Les 3 Socrate américains: Colbert, Oliver, Stewart

Andrée Mathieu

Trois voies s’ouvrent aux humoristes: s’abaisser jusqu’au cynisme, devenir moralistes en corrigeant les mœurs par le rire ou s’élever jusqu’au redressement de la pensée, c’est-à-dire jusqu’à l’ironie socratique. Le trio américain C.O.S (Colbert, Oliver Stuart) a fait ce troisième choix avec succès, chose si rare parmi les vedettes des médias qu’on peut y voir une forme d’héroïsme. Leur ironie est particulièrement efficace quand elle est dirigée contre les climato sceptiques. Andrée Mathieu s'en prend d'abord à ceux qui prétendent encore que la lutte contre le réchauffemement climatique est compatible avec la croissance. Elle présente dans ce contexte les trois journalistes américains qui prennent plaisir à mettre les gens en contradiction avec eux-mêmes.


Croyons-nous encore au Père Noël ? À l’approche des Fêtes c’est cette interrogation qui a envahi mon esprit lorsque j'ai lu ce titre dans un quotidien québécois: «Possible d'agir contre le réchauffement sans altérer la croissance.». Ou chaque fois que je lis l’expression «développement durable, ou responsable, des hydrocarbures»… J’écris cet article pour expliquer la raison de mon indignation!

D'abord quelques statistiques


Dans l'article consacré au dernier rapport du GIEC sur les changements climatiques on peut lire que «pour garder le cap des 2oC (objectif politique et non scientifique1), les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050», un détail! Et comme le fait remarquer l'ingénieur Benoît Thévard: «Puisque pour simplement vivre il faut consommer de l’énergie, chaque habitant de plus sur cette planète (et il y en a environ 80 millions de plus chaque année) représente une augmentation de la consommation globale»2. Selon l'Agence internationale de l'énergie dans le scénario central de sa grande étude prospective annuelle, «La demande mondiale d'énergie augmentera de 37% d'ici à 2040...» (www.ledevoir.com, 13 novembre 2014).

La consommation énergétique annuelle per capita varie considérablement selon les pays: de moins de 10 giga-joules (GJ) au Niger, à plus de 330 GJ aux États-Unis, avec une moyenne mondiale d’environ 70 GJ3. On n'hésite pas à accuser les Chinois d'être les plus grands pollueurs de la planète, pourtant un Canadien consomme 7,6 tep (tonne équivalent pétrole4), un États-unien 7,3 tep et un Chinois 1,8 tep5. Il devient alors très difficile de pointer ces derniers du doigt et d'exiger qu'ils se serrent la ceinture énergétique!

Par ailleurs, entre 2000 et 2010, la production globale des énergies renouvelables s'est accrue de 2% alors que celle des combustibles fossiles s'est accrue de 2.65%6. Selon l'Agence internationale de l'énergie, 81,7% des besoins énergétiques sont comblés par les combustibles fossiles (charbon: 28,8%, pétrole: 31,6%, gaz: 21,3%); 5,1% par le nucléaire; 10% par les biocarburants et les déchets; 2,3% par l'hydroélectricité et seulement 0,8% par les autres sources (Key World Energy Statistics - AIE - 2013).

En résumé, la population continue d'augmenter et conséquemment les besoins énergétiques, les combustibles fossiles progressent plus vite que les énergies renouvelables, ces dernières ne représentent qu'environ 13% de la consommation actuelle, et nous consommons quatre fois plus d'énergie par personne que la Chine et 19 fois plus que les Philippines (energyrealities.org), qui ont moralement le droit d'aspirer à notre qualité de vie. Alors, croyez-vous vraiment que l'accroissement des énergies renouvelables et les mesures d'efficacité énergétique suffiront pour compenser les 40% à 70% d'émissions de GES qu'il faut réduire d'ici 2050 «sans altérer la croissance», en particulier celle des pays en développement? C'est de la pensée magique!

Diminuer les émissions de gaz à effet de serre...


Vaclav Smil, professeur d'origine tchèque, attaché à la faculté d'environnement de l'Université du Manitoba, est «le plus publié et le moins connu des penseurs canadiens»7. Bill Gates dit de lui qu'il est un des plus brillants scientifiques de l'heure, et il n'hésite pas à recommander ou même offrir ses livres. Le professeur Smil s'intéresse particulièrement à l'histoire de l'énergie.

