Essentiel
« Eh bien! oui, je l’avoue, j’ai toujours eu pour eux un grand faible. – Mais d’où cela vient-il? C’est qu’en mille choses, je sens en eux des personnes. Leurs défauts mêmes, car ils savent bien ma faiblesse, et parfois en abusent, ajoutent à l’illusion. Ils me résistent ou me viennent librement; ils s’offensent d’une injure, ne se courbent pas servilement sous la main qui les frappe sans raison, par caprice. Cela est fier, et cela me plaît. Leurs caresses sont plus rares que chez le chien, toujours prêt à lécher la main d’un maître qui n’y fait plus guère attention. Cette réserve leur sert, car c’est sagesse de savoir être soi et se garder, de donner ou de refuser à ses heures. » (Madame Jules Michelet, « Mes chats » (première partie), Revue de Paris, 15 octobre 1903)
Poèmes de
Paule Rózsavölgyi
Chats
Bottés fourrés
Chats doux dont je suis fou
Baronnets des trottoirs
Et princes des gouttières
Chats d’Europe
Vous que l’on dit sans race
Que l’on tourmente ou que l’on chasse
Qui vous achète ?
Vous vous donnez !
Vous vous donnez comme un bon sort
Au coin des rues les bonnes fées
Vous vous donnez
Royalement
Comme les reines à leurs amants
____________________
Car j’aime je l'avoue
Les chats doux
Elastiques et secrets
Je les regarde s’étirer
Seigneurs fauves
Dont les larges prunelles
Refusent de ciller
Poètes, assujettis à vos nombreux caprices
Souvent nous contemplons avec étonnement
La force de vos bonds
Interrompant soudain les méditations
Dont vous faîtes délices
Et quand le soir
Dans la lumière qui s ' efface
Sans bruit
Vous glissez dans la nuit
On croit voir passer
Mystérieuse
L’ombre d’un dieu ancien
Dont s’est perdu il y a longtemps
La trace
Dans le sable égyptien
Essentiel
« Eh bien! oui, je l’avoue, j’ai toujours eu pour eux un grand faible. – Mais d’où cela vient-il? C’est qu’en mille choses, je sens en eux des personnes. Leurs défauts mêmes, car ils savent bien ma faiblesse, et parfois en abusent, ajoutent à l’illusion. Ils me résistent ou me viennent librement; ils s’offensent d’une injure, ne se courbent pas servilement sous la main qui les frappe sans raison, par caprice. Cela est fier, et cela me plaît. Leurs caresses sont plus rares que chez le chien, toujours prêt à lécher la main d’un maître qui n’y fait plus guère attention. Cette réserve leur sert, car c’est sagesse de savoir être soi et se garder, de donner ou de refuser à ses heures. » (Madame Jules Michelet, « Mes chats » (première partie), Revue de Paris, 15 octobre 1903)
Poèmes de
Paule Rózsavölgyi
Chats
Bottés fourrés
Chats doux dont je suis fou
Baronnets des trottoirs
Et princes des gouttières
Chats d’Europe
Vous que l’on dit sans race
Que l’on tourmente ou que l’on chasse
Qui vous achète ?
Vous vous donnez !
Vous vous donnez comme un bon sort
Au coin des rues les bonnes fées
Vous vous donnez
Royalement
Comme les reines à leurs amants
____________________
Car j’aime je l'avoue
Les chats doux
Elastiques et secrets
Je les regarde s’étirer
Seigneurs fauves
Dont les larges prunelles
Refusent de ciller
Poètes, assujettis à vos nombreux caprices
Souvent nous contemplons avec étonnement
La force de vos bonds
Interrompant soudain les méditations
Dont vous faîtes délices
Et quand le soir
Dans la lumière qui s ' efface
Sans bruit
Vous glissez dans la nuit
On croit voir passer
Mystérieuse
L’ombre d’un dieu ancien
Dont s’est perdu il y a longtemps
La trace
Dans le sable égyptien