L'ère des fanatismes

Nicole Morgan

Première partie : le populisme

Cygne noir, cauchemar ou délire ?

L’ÈRE DES FANATISMES

Donald Trump l’équivalent politique des cygnes noirs en économie. [1]On rappellera que la théorie du cygne noir a été développée par Nassim Taleb[2] pour désigner un événement imprévisible à faible probabilité (appelé « événement rare » en théorie des probabilités) et qui, s'il se réalise, a des conséquences d'une portée considérable et exceptionnelle.  

La métaphore utilisée souvent autour de moi (tout le monde n’a pas lu Taleb) est plutôt celle d’un cauchemar dont on se réveillerait brusquement à commencer par les fanatiques quasi envoutés qui le suivent dans son délire.  Après tout, m’a-t-on répété, on a connu cela, à plus petite échelle avec Joseph Maccarthy, sénateur républicain du Wisconsin, alcoolique et paranoïaque qui, en 1950 dénonça la mainmise des communistes sur le département d’état. Des preuves, il n’en avait aucune mais il lança ainsi une chasse aux sorcières qui traumatisa les États Unis pendant quelques années[3]. Écrivains, artistes, les plus célèbres, héros militaires, se retrouvèrent ainsi sur le banc des accusés. Le général Marshall, l'organisateur de la victoire américaine de 1945, l'auteur du célèbre plan, l'ancien secrétaire d'État et secrétaire à la Défense, subit de violentes attaques pour n'avoir pas soutenu Tchang Kaï chek en 1946.

Jusqu'au jour où, en 1954, Mccarthy s'en prit à l'armée tout entière et menaça directement les fondements de la société politique. Il accusa le Parti démocrate de « vingt ans de trahison » (1933-1953) à commencer par Roosevelt. Mccarthy était allé trop loin. Les Sénateurs républicains s’indignent. Le 2 décembre 1954, McCarthy est censuré par le Sénat américain par 67 voix contre 22, lequel vote une motion de blâme et lui retire la présidence du sous-comité d’enquête. Même si McCarthy conserve sa charge de sénateur, cette décision ruine définitivement sa carrière. Le cauchemar est terminé. C’est après tout cela un cauchemar, cela n’est qu’un rêve qui passe.

Arrêtons ici la comparaison avec Donald Trump. Mc Carthy n’était qu’un petit sénateur qui ne garda pas longtemps l’appui de son parti et collègue. On l’oublia très vite.

Mais il n’était qu’un petit sénateur.  On s’en est alors allé vers des comparaisons avec des hommes de grands pouvoirs : rois, princes, leaders, présidents führers à commencer par Caligula et en terminant par Hitler.

Ce sont des comparaisons valides lorsqu’il s’agit de décrire la paranoïa dont ils souffraient tous à des degrés extrêmes. Mégalomanes, voyant des ennemis partout, ils ne visent qu’au pouvoir absolu. Et les régimes autoritaires ont des points communs y compris, comme le fait remarquer Umberto Eco, la pauvreté de la langue qu’ils utilisent.  Le fascisme éternel, dit il parle la Novlangue. La Novlangue, inventée par Orwell dans 1984. Elle se caractérise par un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique et d’une pensée complexe.[4]

Mais ce sont de bien pauvres comparaisons qui n’ont comme avantage que de nous rassurer. Ces fous finissent par disparaître et l’on revient à l’idée de cauchemar dont on se réveille comme les Allemands (du moins ceux qui étaient encore vivants) l’ont fait en 1945 aux milieux des ruines.

D’abord on ne peut pas comparer l’ascension de Hitler avec celle de Donald Trump. La première était presqu’inévitable dans une Allemagne économiquement dévastée après la première guerre mondiale, traité de Versailles aidant. Celle de Donald Trump n’est compréhensible que si on ne fait plus de surfing évènementiel.  En 2016, les États-Unis d’Amérique était non seulement stable mais puissant. Certes beaucoup vont dire, et ils ont raison que sous la surface des fractures sociales et économiques jouaient les plaques tectoniques, mais cela peut être dit de tous les pays.

 Le phénomène Trump est nouveau en ce qu’il a été préparé pendant cinq décennies par de nouveaux pouvoirs mondiaux qui sont au-delà de la droite ou la gauche, les démocrates ou les républicains.  Si on insiste sur les classifications, je propose que le monde est en train de se diviser entre les super prédateurs et le reste que j’ai d’ailleurs du mal à décrire :  un composite d’états qui cherchent à se rassembler autour d’une idée de bien commun étendu à la planète et un magma de rassemblements populistes, tribaux, fanatiques religieux, terroristes de tout poil dans lequel viennent puiser les grands prédateurs afin d’assurer leur pouvoir. N’oublions pas surtout les nouvelles hégémonies qui vont changer toutes les donnes.