Selon lui, une transition qui nous fera passer des combustibles fossiles aux énergies renouvelables est une affaire de plusieurs décennies. En effet, «plus une source d’énergie est déployée à grande échelle, plus il faut du temps pour opérer la substitution»8. « Les modalités de ce changement de cap ne peuvent pas être déterminées a priori par un grandiose plan intergouvernemental. Elles émergeront d’un processus long, complexe, (non linéaire), dont les progrès seront ponctués de mauvais choix et de culs-de-sac »9, et elles exigeront d'énormes investissements.

Pourtant, toujours selon le professeur Smil: « Il serait parfaitement possible de viser le niveau énergétique qui prévalait il y a une ou deux générations. Vivait-on de manière si épouvantable il y a trente ans que retrouver ces niveaux de consommation ne puisse être envisagé par aucun responsable politique sérieux, parce qu’il sent – de manière correcte, je le crains – que le public considérerait ces propositions comme inacceptables?»10

... sans altérer la croissance?


Niveaux de consommation… de qui parle-t-on au juste? Selon Lawrence Summers, économiste, professeur émérite à Harvard et ancien secrétaire au Trésor des États-Unis, le pourcentage des travailleurs entre 25 et 54 ans qui sont au chômage a plus que triplé en 60 ans et cette tendance est à la hausse11. Autrement dit, le lien entre «croissance économique» et «création d'emplois» est de plus en plus ténu. Même la Chine, qui a pourtant joui d'une croissance économique sans précédent, a vu ses emplois manufacturiers décliner durant les 20 dernières années (Summers).

Bien qu'elles ont amélioré la productivité, on constate que les innovations technologiques (automatisation, robotisation, imprimante 3D) et la mondialisation, avec ses délocalisations, ont produit bien des laissés pour compte, particulièrement chez les jeunes. Or, selon le ministre des Finances, Carlos Leitão, nous assistons au Québec à ce type de «reprise économique sans emplois», ou même pire, à une reprise avec perte d’emplois. «Dans les pays riches, la pauvreté est en fait aujourd'hui due essentiellement au chômage, et pas à une insuffisance de production de richesses»12. Alors à quoi, ou à qui, sert donc cette fameuse croissance qu'on ne veut pas «altérer»?

Un défi de politique et d'éducation


Parmi les principales choses qui devront changer, selon Lawrence Summers, il y a l'éducation. Les écoles, les collèges et les universités devront se concentrer sur ce que les machines ne peuvent pas remplacer: la collaboration, la créativité, le leadership, et ajoutons le sens critique. En même temps, ils devront accorder moins d'importance à ce que les machines font très bien: mesurer, calculer, exécuter. On semble pourtant se diriger dans le sens contraire...

Le professeur Summers nous met également en garde contre le déni: « Je suis un optimiste, dit-il, mais un optimiste qui sonne l'alarme»13. Or, en général les gens n'aiment pas ce genre d'optimisme; ils préfèrent qu'on soit «positif» et qu'on leur fasse miroiter des solutions magiques. Parlez-en à Léo-Paul Lauzon qui, dans son blogue du 17 novembre dernier, ironisait: «Soyons positifs et joyeux, je vous en prie»...

«Nous ne vivons pas assez scientifiquement»14 affirme l'écrivain, spécialiste de l'épistémologie des statistiques et ex-courtier en bourse surnommé «le dissident de Wall Street», Nassim Nicholas Taleb. Vaclav Smil partage son opinion: «Sans une connaissance de base des fondements de la physique, de la chimie et de la biologie, et avec une aussi pauvre compréhension des principes économiques de base, il n'y a pas à s'étonner que les gens croient n'importe quoi»15. Or, comme le dit si bien Gabriel Nadeau-Dubois, «L’asservissement est toujours une ignorance imposée, la démocratie nécessairement un savoir partagé» (Le Devoir, 24 novembre 2014).


Il faut du courage pour regarder le monde tel qu'il est, avec tous ses problèmes, mais c'est le prix à payer pour trouver de véritables solutions. Car ce n'est pas vrai qu'on a tout essayé. Mais il va falloir cesser de croire qu'il est possible de tout régler sans rien changer, comme le suggèrent les formules « Possible d'agir contre le réchauffement sans altérer la croissance ; Exploiter nos ressources pétrolières de façon responsable, ou Redresser les finances publiques tout en relançant l’économie (la croissance)».

Trois héros qui dénoncent la bêtise

 

Jon Stewart


Les héros d'aujourd'hui, ce sont les gens qui n'hésitent pas à dénoncer ceux qui font insulte à notre intelligence en faisant appel à des formules faussement rassurantes pour servir leurs intérêts ou soigner leur popularité. Ce sont les gens qui osent dénoncer le mensonge, l'ignorance, les incohérences et la mauvaise foi. En somme, ces héros ce sont les «indignés», ceux qui en ont assez de se faire mépriser par des politiciens, des journalistes ou des firmes de relations publiques et qui n'ont pas peur de passer pour «négatifs» en exprimant leur ras-le-bol.

