«La santé est un système qui permet une lutte minute par minute, un effort constant d'adaptation à l'environnement. Ce système a un chef d'orchestre. Ignorer le nom et le rôle de ce chef d'orchestre de la santé chez tous les mammifères et en particulier chez les humains, ce serait un peu comme parler des structures politiques, des Etats-Unis sans être au courant de l'existence de la Maison-Blanche. Ce chef d'orchestre appartient aux structures archaïques, primitives du cerveau, à la partie du cerveau qui est ancienne dans l'histoire de la vie. Il s'agit de l'hypothalamus. Son rôle de régulateur de la faim, de la soif et des rythmes sexuels est bien connu depuis plusieurs décennies. Mais sa toute première importance n'est vraiment comprise que depuis quelques années. En fait, l'hypothalamus est en relation étroite avec d'autres structures du cerveau et avec le système nerveux "autonome". C'est pourquoi j'utiliserai le concept moins précis de "cerveau primal". Le "cerveau primal" contrôle les sécrétions d'hormones par les différentes glandes endocrines. Bien plus, le cerveau lui-même peut être considéré comme une glande puisque l'hypothalamus sécrète des hormones et puisque, nous le savons aujourd'hui, les cellules nerveuses communiquent entre elles par des messagers chimiques qui ne sont pas différents des hormones. Aussi toute distinction entre le "cerveau primal" et le système hormonal est aujourd'hui périmée. De même est périmée toute frontière entre le "cerveau primal" et le système par lequel nous préservons en permanence notre individualité à l'échelle microscopique, le système que l'on individualise artificiellement sous le nom de système immunitaire.
Le mot "santé" désigne la façon dont fonctionne le « système d'adaptation primale » dans son ensemble.
Image: Le « système d'adaptation primale » est un tout
Certaines situations entraînent un brusque changement de régime au niveau du "système d'adaptation primale". Imaginons l'annonce d'une bonne nouvelle ou la vue d'une arme menaçante. Qu'il s'agisse de joie ou de peur, lorsqu'il y a émotion, il y a toujours une réponse de l'ensemble du "système d'adaptation primale", c'est-à-dire à la fois une réponse au niveau du cerveau, au niveau du système hormonal et au niveau du système immunitaire.
Les différentes parties de ce système se développent, se règlent, s'ajustent pendant la vie foetale, pendant la période qui entoure la naissance et pendant la prime enfance. A la fin de la prime enfance, le "système d'adaptation primale" a atteint sa maturité. J'appelle "santé primale" les niveaux d'équilibre atteints par ce système à la fin de la prime enfance. En d'autres termes, la "santé primale" se construit pendant toute la période d'étroite dépendance à la mère, d'abord dans l'utérus, puis pendant le processus d'accouchement, et ensuite pendant la période d'allaitement. »
ODENT, Michel,
La santé primale. Paris, Payot, 1986, p. 22-23. Reproduit avec l'autorisation de l'auteur.