J’ai décrit ad nauseam (un peu sinon en vain dans le monde anglophone) la préparation médiatique de la venue de ce messie noir qu’est Donald Trump (http://agora.qc.ca/nicole-morgan/haine-rouge-et-peur-blanche). J’ai tenté d’expliquer pourquoi et comment les grands prédateurs que Donald Trump représente sont anti science (http://agora.qc.ca/nicole-morgan/trump-contre-la-science).

Mais aujourd’hui j’aimerais parler des deux terrains exploités entre autre, par le super prédateur qu’est Donald Trump : Le populisme instrumenté et les religions fanatisées.

Il est temps de rouvrir le dossier du Tea Party et des sectes religieuses à l’Américaine.  On ne peut pas comprendre la popularité de Donald Trump (n’oublions pas que 70 millions d’Américains ont voté pour lui) sans comprendre le populisme et j’aimerais dire les populismes. Car même si le contenu de leurs slogans diffère, les populismes qui explosent dans le monde se ressemblent.   Dans une enquête sur les origines du populisme, paru au Seuil, les auteurs parlent d’un populisme qui serait « le produit de deux secousses telluriques. Premier séisme : la montée d’un immense ressentiment contre les partis et les institutions politiques. Face à l’échec de la droite et de la gauche à contenir les excès du capitalisme, la radicalité « anti-système» a brisé les compromis que l’un et l’autre camps étaient parvenus à édifier. Deuxième séisme : la fin de la société de classes, au profit d’une société d’individus pensant leur position sociale en termes subjectifs. Une nouvelle polarité en résulte, qui sépare les « confiants » des « méfiants » envers autrui. La droite populiste surgit au croisement d’une double méfiance – à l’égard des institutions politiques et à l’égard de la société. Elle prospère sur le désenchantement démocratique, tout en renouvelant le clivage gauche-droite. »

Je voudrais ajouter que ces analyses par le désenchantement me rappellent celles qui au moment de ma jeunesse d’études sociologiques, parlaient toutes d’aliénation. Les masses, me disait-on, était « aliénées », ce qui ne voulait pas dire grand-chose (et ne le dit toujours pas). Le «on» tend à ne pas analyser en profondeur la venue de ces nouveaux pouvoirs qui forment les opinions : les tous puissants médias, y compris ces nouvelles techniques qui utilisent les grands nombres afin de vendre un produit (ce produit peut être politique) Les désenchantements du XXIème siècle, ne sont pas forcément de la même mouture que les colères populaires des siècles précédents. Aujourd’hui, le peuple c’est l’internet.

L’EXCEPTIONALISME AMÉRICAIN : SON POPULISME

Mais revenons au Tea party, et sans lequel Donald Trump serait resté un escroc immobilier mégalomane et donc dangereux.    Un parti qui n’en n’était pas un stricto sensu, mais qui fut un indispensable colleur d’affiche, et, point essentiel, qui a été instrumenté par la haute finance, de pair et on commence à le comprendre par la propagande russe de déstabilisation[5].   Les mots populismes, aliénation, désenchantement brossent beaucoup trop large. Le populisme américain qui a porté Trump au pouvoir n’a pas grand-chose en commun, sinon la colère, avec les populismes révolutionnaires. Il est exceptionnel en même temps que nous laissant entrevoir un universel.

Dans le méli-mélo des groupes socio-économiques qui ont formé le Tea party, et qui fut la base des 70 millions d’électeurs qui ont choisi Donald Trump, on trouvait, certes des travailleurs menacés par les délocalisations, des jeunes au chômage,  une petite classe moyenne dont les revenus baissaient chaque année, mais on trouvait aussi et même surtout une population, isolée,  pas forcément pauvre qui ignorait tout de ce dont il s’agit, à commencer par les changements climatiques, qui était gardé dans l’ignorance, laquelle a été instrumentée comme nous allons le voir avec une efficacité redoutable, ce qui ne laisse rien présager de bon pour un retour à la normale, même si le phénomène Donald Trump disparaît comme il était venu.

Je vais donc proposer ce retour en arrière qui a le but de nous faire comprendre pourquoi et comment 70 millions d’Américains ont voté pour un président dément, destructeur et mortifère, porté par un mouvement mondial qui n’a pas encore de nom.

LE TEA PARTY : UN PODIUM POUR DONALD TRUMP

Revenons en arrière, en 2008 : Si un certain nombre des plus grands analystes avaient prévu la crise financière, aucun politicologue n’avait prévu l’émergence de ce Tea Party qui semblait sorti du néant ou plutôt de l’imagination d’une bloggeuse qui en 2009 appela à une révolte similaire à celle du Tea Party de Boston contre les impôts imposés sur le thé par la monarchie britannique au XVIIIe siècle. Des manifestations « spontanées » du mouvement s’en suivirent et des citoyens bien ordinaires protestèrent contre le déficit, les impôts et un gouvernement trop envahissant. Ainsi se forma apparemment ce Party qui malgré son nom, n’est ni un parti politique, ni même un troisième parti en formation qui siégerait un jour au Congrès au côté de leurs homologues démocrates et républicains. On le traduit quelques fois en français par les Parties du thé.