Mais ils n'ont pas besoin d'être tristes, comme le montre brillamment Jon Stewart (Jonathan Stuart Leibowitz). Ce héros est à la barre du Daily Show, une émission qui commente l'actualité de manière humoristique depuis une quinzaine d'années déjà. Mais ne vous y trompez pas, même si on rit à gorge déployée, le propos est sérieux, réfléchi, très critique et hautement intelligent. Jon Stewart est le roi des indignés. Il ne tolère pas la bêtise de la part des politiciens, et encore moins de la part des médias, surtout lorsque l'information du public est en jeu. L'animateur jouit d'une telle popularité que ses concurrents l'invitent à leur émission pour faire gonfler leur cote d'écoute. Deux animateurs vedettes de CNN ont appris à leurs dépens de quel bois il se chauffe. Il leur a donné, le plus sérieusement du monde, une leçon de journalisme qui devrait être une écoute obligatoire dans toutes les facultés de communication. Paul Begala, un démocrate, et Tucker Carlson, d'allégeance républicaine, présentaient leur émission Crossfire comme un débat sur les affaires publiques. Stewart leur a dit en ondes: «Nous avons besoin de l'aide des médias et ils nous font du mal. Vous faites du théâtre quand vous êtes censés faire des débats. Vous avez une responsabilité dans le débat public et vous échouez de façon misérable». En réponse à Begala voulant savoir qui lui fournissait le meilleur matériel pour son émission, il a dit qu'il regardait l'absurdité du système, son aspect théâtral et il a remercié les deux animateurs d'en faire partie. http://youtu.be/aFQFB5YpDZE

Pour son cinquantième anniversaire, le Huffington Post a publié 50 raisons d'aimer Jon Stewart16. Sa réputation n'a plus de frontières. Il y a une émission inspirée du Daily Show en Égypte et Stewart a même été invité sur le plateau de son homologue égyptien Bassem Youssef. En Chine, il est connu sous le nom de Jiong Situ. Même si le Daily Show est banni par le Gouvernement, il est si populaire que les Chinois le téléchargent illégalement, à tel point que l'arrivée d'une nouvelle émission fait parfois sauter les serveurs. Sur le site du réseau social Sina Weibo, on a pu lire: «Que ce serait donc formidable si nous pouvions critiquer notre pays comme ça!»17. Quand on sait que le mouvement Occupy Central à Hong Kong se poursuit, qui sait, ne pourrait-il pas y avoir un Daily Show chinois...

Mais, même s'il n'a rien perdu de sa verve, Jon Stewart a eu envie de repousser les limites de son talent. En 2009, dans le cadre du Daily Show, il avait envoyé un de ses collaborateurs faire des entrevues en Iran pour briser quelques préjugés racistes. Le journaliste canado-iranien Maziar Bahari, gradué de l'Université Concordia, était apparu dans l'émission présentant ces entrevues avant de s'envoler en Iran pour couvrir les élections pour le compte du Newsweek. Il avait pris le risque de photographier les violentes manifestations qui ont suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, ce qui lui a valu un emprisonnement. Jon Stewart s'est inspiré du livre dans lequel Bahari raconte ses 118 jours de captivité pour écrire un scénario et réaliser son premier film intitulé Rosewater, qui est présentement à l'affiche dans un cinéma de Montréal. «Quand votre pays envahit un autre pays pour des raisons nébuleuses, c'est très sérieux. Et ça donne la responsabilité d'éprouver de la honte». Impressionnante déclaration car, avec un nom comme Leibowitz, vous aurez deviné que Jon Stewart a des origines juives.

Stephen Colbert


Entre le monologue d'introduction de Stewart et son entrevue avec un auteur, un politicien ou un artiste, le Daily Show met en onde des correspondants; deux d'entre eux se sont tellement illustrés qu'ils ont aujourd'hui leur propre émission: Stephen Colbert et, plus récemment, l'incroyable John Oliver.

Stephen Colbert a créé un personnage qu'il incarne depuis neuf ans dans son émission intitulée The Colbert Report. Non moins satirique que Stewart, il s'attaque surtout à la médiocrité des représentants du peuple. Dans la peau d'un ultra-conservateur cultivant la peur, Colbert a retenu la formule d'un monologue d'introduction dans lequel il raille certains politiciens en faisant semblant d'en faire l'éloge.

