L'essentiel
«Il y a une science de la mémoire: psychologues et neurologues, spécialistes des sciences cognitives s’emploient à la faire avancer rapidement. Il existe aussi une philosophie, une phénoménologie de la mémoire. Mais le plus souvent, dans un cas comme dans l’autre, les recherches se font dans une perspective à la fois mécaniste et utilitaire. (...)
Qu’un tel modèle rende compte de bien des aspects de la mémoire humaine, on ne saurait en douter. N’importe qui est en mesure de vérifier l’efficacité des procédés mnémotechniques. (...) Il existe de nombreux exemples de génies doués d’une telle mémoire: mais de fous également, ce qui nous rappelle que cette mémoire dont nous avons besoin pour rester en contact avec le réel peut aussi nous en éloigner.
C’est en tournant notre attention du côté du par coeur, compris dans une perspective organique et non dans une perspective mécanique, que nous avons le plus de chances de découvrir comment la mémoire peut contribuer à nous rapprocher du réel.
C’est dans l’amour que s’opère le rapprochement réel entre deux êtres. La mémoire est aux ordres du coeur, comme on l’a vu. On peut inverser cette pensée: le coeur, et l’amour dont il est le siège, est aux ordres de la mémoire, d’une mémoire que l’amour rend créatrice. (...)
Dans l’amour, dans l’amitié, mais aussi dans la simple conversation animée avec des inconnus pour lesquels on éprouve de la sympathie, même la personne la moins douée pour la parole créatrice peut faire l’expérience d’une mémoire vécue comme un humus, d’où peuvent jaillir vers le jour, vers la conscience, des associations (de souvenirs, d’images, etc.) et des pensées originales.
Cette mémoire n’est ni un entrepôt, ni un atelier, mais plutôt un écosystème tel l’humus, ou un marais hébergeant une très grande variété d’êtres vivants. Une mémoire ainsi conçu se confond avec la vie elle-même (...)»
Jacques Dufresne, Éloge du par coeur
L'essentiel
«Il y a une science de la mémoire: psychologues et neurologues, spécialistes des sciences cognitives s’emploient à la faire avancer rapidement. Il existe aussi une philosophie, une phénoménologie de la mémoire. Mais le plus souvent, dans un cas comme dans l’autre, les recherches se font dans une perspective à la fois mécaniste et utilitaire. (...)
Qu’un tel modèle rende compte de bien des aspects de la mémoire humaine, on ne saurait en douter. N’importe qui est en mesure de vérifier l’efficacité des procédés mnémotechniques. (...) Il existe de nombreux exemples de génies doués d’une telle mémoire: mais de fous également, ce qui nous rappelle que cette mémoire dont nous avons besoin pour rester en contact avec le réel peut aussi nous en éloigner.
C’est en tournant notre attention du côté du par coeur, compris dans une perspective organique et non dans une perspective mécanique, que nous avons le plus de chances de découvrir comment la mémoire peut contribuer à nous rapprocher du réel.
C’est dans l’amour que s’opère le rapprochement réel entre deux êtres. La mémoire est aux ordres du coeur, comme on l’a vu. On peut inverser cette pensée: le coeur, et l’amour dont il est le siège, est aux ordres de la mémoire, d’une mémoire que l’amour rend créatrice. (...)
Dans l’amour, dans l’amitié, mais aussi dans la simple conversation animée avec des inconnus pour lesquels on éprouve de la sympathie, même la personne la moins douée pour la parole créatrice peut faire l’expérience d’une mémoire vécue comme un humus, d’où peuvent jaillir vers le jour, vers la conscience, des associations (de souvenirs, d’images, etc.) et des pensées originales.
Cette mémoire n’est ni un entrepôt, ni un atelier, mais plutôt un écosystème tel l’humus, ou un marais hébergeant une très grande variété d’êtres vivants. Une mémoire ainsi conçu se confond avec la vie elle-même (...)»
Jacques Dufresne, Éloge du par coeur