Le pluriel est de mise car c’est un mouvement qui à première vue apparait éclectique. Sous la bannière commune « Moins de taxe, moins de gouvernement ! » se regroupent des paranoïaques semi-délirants en paroles et brutaux en action, des intégristes religieux martelant la Bible de leurs poings, des athées qui agitent la Constitution américaine, des libertaires, des jeunes ne trouvant pas de travail, des mères de famille inquiètes pour eux, de nombreux préretraités au passé tranquille, des nostalgiques d’une Amérique toute puissante, des économistes paniqués, des arrivistes en quête de pouvoir, de célébrité et de fortune, des illettrés et des docteurs en droit ou philosophie et l’inimitable « Joe-le-Plombier » qui fort d’un succès télévisé de deux minutes brigue l’investiture républicaine à la Chambre des représentants. Plus tard on y retrouvera des indignés qui n’auront comme points communs avec la première mouture que la force de l’indignation. Mais ainsi en va-t-il des mouvements populaires.

La diversité s’arrête à la couleur de la peau. Elle est dans sa majorité blanche : on évite encore toute insulte directe mais un courant raciste est discernable surtout dans les États du sud. Certaines des pancartes que les membres du Tea Party agitent lors de réunions houleuses en témoignent. En voici quelques-unes… parmi celles qui sont publiables. Nombreuses sont celles qui font appel à Dieu : « Dieu nous a donné une Nation Chrétienne », « Parle pour toi Obama : nous sommes un pays chrétien ». D’autres sont rédigées à l’encre de la xénophobie : « USA sort de l’ONU », « Fermez les frontières AUJOURD’HUI » « Qu’est-ce qu’un pays musulman a jamais fait pour vous? » La religion n’est pas loin et nous y reviendrons. Les pancartes se multiplient autour du thème : « Une éducation sans la Bible est inutile ».

C’est aussi un mouvement d’immense colère populaire envers ceux du peuple qui sont perçus comme des mouchers, ceux qui profitent du système : immigrants, bénéficiaires du bien-être social vu comme paresseux, tire-au-flanc, faux malades, etc. Une étude récente fort intéressante montre bien comment la colère s’est peu manifestée contre les banques mais s’est fait virulente lorsqu’il s’est agi des démunis jugés non méritants, que fait vivre toute une classe laborieuse[6]. Ajoutons qu’il est plus facile pour quelqu’un qui travaille et vit modestement de s’en prendre à des assistés sociaux qu’il perçoit comme vivant de ses modestes économies que de s’en prendre à un banquier auquel il a confié toutes ses économies maintenant évaporées. Cela ne devrait pas nous étonner : le vol à la tire dans les grands magasins laisse beaucoup plus indifférent que le vol d’une bicyclette perpétré par un voisin. Des escroqueries portant sur des milliards de dollars sont quasi virtuelles, en tout cas trop lointaines. En revanche lorsqu’un contribuable modeste aperçoit un assisté social achetant une caisse de bière chez le marchand du coin, une colère sans borne l’envahit. C’est une colère qui certes a été instrumentalisée, mais elle est sincère et viscérale comme en témoignent tous les slogans « Travaille paresseux! » « À bas les parasites ».  Ce n’est pas nouveau Donald Regean doit sa popularité à la mise au pilori d’une «welfare queen», une assistée sociale, noire, qui avait truandé l’assistance sociale de quelques dizaine de milliers de dollars.

Les slogans et caricatures les plus virulents sont réservés au Président américain qui brigue un second mandat. Il est accusé en vrac d’être Hitler, Staline, le Joker ou l’Antéchrist : Sur le front d’Obama est gravé 666»  menace un slogan en lettres rouges. On le dit illégitime : « Obama usurpateur : il n’est pas né aux États-Unis » C’est un détail important puisqu’on ne peut être président que si on est né aux États-Unis. Arnold Schwarzenegger, l’ex gouverneur de la Californie et célèbre acteur, ne le sait que trop. Né en Autriche il n’a pu briguer la présidence… à son grand regret.

