La connaissance onéreuse du patrimoine naturel...

Andrée Mathieu

Je ne peux pas croire que le gouvernement québécois, dirigé par le fils de Pierre Couillard de Lespinay, professeur émérite de biologie à l'Université de Montréal, veuille imposer des tarifs aux biologistes, universitaires et organismes sans but lucratif qui demandent des permis fauniques à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune et de ses habitats! Je me demande ce que le savant professeur aurait pensé de ça...

Dans la réponse écrite où le MFFP justifiait son projet de règlement on peut lire que " Les sommes perçues seront d’ailleurs réinvesties afin que le ministère puisse remplir ses obligations en matière de conservation, de mise en valeur, de protection de la faune et de ses habitats ». Doit-on comprendre que les tarifs imposés aux étudiants, aux chercheurs et aux bénévoles vont servir à rétribuer les fonctionnaires du Ministère? Depuis quand ceux qui produisent la connaissance doivent-ils subventionner ceux qui l'utilisent? C'est incroyable, je ne m'en remets pas!

On semble avoir beaucoup de mal à faire des nuances et à établir des priorités dans ce gouvernement... Ne serait-il pas possible d'imposer des tarifs aux compagnies privées qui profitent de notre patrimoine naturel collectif, et laisser tranquilles ceux qui cherchent à mieux le connaître et à le protéger?

L'an dernier, le Prix Hubert-Reeves a été accordé à l'excellent livre "Changements climatiques et biodiversité du Québec" sous la direction du professeur Dominique Berteaux de l'Université du Québec à Rimouski. "Afin de comprendre et de prévoir leurs effets sur la biodiversité du Québec, des climatologues, des biologistes, des naturalistes et des gestionnaires de notre patrimoine naturel ont collaboré durant cinq années pour produire cet ouvrage" peut-on lire dans le communiqué de presse qui l'accompagnait. Je ne peux pas croire qu'on songe à "taxer" ce type de gens dévoués qui nous font profiter de leur sagesse!

Connaître les impacts des changements climatiques sur la vie est de plus en plus nécessaire. Le Gouvernement prétend prendre cette problématique très au sérieux, mais pour le démontrer il s'apprête à mettre des bâtons dans les roues à ceux qui veulent participer aux efforts en vue de mitiger les effets du réchauffement, et des conditions climatiques extrêmes qui en découlent, sur notre plus grande richesse collective, des écosystèmes en santé. Quand cessera-t-on de tenir des beaux discours et de faire le contraire? Quand les bottines suivront-elles enfin les babines, selon l'expression populaire? Et merci à Monsieur Shields de nous avoir alertés.

Andrée Mathieu

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