«De manière générale, le destin exprime l'idée de la prédétermination de la temporalité par le jeu de causes indépendantes de la volonté humaine. Selon les modalités de cette prédétermination, on peut distinguer le
mythème, le
théologème et le
philosophème, formes communes aux diverses mythologies, théologies et philosophies du destin. Le mythème désigne la croyance en la prédestination du cours des événements par des puissances occultes et mystérieuses, fastes ou néfastes, capricieuses ou équitables, personnifiées ou impersonnelles. Le théologème de destin est la croyance en la prédestination de la temporalité par un Dieu créateur, infiniment sage, bon et puissant, dont la providence a ordonné de toute éternité le cours des événements pour le meilleur. Par philosophème de destin, nous entendons le plus petit commun diviseur aux diverses conceptions du
fatum en philosophie:
l'idée de la prédétermination, totale ou partielle, de la temporalité par le jeu des causes physiques. Si le mythème et le théologème réduisent le destin au divin, le philosophème a ceci de particulier qu'il le réfère à la Nature. Tel est ce qu'on peut nommer le «principe d'identité du fatal au naturel»: par le concept de
fatum, la philosophie n'entend pas un devenir fatalisé par des puissances surnaturelles mais l'ordre physique des événements, causalement déterminé, intelligible et prévisible à la raison.»
Christophe Paillard,
Destin et temporalité: mythe, théologie et philosophie.