Des membres du Tea Party en effet accusèrent le Président de cacher ses origines africaines et donc musulmanes, jetant le doute sur sa naissance dans l’État d’Hawaï où il est né, citoyen américain, le 4 août 1961. Donald Trump n’aura donc aucun problème à reprendre la rumeur, il le fera et le fait toujours. Un analyste, Adam Serwer comprend pourquoi : « Le birtherisme, écrit-il, était une déclaration de valeurs, un moyen d'exprimer l'allégeance à une notion particulière de l'identité américaine, qui est devenue le thème central de la campagne Trump elle-même: pour rendre l'Amérique à nouveau grande, pour revenir en arrière à une époque où les politiques et l'hégémonie culturelle n'a pas été menacée par les Noirs, par les immigrants, par des personnes d'une religion différente. Par des gens comme Barack Obama. Les appels à désavouer le birthérisme ont manqué le point: toute la campagne de Trump était le birtherisme. » [7]

Cette une rumeur folle obligea les démocrates à se mettre sur la défensive, et ce d’autant que très vite, les médias aidant tout le monde en parla. Ce que voulait Donald Trump qui utilisa transforma les media en campagne de publicité gratuire.

À commencer bien sûr par les fameux talk-radios les plus conservateurs et agressifs qui prospérèrent après l’abrogation en 1987 de la Fairness Doctrine imposée par la Commission fédérale des communications (Federal Communications Commission).

 fairplay est de demander qu’on expose le public à plusieurs points de vue. On demandait aussi que les présentations soit faite d’une manière qui soit « honnête, équitable et équilibrée ».

Son abrogation donna le feu vert à des programmes politiques, dûment financés et qui étaient tout sauf honnêtes, équitables et équilibrés. Ce ne serait en rien exagérer que de dire qu’ils en étaient tout le contraire. On pouvait ainsi injurier, insulter, et proposer les rumeurs les plus folles sans retenues.

Les talk-shows conservateurs se multiplièrent et la FOX se fait un plaisir de contribuer à la campagne sur le « scandale » de la naissance d’Obama. Experts après experts étaient interviewés pour donner substance à l’accusation.  Les Démocrates s’enfonçaient, ne comprenant pas que la présentation de preuves ne faisait qu’ajouter à la conviction de ceux qui voulaient croire à l’imposture qui demandaient des preuves pour les contre discours.  C’est une technique qui nous rend fou, nous autres être rationnels persuadés que tout être humain se meurt d’avoir une bonne information et que l’accès à cette information est le pilier de la démocratie. Donald Trump l’a utilisé sans arrêt jusqu’à hier puisqu’il demande que Joe Biden présente les preuves que 80 millions d’électeurs ont bien voté pour lui. 

Pire dans le cas du birthisme les chaines de télévision bien pensantes et obsédées par leur image d’objectivité, jouèrent la neutralité donnant ainsi une légitimité à la rumeur sans fondement. Elles accordèrent un temps d’antenne égal à ceux qui accusaient Obama de fraude et ceux qui ne faisaient quelquefois que bégayer « C’est absurde! », estomaqués par ce qui leur apparaissait insensé. Cette pratique, explique le sociologue Michael Schudson dans son livre Discovering the News[8], reflète le fait que la politique américaine est bipartite. Le pli est pris : toute question, même si elle n’est pas politique mérite un débat bipartite.

« Un bon journaliste, explique l’un deux, donne respectueusement la parole à deux opinions opposées. On doit écouter les plus folles allégations (la terre est plate) et demander ensuite aux scientifiques de prouver que la terre est ronde. Aujourd’hui, n’importe qui peut dire n’importe quoi et accuser. S’il le dit assez fort, il aura droit à un débat qui d’une certaine manière le légitimera. » De fait les représentants du Tea Party, redoublèrent leurs accusations, apportant des preuves aux origines plus que douteuses. Lorsque l’original du certificat de naissance fut produit, ils crièrent au complot avec d’autres preuves à l’appui.

« La technique de propagande la plus brillante, a écrit un spécialiste en la matière, n’aura aucun succès si elle n’utilise pas ce principe fondamental. On doit se contenter de quelques points et les répéter sans arrêt. » Hitler, l’auteur de ce conseil, avait raison: la répétition paye. « Une enquête a montré que la majorité des électeurs républicains dans le Sud pensent qu’Obama n’est pas chrétien. En Alabama seulement 14 % disent qu’Obama est chrétien, tandis que 45 % se disent certains qu’il est musulman. 41% hésitent. Même tableau au Mississippi. Sur 656 électeurs du parti républicain interrogés, 12% ont dit qu'Obama était chrétien, 52 % l’ont classé musulman, et 36 % hésitent.[9] »

Le politicologue Brendan Nyhan a fait de longues recherches sur ces croyances teintées de paranoïa qui parcourent sans arrêt la culture américaine. Lui et son collègue Jason Reifler ont montré qu’une fois la fausse idée lancée, il devient très difficile de s’en débarrasser.  Il n’y a pas de fumée sans feu disent ceux qui veulent paraître sages. Le pire moyen de la combattre est de lui donner crédit en acceptant d’en débattre. « Plus on répète la fausse idée, plus on la répand… Il est très important de ne pas la répandre car les gens ont tendance à croire ce qui devient familier.[10] »

