pape de l’Occident lointain

    Marc Chevrier
    Selon plusieurs, François a été un pape non occidental parce qu'il venait d'Amérique latine. Ah bon ? Cette Amérique se tiendrait hors de l'Occident ?

  • L'athéisme, religion des puissants

    Yan Barcelo
    L’athéisme peut-il être moral? Certainement. Peut-il fonder une morale? Moins certain, car l’athéisme porte en lui-même les semences de la négation de toute moralité.

  • Entre le bien et le mal

    Nicolas Bourdon
    Une journée d’octobre splendide, alors que je revenais de la pêche, Jermyn me fit signe d’arrêter. « Attends ! J&

  • Le racisme imaginaire

    Marc Chevrier
    À propos des ouvrages de Yannick Lacroix, Erreur de diagnostic et de François Charbonneau, L'affaire Cannon

  • Le capitalisme de la finitude selon Arnaud Orain

    Georges-Rémy Fortin
    Nous sommes entrés dans l'ère du capitalisme de la finitude. C'est du moins la thèse que Arnaud Orain dans son récent ouvrage, Le monde confisqué

  • Brèves

    La source augustinienne de la spiritualité de Léon XIV – La source augustinienne de la spiritualité de Léon XIV – Chine: une économie plus fragile qu'on ne le croit – Serge Mongeau (1937-2025) – Trump: 100 jours de ressentiment – La classe moyenne américaine est-elle si mal en point?