Enjeux
«L'insertion socioprofessionnelle est-elle aujourd'hui le fruit du hasard ou le produit d'un jeu de stratégies? Cette question en appelle deux autres. Qui sont ceux qui peuvent mettre en oeuvre un cheminement d'insertion professionnelle basé sur des stratégies actives? Qui sont ceux qui, par défaut ou par manque de ressources et de compétences sont condamnés au hasard, c'est-à-dire aux stratégies des plus démunis ou fragilisés sur les plans personnel, relationnel et professionnel? Nous pourvons observer que la vulnérabilité psychologique de même que la vulnérabilité sociale de certains groupes de jeunes constituent des obstacles (pour ne pas dire des stigmates) qui peuvent devenir des handicaps importants dans la recherche d'une insertion socioprofessionnelle réussie. Pour ces jeunes, les stratégies actives d'insertion sont peu développées, voire inexistantes, les acculant bien souvent à se résigner à vivre en marge du marché du travail et, plus loin, en marge de la société et d'eux-mêmes.»
Geneviève Fournier et Marcel Monette,
L'insertion socioprofesssionnelle. Un jeu de stratégie ou de hasard?, Les Presses de l'Université Laval, 2000, p. 38.
La montée de l'emploi atypique au Québec
« On note (2004) une montée de l'emploi atypique, qui est passé de 16,7 % des emplois en 1976 à 36 % en 2001 et qui se dirigerait vers les 50 %. Bien que la notion de travail non traditionnel recouvre des formes d’emploi parfois anciennes, ce type de situation a connu un développement considérable depuis environ vingt-cinq ans. Ce phénomène résulte de plusieurs facteurs conjugués tels que les nouvelles technologies, la compétitivité accrue à l’échelle planétaire, le besoin que perçoivent les entreprises d’être plus flexibles notamment au plan des ressources humaines ainsi que les nouvelles formes d’organisation du travail. On peut aussi penser que ces formes d’emploi permettent à certains travailleurs de concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales et qu’elles comblent, pour d’autres, le désir d’une plus grande autonomie dans l’exercice de leurs activités professionnelles. C’est ainsi qu’on a vu se multiplier ces formes d’emploi non traditionnelles, qu’il s’agisse de travail à temps partiel, de travail à durée déterminée, de travail temporaire, de travail occasionnel, de travail sur appel parfois accompagné d’une astreinte, de travail obtenu par l’intermédiaire d’une agence de travail temporaire ou de travail indépendant ou autonome. Le rapport Bernier portant sur les besoins de protection sociale des personnes vivant une situation de travail non traditionnelle établissait en 2003 les 3 principes directeurs suivants : la définition de la relation entre un employeur et un employé est d’ordre public; les régimes de protection sociale doivent être accessibles à un plus grand nombre; il est socialement inacceptable d’imposer un traitement différent à un employé du seul fait qu’il n’est pas régulier à temps plein.»
Source: Michel Audet,
Un marché du travail en mutation