C’est de la propagande classique bien menée, à laquelle s’ajoute le spectacle qu’est devenue la politique depuis ce jour de 1960, où J.F Kennedy, jeune est beau, a rencontré sur un plateau de télévision son adversaire pour la présidence : un Richard Nixon qui ressemblait à Patibulaire « Ce fut un des moments charnières, où on peut dire que l’histoire bascula de manière dramatique en une seule nuit » a expliqué Alan Schroeder, un spécialiste de l’histoire des media de l’Université Northeastern[11]. « Nixon était tout pâle et avait perdu du poids à la suite d’une récente hospitalisation. Il semblait maladif et était en sueur, alors que Kennedy est apparu calme et confiant. Ceux qui ont écouté le débat à la radio ont dit que Nixon l’avait gagné. Mais les auditeurs étaient en minorité. En 1960, 88% des ménages américains avaient la télévision – une hausse spectaculaire par rapport aux 11% de la décennie précédente. 74 millions de téléspectateurs qui avaient regardé le débat ont déclaré Kennedy gagnant… sans équivoque. Bien des observateurs ont dit que Kennedy avait remporté l'élection cette nuit-là.[12] »

Un monde bascula, confirmant les hypothèses de Georges Lakoff : les messages politiques modernes s’adressent aux parties métaphoriques du cerveau, laissant le cortex à lui-même, hésitant, pondérant, maladroit et pas du tout médiatique.

Si le Tea Party enrage les intellectuels, ses images passent bien auprès du reste de la population. Les femmes du Tea Party, candidates à des investitures républicaines furent du grand spectacle. Jolies, elles captivèrent les spectateurs qui souvent se contentèrent de sourire lorsqu’elles ouvraient la bouche: Michèle Bachmann, affirma avoir personnellement rencontré Dieu deux fois et s’est inspirée de ces rencontres pour menacer « Je ne sais pas ce que Dieu doit faire pour attirer l’attention des politiciens. Nous avons eu un tremblement de terre; nous avons eu un ouragan. C’est comme si Dieu nous disait : est-ce que vous allez enfin m’écouter? » Sarah Palin, s’en tenant à une lecture rigide de la Bible affirma « Les dinosaures et les humains ont vécu sur la Terre en même temps, il y a 6000 ans. Des photos que j'ai vues montrent des empreintes humaines dans les empreintes de dinosaures. » Christine O`Donnell se fit moraliste « Ce n’est pas assez de pratiquer l’abstention sexuelle. Vous devez pratiquer l’abstention totale même quand vous êtes seuls. La Bible dit que la luxure est dans votre cœur lorsque vous commettez l’adultère. Et lorsque vous vous masturbez vous tombez donc dans la luxure. » Elle confessa dans le même souffle avoir tâté de la sorcellerie dans sa jeunesse. Soyons honnêtes: les déclarations de certains de leurs collègues masculins sont du même acabit, sinon pires, mais, elles sont plus télégéniques et selon une journaliste célèbre « On a plus de plaisir à disséquer les femmes visuellement. »

Proférées par des hommes ou des femmes, extravagantes ou non, ces déclarations sont « publicité » et toute publicité est bonne, outre le fait qu’un bon nombre de ces déclarations sont prises au sérieux. Une partie de l’électorat partage les vues de Sarah Palin sur la théorie de l’évolution. Des chercheurs ont comparé les résultats d’une enquête portant sur le sujet, effectuée sur plusieurs années depuis 1985 aux États-Unis, au Japon et dans 32 pays d’Europe. « Aux États-Unis seulement 14 % des adultes ont répondu que l’évolution était pour eux “définitivement vraie”, alors qu’un tiers d’entre eux la rejetaient tout aussi fermement. Dans les pays européens plus de 80% des adultes ont dit accepter la théorie sans hésitation.[13] » De fait, l’Amérique bruisse de croyances qui n’apparaissent folles qu’aux Européens. C’est le pays où l’on croit aux soucoupes volantes au point où en 2012 une majorité d’Américains est certaine que la Maison Blanche ment lorsqu’elle prétend ne pas avoir de preuve de l’existence d’extraterrestres. « D’après un sondage, 99% des personnes interviewées croient que des OVNIS ont visité notre planète à un moment de son histoire[14]. » Ajoutons que la vaste majorité des soucoupes volantes qui ont été vues l’ont été aux États-Unis, confirmant une idée répandue que les extraterrestres semblent particulièrement intéressés par l’Amérique.

Il faut savoir aussi que même les déclarations les plus absurdes ne peuvent être discutées de manière informée et rationnelle tant l’anti-intellectualisme est profond aux États-Unis. Si les Français aiment que leurs présidents publient des recueils de littérature ou de philosophie, il n’en n’est pas de même outre Atlantique. Lorsque Georges W. Bush faisait les manchettes avec ses nombreuses bévues linguistiques et sémantiques, connues sous l’appelation de Bushismes une partie de la population en riait, mais une autre y voyait l’expression d’un homme « vrai », comme « tout le monde », loin de la pédanterie dont on accuse les « têtes d’œuf » (Egg head), alias les penseurs aux hauts fronts chauves, associés à l’aristocratie dans un pays où l’aristocratie est honnie depuis des générations.