On lui doit le terme "thruthiness" qu'il définit comme une vérité qui vient des tripes, qui a l'air vraie, sans tenir compte des preuves du contraire, des faits ou d'une quelconque logique ou réflexion intellectuelle. «Avant, tout le monde pouvait avoir sa propre opinion, mais pas ses propres faits. Mais ce n'est plus le cas. Les faits n'ont plus d'importance aujourd'hui. La perception est tout ce qui compte; c'est une certitude», dira Colbert. Thruthiness a été sélectionné comme mot de l'année 2006 par le dictionnaire Merriam-Webster (Wikipedia).

Mi-sérieux, mi-comique, Colbert a témoigné devant le Congrès américain en faveur des travailleurs immigrants, après avoir passé une journée dans les champs avec plusieurs d'entre eux. Les membres du Congrès n'ont pas apprécié, surtout quand il les a priés de faire quelque chose pour ces travailleurs. «Peut-être que ce bill pourrait aider, je ne sais pas, je ne l’ai pas lu, comme la plupart des membres de cette chambre», a-t-il ajouté...

Stephen Colbert attribue son goût pour l'humour politique à Jon Stewart. «J'ai été renversé par l'intensité de la réflexion, le soin, l'incroyable éthique de travail, la capacité de consommer l'information, de la digérer et de la distiller qu'il met dans le script de l'émission»18, dit Colbert.

En 2010, pour faire écho au Rally for America de l'animateur ultra-conservateur Glenn Beck, Jon Stewart invite les téléspectateurs à un «Rassemblement pour ramener le bon sens» (Rally to Restore Sanity). Stephen Colbert décide alors de se joindre à lui avec sa «Marche pour alimenter la peur» (March to Keep Fear Alive). Les deux amis rassemblent plus de 200 000 personnes à Washington! Dans son discours de clôture, Jon Stewart fait une remarque qui traduit bien sa pensée: «Les médias n'ont pas causé nos problèmes, mais ils ont rendu les solutions plus difficiles. Ils tiennent une loupe au-dessus de nos problèmes. Ils regardent nos problèmes à travers une loupe. Ils pourraient s'en servir pour éclairer certains aspects passés inaperçus, mais ils s'en servent pour mettre le feu dans la baraque». Pour illustrer cette tendance à l'exagération au profit du spectaculaire, il cite la peur du terrorisme et la panique causée par le virus Ebola. «Si nous amplifions tout, nous n'entendons plus rien», poursuit-il. http://youtu.be/IpUcD9WEC4w

À cet égard, avez-vous entendu parler de la chemise sexiste de Matt Taylor, l'astrophysicien de l'Agence spatiale européenne dont l'équipe a réussi à faire atterrir la sonde Rosetta sur une comète? Il faut admettre qu'elle n'est pas du meilleur goût... Mais comment diable le pauvre scientifique, dont la tenue vestimentaire devait être alors le dernier souci, aurait-il pu imaginer un seul instant que c'est sa chemise à l'imprimé douteux qui allait retenir l'attention des médias ? Il venait de faire atterrir un robot sur une comète!!!

L'écrivain satirique néo-zélandais Paul Thomas fait partie des indignés qui utilisent l'humour caustique pour critiquer les médias, notamment la nouvelle tendance des médias traditionnels à se référer aux médias sociaux. Pourtant, selon une étude réalisée pour le compte de la banque néerlandaise ING, «ils sont 32% à dire que l’information qu’ils y trouvent est peu fiable» ("L’impact des médias sociaux sur le journalisme", isarta.com). CNN a dit que la chemise de Taylor avait «enflammé» Twitter. Sur Canoë on a pu lire le titre «la chemise sexy d'un scientifique fait rougir Twitter». Le magazine en ligne The Federalist a affirmé que «toutes les féministes du monde» avaient le couteau entre les dents depuis. En fait, dit Thomas, tous les articles et commentaires que j'ai lus se référaient aux mêmes trois Tweets des mêmes trois personnes»!

Le très sérieux journal britannique The Independent a illustré la même tendance en titrant: «Le président Obama a choqué toute la Chine en mâchant de la gomme». Paul Thomas s'est empressé de lire l'article pour trouver  l'argument sur lequel s'appuyait le journal pour affirmer que le pays le plus populeux de la planète, avec ses 1,35 milliards d'habitants, était uni dans sa détestation de la gomme d'Obama... Rien. La justification de ce titre sensationnel était que «deux de ces 1,35 milliards d'individus avaient écrit un commentaire négatif sur l'équivalent chinois de Twitter»... Les médias sociaux ont permis à tout un chacun de tenir des propos désobligeants sur des gens qu'ils ne connaissent même pas pour la seule raison qu'ils en ont la capacité. Paul Thomas craint que les médias traditionnels continuent à les encourager en donnant de l'importance à quelques sautes d'humeur. (New Zealand Herald, 21 novembre 2014).

