Andersen Hans Christian

2 avril 1805-5 août 1875
Notice tirée d'une encyclopédie française réputée de la fin du XIXe siècle

Poète et romancier danois, né à Odense le 2 avril 1805, mort le 5 août 1875 à Rolighed. Son père, descendant d’une riche famille, étai tombé dans un misère telle qu’il s’était fait cordonnier pour vivre et qu’il avait dû, le jour de son mariage, acheter dans une vente publique un catafalque, dont il fit un lit. C’est sur cette couche étrange que Hans Christian vint au monde. Orphelin de bonne heure, il entra en apprentissage dans diverses fabriques; mais les métiers qu’on essayait de lui apprendre lui inspiraient une vive répulsion. Tout son zèle, toute son attention, il les gardait pour les heures qu’il allait de temps à autre passer à l’école des pauvres, ou pour les instants employés à la lecture d’ouvrages qu’on lui prêtait. Son ambition suprême était d’entrer au théâtre; il apprenait par cœur des fragments de comédie ou d’opéra qu’il débitait devant des voisins. Encouragé par les éloges de ces auditeurs il partit pour Copenhague, emportant pour tout viatique treize rixdalers (trente-trois francs environ). Arrivé dans la capitale, Andersen se présenta dans un théâtre de drame; le directeur le trouva trop maigre et refusa de l’engager. Quelque temps après, Andersen qui s’était mis à travailler le chant perdit sa voix; il résolut alors de se faire danseur, mais cette tentative n’eut pas plus de succès que les précédentes. Sur ces entrefaites quelques essais poétiques, parmi lesquels L’Enfant mourant, attirèrent sur lui l’attention d’Oelenschlaeger, d’Ingermann, du conseiller Collin, qui le firent entrer dans un petit gymnase. Andersen commença alors à apprendre ce que savent la plupart des écoliers de douze ans; il en avait dix-neuf. Il sortit du collège et, sur la recommandation de ses protecteurs, obtint une bourse pour l’université de Copenhague; il avait alors vingt-trois ans. En 1830, il publiait son premier recueil de poésies qui eut un brillant succès. Un an plus tard ses Fantaisies et Esquisses le mettaient au rang des plus grands poètes du Nord, et lui valaient du roi une pension grâce à laquelle il put visiter l’Allemagne, la Suisse, la France et l’Italie. Il rapporta de ce dernier pays un roman en deux volumes intitulé L’Improvisateur. Après avoir donné au théâtre Le Mulâtre, drame en quatre actes qui eut beaucoup de succès, après avoir publié la même année (1840) le Livre d’images sans images, Andersen partit pour visiter l’Orient; à son retour en Danemark, il retraça les principaux souvenirs de ce voyage dans Le Bazar du poète (1842). Aigri par des critiques et des jalousies littéraires, il quitta de nouveau sa patrie et parcourut l’Allemagne, la France, l’Angleterre et la Suède, s’arrêtant seulement dans ses voyages pour publier des romans, des comédies et des contes. Andersen était commandeur de l’ordre du Danebrog. Ses principaux ouvrages sont, par ordre chronologique : Poésies (1830); Fantaisies et Esquisses (1831); Esquisses de voyage, L’Improvisateur (1834); Le Bazar du poète (1842); Conte de ma vie; O-R – roman dont le titre original désigne la maison de réclusion d’Odense (1835); Rien qu’un violoniste (1837); Livre d’images sans images (1840); trois volumes de Contes; Ahasverus, drame philosophique, etc., etc. Les œuvres complète d’Andersen ont été publiées à Leipzig, en 1848; elles comprennent 35 volumes, la plupart d’entre elles ont été traduites en français par MM. Marmier, Soldi, Minssen, Caralp, Jungerssen, P. Royer et Mme Lebrun. La plus populaire de toutes est le Livre d’images sans images, suite d’entretiens de l’auteur avec la Lune; celle-ci vient rendre visite chaque soir au poète dans sa mansarde; elle lui décrit les paysages qu’elle a vus de Copenhague aux bords du Gange, du Groenland au Sahara; elle lui dit les contes qu’elle a recueillis à Venise, dans les ruines de Pompéi ou sur les rives du fleuve Jaune : « Peins ce que je te raconte, dit-elle, et tu auras un beau livre d’images. » Andersen a suivi le conseil et il a écrit une série de tableaux pleins de chaleur et de couleur, empreints d’une grâce poétique et d’un charme étrange et doux. Ses Contes ont aussi beaucoup contribué à populariser en Europe le nom d’Andersen; ils n’offrent aucune analogie avec les récits féeriques de Perrault, de Mme d’Aulnoy ou des autres conteurs français. Bien que le fantastique et le merveilleux y jouent le plus souvent un rôle considérable, leur allure humoristique, leur portée philosophique les font parfois ressembler à des satires plus qu’à des contes d’enfants. Ce qui domine dans toutes les œuvres d’Andersen, ce qui constitue sa manière, c’est la raillerie enjouée du XVIIIe siècle alliée à la poésie mélancolique et rêveuse du Nord et à une richesse de couleur et d’imagination que le poète semble avoir rapportée de ses voyages en Orient.

L. Vonoven, article "Hans Christian Andersen" de La grande encyclopédie (1885-1902)

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