Le thème du film de Frank Capra « Monsieur Smith va au Sénat » (Mister Smith goes to Washington) réalisé en 1939, qui donne le pouvoir pour un temps à un Monsieur Dupont plein de bon sens, fait partie de la psyché américaine et se retrouve dans bien d’autres films à succès. Cela dit, de l'avis de Suzan Jacoby du Washington Post .  La nouvelle mouture de l'anti-intellectualisme n'est pas seulement le retour de la vague, c'est une inondation. » C’est au point où tous les candidats à l’investiture républicaine de 2012 essaient de marquer des points en promettant de se débarrasser des « intellectuels » auxquels est toujours ajouté le qualificatif « snobs » de Washington. C’est au point où certains craignent « l'ignorance totalitaire » qui prépare le terrain pour le totalitarisme pour reprendre l’expression au philosophe espagnol Fernando Savater.

Ce populisme anti élite déclaré peut prêter à des comparaisons inadéquates. Dans un éditorial du New York Times Robert Zaretsky compare Le Parti du Thé au mouvement anti élitiste lancé par Pierre Poujade en France dans les années cinquante, lequel a siégé au Palais Bourbon. Pour ceux qui ne s’en rappellent pas – et ils sont nombreux tant le mouvement fut marginal – les poujadistes formés de petits commerçants et de mécontents en tout genre dénonçaient, avec véhémence, comme leurs homologues américains, les impôts, « l’État vampire » ses « soupiers » (les grands commis qui « vont à la soupe »), et l’élite intellectuelle. « Dans les deux cas, le désespoir et la déconnexion avec le politique est réel, tout comme cette tendance qui veut fournir des solutions simples à des problèmes complexes » note Robert Zaretsky qui conclut sur le fait que les deux mouvements « n’apportent rien dans les urnes à part de la colère.[15] »

Les interprétations par des bouffées de colère populaire des désenchantés qui seraient cycliques, nous rassurent en nous berçant de leur mouvement. Elles nous offrent des concepts familiers qui ne bousculent ainsi jamais nos référents de base et ne dérangent donc point notre avenir ou du moins l’image que nous voulons en avoir. On veut croire que « Les hommes seront toujours des hommes », qu’ils ont tous soif d’information, que la démocratie finit toujours par gagner, que l’État sera conforme à son sens étymologique et se tiendra toujours « debout » et donc que les populismes ne dureront que le temps d’une colère. De fait, même s’ils font beaucoup parler d’eux, seulement 11% des Américains adultes se disaient membres actifs du Tea Party et participaient aux nombreuses manifestations dont certaines ont l’allure de kermesses ou de fêtes d’Halloween, costumes, masques et peintures du visage à l’appui. Nombreux étaient les analystes qui prédisaient que le mouvement, une fois la colère retombée, allait se dissoudre après les élections présidentielles de 2012.

De fait Charles de Gaulle qui tendait à voir les événements avec le recul historique regardait le poujadisme comme un hoquet de l’histoire. L’arrogance lui était certes facile surtout quand elle était justifiée ce qui était le cas dans le contexte des années 1950. Pierre Poujade agaçait davantage par ses mauvaises métaphores que par ses menaces. C’était un mouvement populaire spontané qui méritait son nom, sans tenants ni aboutissants. De plus, dans les années cinquante, l’état moderne et ses fonctions, régulatrices et de services, étaient non seulement solides mais nous apparaissaient comme une nécessité évidente de la raison, l’aune à laquelle se mesure toute forme de progrès politique humain, auquel on croyait encore.

Dans le cas du Tea Party, le mouvement n’est populaire qu’à la surface des choses. Fortement instrumentalisé, il a servi à canaliser les diverses émotions populaires autour du gouvernement rendu responsable de la crise économique et qu’il s’agit d’abattre complétement, pas seulement le gouvernement démocrate mais toute forme de gouvernement qui gérera un bien commun, des biens et services, un gouvernement de droit. C’est écrit en toute lettre. Des milliers de pancartes citent Reagan « Le gouvernement n’est pas la solution à notre problème; il est le problème. » Slogans après slogans répètent le mantra du laissez-faire, la spontanéité et fraicheur populaire en plus. « La seule taxation juste est l’absence d’impôts » peut-on lire sur une pancarte. « Nous voulons être libérés de l’esclavage de la taxation » renchérit une autre. Une autre encore accuse : « La taxation c’est une nouvelle forme de terrorisme. » On met au pilori les programmes sociaux dont celui de l’assurance santé : « Obamacare est du vol ». On fustige toutes les réglementations : « Obama arrête de me dire ce que je dois acheter. Je suis libre de manger ce que je veux. »

Non seulement le Tea Party répète le mantra du laissez-faire mais il donne aussi ce que Georges Lakoff appelle un « cadrage » dans lequel doivent se tenir tous les discours politiques. On devient prisonnier du discours bipartisan : si on n’est pas pour la liberté totale on est socialiste. Tout effort de gérer l’état raisonnablement est vu sous ce prisme. Nous retrouvons ici le simplisme des idéologies dont nous parlait Isaiah Berlin. Simple, mais si efficace dans un pays où les mots socialisme et communisme sont aussi émotionnellement chargés et confus.