John Oliver

John Oliver est un jeune comédien britannique au talent immense qui allie esprit critique, culture générale et culture populaire. Il anime depuis peu sa propre émission Last Week Tonight. Doué d'un talent pédagogique hors du commun, il aborde des sujets aussi variés que la dette étudiante, l'inégalité des richesses, les drones, les armes atomiques ou la neutralité du Web. À l'occasion des émeutes de Ferguson, encore toutes chaudes, il a réussi le tour de force de nous faire rire (d’un rire jaune !) tout en nous faisant partager sa profonde indignation, et en dénonçant le racisme et la militarisation de la police. http://youtu.be/KUdHIatS36A

Bien sûr, on a reproché à ces trois satiristes d'alimenter le cynisme. J'ai bien peur qu'on ne fasse plus la différence entre le «cynisme», qui est issu du mépris, et l'«indignation» qui relève du sens moral. On leur a aussi reproché de faire de l'information-spectacle. Ils se défendent bien de faire du journalisme. Au contraire, il faut déjà être bien informé et même cultivé pour apprécier pleinement leurs faux bulletins de nouvelles, qui nous invitent à traquer la thruthiness et à la remplacer par un peu plus de science.

Alors, à ceux qui croient encore au Père Noël, je souhaite que le vieil homme remplace leurs lunettes roses par une loupe, pour mieux voir les récupérations, les demi-vérités et les formules «jovialistes» qui permettent d'embellir la réalité, de faire fi des lois de la nature et de repousser les changements profonds que nous devons opérer si nous voulons limiter les dégâts et retrouver la joie de vivre que procure la connexion avec la Vie. Soyons héroïques et indignons-nous avec humour car, comme disait le comédien Doris Lussier dans une célèbre série télévisée des années 1960 :19 «le rire est la meilleure façon de montrer les dents»...

NOTES

1. Selon Jean Jouzel, paléo-climatologue français, vice-président du groupe scientifique du GIEC, "le chiffre de 2 degrés est évoqué depuis 2003. L'objectif a d'abord été proposé par l'Union européenne puis il a été discuté lors de la conférence de Bali en 2007 avant d'être mentionné dans l'accord de Copenhague en 2009 et adopté à Cancun en 2010. C'est donc un objectif politique au sens noble du terme.
www.goodplanet.info/actualite/2014/11/18/jean-jouzel-deux-degrés.
2.www.avenir-sans-pétrole.org/article-presidentielle-et-croissance-economique-sortir-du-deni-103513585.html
3. Smil, Vaclav, Vers un monde postcarbone? vaclavsmil.com/upload/smil-article-cahiers-iau-158.pdf
4. tep = tonne équivalent pétrole: correspond au pouvoir calorifique d'une tonne de pétrole "moyenne"
5.www.energyreaIities.org/chapter/meeting-our-needs/item/per-capita-energy-consumption/erp327B7C729A3B31D2B
6. Smil, Vaclav, Energy Transitions.
7. The Globe and Mail, Margaret Wente, The man who's tutoring Bill Gates... (19 juin 2010)
8. Smil, Vaclav, Vers un monde postcarbone? vaclavsmil.com/upload/smil-article-cahiers-iau-158.pdf
9. idem
10. idem
11. World Economic Forum: forumblog.org/2014/11/will-2015-year-jobless-growth/
12. Euzéby, Alain, Le Monde 30/06/2013 (monde.fr).
13. World Economic Forum: forumblog.org/2014/11/will-2015-year-jobless-growth/
14.www.latribune.fr/opinions/tribunes/20131002trib000788167/nous-ne-vivons-pas-assez-scientifiquement-dans-ce-monde-nassim-nicholas-taleb.html
15. The Globe and Mail, Margaret Wente, The man who's tutoring Bill Gates... (19 juin 2010)
16. www.huffingtonpost.com/2012/11/28/jon-stewart-birthday-50-reasons-to-love-him_n_2204394.html
17. Rogak, Lisa, Angry Optimist: The Life and Times of Jon Stewart, St. Martin's Press, New York, p. 220.
18. idem, p. 107
19. Père Gédéon: personnage créé et campé par le philosophe, écrivain, humoriste et homme engagé socialement Doris Lussier. Le Père Gédéon était un hommage au Québec rural.

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