L'Encyclopédie sur la mort


Loto-Québec: rayons et ombres

Éric Volant

L'article, qui suit, est un survol de la presse au Québec au sujet de la déclaration de Loto-Québec sur le suicide et le jeu durant la semaine de prévention du suicide et suite à cette déclaration.


Le jeudi 14 février 2008, dans un article du quotidien Le Soleil, Gilbert Lavoie dévoile le côté sombre de Loto-Québec. «Si vous avez fait un don à la Fondation des maladies du cœur, en 2007, écrit-il, on vous a peut-être expédié cette semaine un reçu pour fin d’impôt, accompagné d’un formulaire de Lotomatique, le service d’abonnement aux loteries de Loto-Québec.»

Étonnant n'est ce pas?

Il a fallu «six ans à Bill Clennett et une décision de la Cour d’appel, poursuit-il pour obtenir de l’information sur les suicides liés au jeu. En plus, une longue litanie de procédures juridiques a été engagée par Loto-Québec contre le recours collectif intenté en 2001 par un citoyen de Québec, Jean Brochu, qui se dit victime des appareils de loterie vidéo. Sept ans et demi plus tard, la cause sera finalement entendue en septembre, si les avocats de l’organisme ne trouvent pas un truc pour obtenir un autre report.»

Le jeudi 14 février 2008 paraît un article de Brigitte Breton dans Le Soleil : «Prise à son jeu». Nous y lisons que «le jeu pathologique est un élément déclencheur» du comportement suicidaire. Là où Loto-Québec déclare deux suicides ayant lieu au casino, le Bureau du coroner estime pour sa part qu’entre 2000 et 2005, le jeu pathologique a été à l’origine de 175 suicides. Durant cette période, il est pertinent de le noter, le Québec a relevé 7697 suicides.

Selon Pierre Jury dans «Les vraies statistiques» (Le Droit, le mercredi 13 février 2008), «Les victimes ne se suicident pas au casino ou tout près, dans un geste subit à la suite d'un choc, mais attendent des heures, des jours, des semaines avant de poser des gestes qui sont ainsi fortement prémédités, réfléchis, planifiés. Plusieurs laissent aussi des traces derrière eux qui permettent de comprendre l'ampleur de leur détresse. La vérité se trouve donc bien plus proche de ce que le Bureau du coroner du Québec a révélé que ce que Loto-Québec a fini par reconnaître de guerre lasse, sur ordre de la cour.»

«À la lumière de ce qui a été révélé, il faut donc reprocher à Loto-Québec son obsession du silence, du contrôle de l'information et des prétextes "de sécurité" à vouloir taire ce qui n'était, finalement, que quelques taches et beaucoup d'opérations de routine (une ambulance par semaine entre 1999 et 2003, souvent pour soigner des infarctus et autres malaises, comprend-on).»

Le mercredi 30 janvier 2008, «Code de conduite: Loto-Québec ferme les yeux», communiqué publié par La Presse Canadienne à Montréal, «Loto-Québec ferme les yeux sur des bars qui bafouent le code de conduite sur les machines de loterie vidéo qu'elle a imposé en 2005, alors qu'elle promettait de s'attaquer au jeu compulsif.»

«Au cours des derniers jours, des membres d'une équipe envoyée par le Journal de Montréal se faisant passer pour des joueurs ont visité une douzaine d'établissements de Saint-Eustache à Beloeil en passant par Montréal et Laval. Or, la majorité de ces établissements, choisis au hasard, ont été pris en défaut. On a constaté qu'il est facile de jouer à plus d'une machine de loterie vidéo, d'être isolé dans une pièce laissée sans surveillance et de trouver un guichet automatique tout près de l'aire de jeu. En revanche, deux points du code étaient appliqués à la lettre dans tous les endroits inspectés: l'affichage du code afin qu'il soit visible en tout temps, ainsi que la disponibilité des dépliants d'information sur le jeu excessif.»

Le samedi 26 janvier 2008, dans Le calvaire d'une mère, Ariane Lacoursière du journal La Presse explique que «C'est vers l'âge de 17 ans que le jeune Montréalais Trevor Vineberg a appris à jouer au poker, dans une salle d'arcade de son quartier. Il a rapidement eu la piqûre. Si bien que lorsqu'il a atteint la majorité, il est devenu adepte des appareils de loterie vidéo. À 23 ans, Trevor a reconnu sa dépendance. Accompagné de sa mère, il s'est rendu à des réunions de Gamblers Anonymes. Pendant des mois, il n'a pas joué. Mais à 25 ans, il est retombé. Cette année-là, quelques jours après Noël, Trevor a été retrouvé dans le garage de ses parents. Il gisait inconscient dans sa voiture. Étranglé par les dettes, Trevor s'était suicidé.

«Mon fils était un bon garçon. Il ne buvait pas. Ne fumait pas. Le jeu peut toucher tout le monde», avertit Mme Vineberg.

Le porte-parole de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy, soutient qu'il est «difficile d'évaluer correctement la situation». Selon lui, la majorité des jeunes «font la part des choses» et comprennent que «ce n'est pas parce qu'on voit un appareil qu'il faut y jouer». M. Roy ajoute que Loto-Québec verse chaque année 22 millions de dollars au ministère de la Santé pour financer des programmes de recherche et de prévention.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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