Cancer

« Lorsqu'une cellule devient trop âgée ou subit des dommages irréparables, elle se suicide afin de préserver l'intégrité de l'organisme par un processus appelé mort cellulaire programmée ou apoptose. Elle sera remplacée par une nouvelle cellule issue de la division cellulaire ou mitose des cellules avoisinantes. Dans un organisme adulte normal, ce phénomène survient des milliers de fois par jour et permet de conserver nos tissus et organes en santé par une régénération adéquate.

Le cancer se développe à partir d'une seule cellule dont l'ADN endommagé provoque le dérèglement du contrôle des deux mécanismes cellulaires mentionnés précédemment. Dans toutes les cellules cancéreuses, il s'agit de mutations dans les gènes appelés oncogènes (dont la fonction normale est de stimuler la prolifération cellulaire) ou anti-oncogènes (un gène suppresseur de tumeurs dont la fonction normale est d'induire l'apoptose).

Une seule mutation n'est généralement pas suffisante pour que la cellule devienne cancéreuse. Ainsi, plusieurs mutations dans ces gènes doivent survenir pour que la cellule acquière des propriétés malignes. La cellule anormale se multiplie donc intensément en transmettant son anomalie génétique à ses descendants, perd sa fonction ou son rôle dans l'organisme, et devient immortelle par la neutralisation du mécanisme d'apoptose. C'est l'anarchie! La multiplication accrue des cellules cancéreuses aboutit à la formation d'une tumeur qui envahit progressivement l'organe, qui cesse alors son activité. Les cellules acquièrent la capacité d'évasion pour coloniser d'autres sites et produire des métastases.

Il n'est pas toujours aisé de trouver une explication à l'apparition d'un cancer. Toutefois, certains facteurs mutagènes ont été pointés du doigt : pollution, agents chimiques, rayon X, ultra-violets, radiation atomique, alcool, virus. Il y a bien entendu l'âge et l'hérédité qui entrent dans l'équation.

Aussi, parce qu'il existe autant de cancers différents qu'il existe d'organes, de tissus ou de cellules différentes dans le corps humain, on peut expliquer la grande disparité dans les pronostics et la difficulté de la mise au point de traitements totalement efficaces ».

Source : Consultez nos experts... Pourquoi une cellule devient-elle cancéreuse?, entête, UQTR, vol. 3, no 12, 24 novembre 2003

Enjeux

«La fréquence des cancers pourrait augmenter de 50 % dans le monde, avec 15 millions de nouveaux cas par an en 2020 ».(World Cancer Report)

Le rapport sur le cancer dans le monde montre clairement que les mesures prises contre le tabagisme, les infections et pour une alimentation plus saine peuvent éviter un tiers des cas et permettre de guérir un autre tiers.

La fréquence des cancers pourrait encore augmenter de 50 % et il y aurait alors 15 millions de nouveaux cas par an en 2020, selon le World Cancer Report, l’examen le plus complet à ce jour de la situation. Ce document montre aussi clairement que l’adoption de modes de vie sains et les mesures de santé publiques prises par les gouvernements et les professions de santé pourraient retourner cette tendance et éviter jusqu’à un tiers des cas.

En 2000, les tumeurs malignes ont été à l’origine de 12 % des quelque 56 millions de décès dans le monde, toutes causes confondues. Dans de nombreux pays, plus d’un quart des morts sont imputables au cancer. En 2000, 5,3 millions d’hommes et 4,7 millions de femmes ont développé une tumeur maligne et 6,2 millions d’êtres humains en sont morts.

Le rapport révèle également que le cancer est aussi devenu un grand problème de santé publique dans les pays en développement, avec des répercussions comparables à celles dans les pays industrialisés.

« Le World Cancer Report nous indique que la fréquence des cancers va augmenter à un rythme alarmant dans le monde, mais que nous pouvons agir en prenant immédiatement des mesures. Nous avons la possibilité d’endiguer cette augmentation. Le rapport demande aux gouvernements, aux professions de santé et au grand public de prendre d’urgence des mesures. On pourra ainsi éviter un tiers des cancers, guérir un deuxième tiers et assurer des soins palliatifs de qualité pour le dernier tiers », a déclaré le Dr Paul Kleihues, Directeur du CIRC et co-rédacteur du rapport.

