Essentiel
«Les seuls gens vrais pour moi sont les fous, ceux qui sont fous d'envie de vivre, fous d'envie de parler, d'être sauvés, fous de désir pour tout à la fois, ceux qui ne baillent jamais et qui ne disent jamais de banalités, mais qui brûlent, brûlent, comme des feux d'artifice extraordinaires qui explosent comme des araignées dans les étoiles, et en leur centre on peut voir la lueur bleue qui éclate et tout le monde fait "Waou !"»
Jack Kerouac (inventeur du terme
Beatnik)
Enjeux
«La Beat Generation tenta de réveiller le corps et l'esprit: voyager sous tous les cieux, boire, se droguer, appeler Dieu ou le rejeter, abolir toutes les conventions, toutes les traditions, partir seul ou à plusieurs, rêver sa solitude, vivre son enthousiasme aussi bien que sa dépression, brûler sa vie jusqu'à se détruire. La leçon est donnée; sera-t-elle suivie par les générations futures? Il semble que les jeunes, nés après 1960, soient plus pragmatiques, donc plus traditionnels.
Quoi qu'il en soit, la Beat Generation a gagné son pari sur le plan littéraire. "Nous serons de grands écrivains", s'étaient-ils promis. D'où une écriture libre, spontanée, sans aucune correction, par souci de coller à la vie sous tous ses aspects, à l'expérience, à l'émotion.
Sur ce plan donc, réussite complète. Mais sur le plan humain ? Jacqueline Starer, témoin impartial, constate que ceux qui ne sont pas morts par abus des drogues et de l'alcool, se sont aujourd'hui à nouveau fixés. La "convivialité" devait détruire la famille, mais Kerouac revenait toujours chercher asile auprès de sa mère bien décidé à ne plus la quitter, Corso est remarié et père de famille, Ferlinghetti habite San Francisco, Burroughs accepte même de devenir professeur…»
Henriette Jelinek,
Les écrivains Beat et le voyage,
Le matin de Paris, 9 novembre 1977.