C’est certes du populisme qui faisait sourire si l’on veut s’en tenir à la superficie des choses. Mais ceux qui ont pris le temps de l’analyse ont compris depuis quelques années que le populisme n’avait rien de populaire et qu’on devrait arrêter de sourire devant les débordements des partisans du Tea Party  d’antan ou des partisans fanatisés de Donald Trump.

L’INSTRUMENTATION POPULISTE.

Frank Rich, un des meilleurs analystes de la vie politique américaine ne douta jamais qu’un « élément manquait à cette belle image d’un mouvement si spontané et sans leaders. » Les journalistes n’eurent pas de mal à repérer ceux qu’on appelle les sugar daddies, ceux qui aiment tant offrir des sucreries aux innocentes nymphettes, ceux que l’on a déjà rencontré au fil des fondations et des lobbies, tirant les ficelles. Ils étaient toujours présents, toujours aussi riches et toujours aussi généreux, des sucreries plein les poches.

« Vous avez tous entendu parler, continue-t-il, de Rupert Murdoch. Les deux autres sont les frères David et Charles Koch, qui sont encore plus riches et dont la fortune n’est dépassée que par celle des deux géants Bill Gates et Warren Buffet. Ces trois magnats sont la récente incarnation de ce que l’historienne Kim Phillips-Fein a appelé “Les mains invisibles” dans son livre si prémonitoire de 2009 : ce sont ces trois personnages qui ont financé les mouvements d’extrême droite, lesquels recevaient des millions des Du Pont brothers pour abattre FDR (Franklin D. Roosevelt).[16] »

Les mains invisibles dispensèrent des centaines de millions de dollars au Tea Party et ce depuis sa formation, des sommes qui étonnèrent même les plus blasés des observateurs de Washington. Les stratèges du Big business avaient besoin de cette colère qui prend aux tripes, une colère de braves gens contre ceux qui vivent de l’État dont ils reçoivent des revenus perçus comme comparables aux leurs. « Ils avaient besoin de leur passion, de leur paranoïa, de leur colère contre l’establishment politique, de leur exigence d’action immédiate et de leur volonté de monter au créneau. En même temps il leur fallait juguler cette colère en la gardant à un niveau de généralité tel qu’ils auraient les mains libres pour rédiger des lois qui, tout en changeant quelques aspect dit moraux, préserveraient les intérêts du big business :“se débarrasser du déficit”, “baisser les impôts”, “fermer les frontières aux immigrants”, “éliminer le budget,” “en terminer avec les dons trop généreux”[17] »

Cette colère et ces passions étaient pré-politisées. Le Tea party n’a rien d’une nouvelle entité politique qui aurait surgi sur la scène américaine. « Pour la plupart, les membres du Tea Party étaient membres du Parti Républicain bien avant que le Tea Party ne voie le jour.[18] » Il est, d’après le directeur de l’agence de sondages Gallup, une nouvelle dénomination du noyau le plus dur du Grand Old Party (l’autre nom donné au parti républicain) qui est maintenant bien installé au Congrès et favorable à l’investiture d’un de ses candidats à la présidence américaine.  Ce sera plus tard Donald Trump

Qui fera un excellent travail de bulldozer, cette mission pour laquelle il a été élu et maintenu au pouvoir par ce noyau le plus dur qui veut tout simplement remplacer le secteur public par le secteur privé.

Même s’i Obama fut réélu et attendant leur noir messie en 2016, les Républicains multiplièrent les attaques autour des impôts et du déficit de l’État fédéral devenus, qui disaient-ils et à en croire le peuple, insupportables, ruinant la vie des Américains, responsables du chômage et à vrai dire de tous les maux économiques. Les Républicains forts de cette demande populaire refusèrent l’autorisation légale (de routine) de relever le plafond de la dette souveraine. Ils le firent au prix de l’impensable : provoquer l’insolvabilité du pays. Le gouvernement fédéral était pris en otage : ou il acceptait les demandes du Parti Républicain de réduire les dépenses ou il n’avait plus la capacité de payer ses employés et d’honorer ses dettes. Dans le climat d’instabilité qui entoura l’affaire, l’agence de notation Standard and Poor’s, enleva un A au triple A des États-Unis, première puissance mondiale.