Le World Cancer Report est un document concis de 351 pages décrivant la charge mondiale de morbidité, les causes du cancer, les principaux types de tumeurs malignes, le dépistage précoce et le traitement. Il est publié par le Centre international de Recherche sur le cancer (CIRC), qui fait partie de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le docteur Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l'OMS, déclare : « Ce rapport nous donne une base pour prendre des mesures de santé publique et nous aide à atteindre nos objectifs : diminuer la morbidité et la mortalité du cancer, améliorer la qualité de vie des sujets atteints et de leur famille partout dans le monde ».

On peut donner quelques exemples de mesures qui auront un effet certain sur l’augmentation de la fréquence des cancers et permettront la prévention d’un tiers des cas :

  • Diminution de la consommation de tabac. La consommation de tabac reste le plus grand risque évitable de cancer. Au vingtième siècle, environ 100 millions de personnes sont mortes dans le monde de maladies liées au tabagisme.
  • La qualité des modes de vie et de l’alimentation joue un grand rôle. La consommation fréquente de fruits et légumes et l’exercice physique ont de réels effets.
  • Le dépistage précoce, notamment des cancers du col de l’utérus et du sein, est une mesure de prévention qui permet également de traiter les tumeurs avec succès. La forte augmentation que l’on prévoit pour le nombre des cas, de 10 millions en 2000 à 15 millions en 2020, sera principalement due au vieillissement de la population dans les pays développés comme dans ceux en développement, ainsi qu’aux tendances actuelles au niveau du tabagisme et de l’adoption de modes de vie préjudiciables pour la santé.

    « Les autorités, les médecins, les éducateurs sanitaires à tous les niveaux doivent s’efforcer beaucoup plus d’aider les gens à modifier leurs comportements de façon à éviter les cancers, affirme Bernard W. Stewart, co-rédacteur du rapport, Directeur des services de cancérologie et professeur à la faculté de médecine de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie. « Si nous appliquions dans le monde entier les connaissances, les technologies et les stratégies décrites dans ce rapport, nous ferions d’énormes progrès dans la prévention et le traitement des cancers au cours des vingt prochaines années au moins ». « Dans une perspective globale, l’orientation des actions de prévention sur les deux principaux facteurs de risque, le tabac et l’alimentation, se justifie pleinement. Nous devons également poursuivre nos efforts pour endiguer les infections à l’origine de cancers, ajoute le Dr Rafael Bengoa, Directeur à l’OMS du département Prise en charge des maladies non transmissibles. « Ces facteurs sont à l’origine de 43 % de tous les décès imputables au cancer en 2000, soit 2,7 millions de morts, et de 40 % des nouveaux cas, soit 4 millions ».

    Dans le cadre des efforts pour retourner cette tendance, l’OMS s’est engagée à lutter contre le tabagisme et à améliorer l’alimentation, la nutrition et l’exercice physique. La consommation de tabac reste le plus grand risque évitable de cancer. Le rapport passe en revue et recommande un certain nombre de stratégies pour la réduire dans le monde, ce qui demandera l’engagement coordonné des organismes de santé des gouvernements et des collectivités, des professions de santé et des individus. La convention-cadre pour la lutte antitabac, traité novateur de santé publique, que les Etats Membre de l'Organisation mondiale de la Santé ont accepté de présenter à l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2003, est un outil puissant pour veiller à la mise en œuvre de ces stratégies.

    L’OMS s’est également engagée dans la préparation d’une stratégie mondiale sur l’alimentation, l’exercice physique et la santé, après avoir été chargée par les Etats Membres, en mai 2002 de s’occuper du fardeau croissant des maladies chroniques, dont les cancers, les maladies cardio-vasculaires, le diabète et l’obésité. L’OMS a entrepris de nombreuses consultations avec les Etats Membres, les institutions des Nations Unies, le secteur privé et la société civile à propos de cette stratégie, qui sera présentée à l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2004. Elle comprendra des recommandations faites aux gouvernements pour la nutrition et l’exercice physique et des interventions en population pour diminuer la prévalence des maladies chroniques, dont le cancer ».

    Source : Organisation mondiale de la santé, communiqué de presse de 3 avril 2003

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