Wall Street fêta l’événement, preuve qu’une discipline de marché  instrumentée par les nouveaux moyens de communication allait s’imposer au monde à commencer donc par les États-Unis. À ceci près qu’une partie de ceux qui appliquaient la férule économique voulaient, aux États Unis,  y ajouter non seulement une autre discipline, celle de la religion, mais commençaient à rêver de remplacer le gouvernement par une théocratie. L’agenda était double et il l’avait toujours été, attendant simplement le bon moment pour se révéler. Le moment était arrivé.

David E. Campbell, professeur of sciences politiques à l’université Notre Dame et Robert D. Putnam, professeur à Harvard prirent le temps et les moyens de l’analyse du Tea Party. Dans leur livre paru en 2012, ils expliquent qu’après l’appartenance au Parti Républicain, ce qui réunit le mieux les membres du Tea Party est la religion. « Les généraux qui dirigent le Tea Party peuvent dire que leur but premier est de réduire le gouvernement; mais dans les rangs, nombreux sont ceux qui veulent garder un gouvernement avec à sa tête… Dieu.[19] » Un gouvernement qui donnera aux religions-cultes la responsabilité d’éduquer leurs enfants et de s’occuper des pauvres.

Le Tea party a, en effet, scellé une alliance entre deux idéologies totalitaires : celle issue d’une lecture rigide de la macroéconomie et celle dominée par une lecture rigide de la Bible.

Voici pour aujourd’hui : dans ma prochaine rubrique nous parlerons religions, ou plutôt ces cultes de haines et de peur qui se disent religions sans oublier ceux, politiques dont le but est de déstabiliser les états nations en péril. a

 


[1] Ce texte reprend en partie la troisième partie de mon livre « Haine Froide» qui documente la montée de l’extrême droite américaine de 1972 à 2012. Seuil 2012.

[2] Nassim Nicholas Taleb, The Black Swan: the impact of the highly improbable, Londres, Penguin, 2010, 2nde éd. (1re éd. 2007)

[3] http://histgeo.free.fr/troisieme/eu/carthy.html

[4] Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, Grasset, 2017,

[5] https://timeline.com/ron-paul-russia-hacking-e248f87f38f2

[6]. Theda Skocpol etVanessa Williamson, The Tea Party and the Remaking of Republican Conservatism, Oxford (Miss), Oxford University Press, 2012.

[7]  Birtherism of a Nation. The Atlantic, Mai 2020. https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2020/05/birtherism-and-trump/610978/

[8].         Discovering The News: A Social History Of American Newspapers, New York (NY), Basic books, 1981.

[9].         Chris Gentilviso, “Obama's Religion Still A Campaign Issue: Some Alabama, Mississippi GOP Voters Believe President Is Muslim”, The Huffington Post, 3 décembre 2012. http://www.huffingtonpost.com/2012/03/12/obama-religion-mississippi-alabama_n_1338990.html

[10].       David A. Graham, “The Problem With Polls About Whether Obama Is a Muslim”, The Atlantic, 13 mars 2012. http://www.theatlantic.com/politics/archive/2012/03/the-problem-with-polls-about-whether-obama-is-a-muslim/254380/

[11] .       Alan Schroeder, Presidential Debates, New York (NY), Columbia University Press, 2001.

[12].       Kayla Webley, “How the Nixon-Kennedy Debate Changed the World”, TimeUS, 23 septembre 2011.http://www.time.com/time/nation/article/0,8599,2021078,00.html#ixzz1p0JAKREP

[13] .       James Owen, “Evolution Less Accepted in U.S. Than Other Western Countries, Study Find”, National Geographic News, 10 août 2006. http://news.nationalgeographic.com/news/2006/08/060810-evolution.html

[14].       http://www.marketwatch.com/story/ufo-survey-reveals-many-americans-believe-the-obama-white-house-is-lying-when-it-says-the-government-has-no-evidence-that-extraterrestrial-beings-do-exist-2011-12-21

[15].       Robert Zaresky, “Tea Party Last Time” New York Times, 2 février 2010. http://www.nytimes.com/2010/02/03/opinion/03zaretsky.html?pagewanted=all

[16].       Frank Rich, “The Billionaires Bankrolling the Tea Party” New York Times, 28 août 2010. http://www.nytimes.com/2010/08/29/opinion/29rich.html

[17].       Daniel T. Rodgers, ““Moocher Class” Warfare, How four decades of radical individualism diminished society and gave rise to the Tea Party”, Democracy n°24, printemps 2012. http://www.democracyjournal.org/24/moocher-class-warfare.php?page=all

[18].       Dsvid E. Campbell et Robert D. Putman, “Crashing the Tea Party”, New York Times, 17 août 2011. http://www.nytimes.com/2011/08/17/opinion/crashing-the-tea-party.html

[19].       David Campbell, op. cit.

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