Les grands concerts

Abel Bonnard

De tous les endroits où se manifeste l’âme de notre temps, je n’en connais point d’aussi sincères que les grands concerts du dimanche. Nous n’avons plus de théâtre au sens profond du mot et ceux que rassemble le goût d’un spectacle restent des individus séparés. Dans les concerts seulement la foule réunie constitue vraiment un public et goûte une émotion qui, par sa puissance et sa profondeur, approche d’une émotion religieuse. On sent aux dispositions, à l’attente des gens qui sont là, que, tout différents qu’ils soient encore les uns des autres, ils seront bientôt unis dans un seul total humain. La salle pleine est, du haut en bas, comme une grande cuve, un puits de figures. Les assistants n’ont devant eux que l’arrangement calme et studieux de l’orchestre, mais, dès que la musique s’élève, elle les saisit plus fortement qu’aucun spectacle. On voit changer les visages qu’elle travaille. Son premier effet est de vider les regards, d’alourdir les paupières, d’éteindre sur les physionomies leur expression ordinaire. Mais que valait cette animation banale, toute sociale, faussement alerte, en comparaison de l’effusion mystérieuse qui la remplace, de cette expression d’aveu qu’on voit sourdre et se répandre sur les visages? Chacun d’eux semble modifié par une poussée intérieure. Un vieillard avance légèrement la tête, et comme une pierre qu’adoucit la fuite de l’eau dans un fleuve, son visage laisse glisser sur sa surface aveugle et subtile le flot abondant de la musique. Une jeune femme qui n’avait tout à l’heure que des mots et des rires insignifiants, montre sur ses traits désarmés une âme triste et tendre qu’on ne lui connaissait pas, et n’exprime plus qu’une sorte de détresse douce. Une autre a fermé les yeux pour être seule avec son secret. Une autre s’assouplit dans son attitude comme si elle allait s’endormir, et, quoiqu’elle reste appuyée à sa chaise comme tout à l’heure, le relâchement presque imperceptible de toute sa pose lui donne la grâce docile des herbes qui s’abandonnent dans le courant des rivières. Cette foule qui tout à l’heure parlait, gesticulait, remuait, ne bouge plus à présent, retient ses soupirs et n’est qu’un grand monstre enchanté, qui se tait aux pieds de la musique

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Aucun autre art ne pourrait maintenant s’emparer ainsi d’un public et lui donner des sensations de cette puissance. La musique est le seul qui soit vraiment implanté dans la vie actuelle, le seul art vraiment moderne. Ceux-ci ne se développent pas tous en même temps et cela vient peut-être de ce que nos sens, auxquels ils sont associés, n’ont pas tous, non plus, le même âge. Il semble que le plus vieux et le plus fatigué soit aujourd’hui le sens de la vue. Ce n’est pas que certains artistes, qui se connaissent ou qui s’ignorent, ne lui doivent encore les bonheurs les plus naïfs ou les plus subtils. Mais il n’apporte presque plus de joie à l’immense majorité de nos contemporains. Qu’on pense à celle qu’il a donnée autrefois aux hommes, à ce qu’a été leur admiration, leur adoration de la lumière. C’est lui qui leur a d’abord raconté le monde. Peindre a été l’un des premiers plaisirs de l’homme, comme c’est encore un des premiers plaisirs des enfants. Les Grecs appelaient doré tout ce qui leur semblait admirable. Des teintes vives faisaient chanter le marbre des temples. Partout, jusqu’à notre temps, et même sur les objets les plus usuels, l’homme sentait le besoin d’encourager, d’égayer sa vie en s’entourant de couleurs toniques. Maintenant tout s’est obscurci. Pour la plupart d’entre nous, le sens de la vue s’est réduit à son rôle utile: les hommes lisent encore le spectacle du monde, ils ne le voient plus. Leur œil les avertit encore, il a cessé de les réjouir. Il leur désigne le chemin qu’ils suivent, l’obstacle qu’il faut éviter; il ne leur montre plus le rire des toits par un beau soleil, la tendre transparence des feuilles ou le triomphe de l’azur. Si nous gardons de nos visites aux expositions de peinture une impression de tristesse si pénétrante, cela ne vient-il pas justement du fait que, sauf quelques exceptions, nous ne voyons là que les productions d’un sens affaibli, sénile, qui n’arrive plus à la joie, et qui, n’ayant plus la force de s’emparer d’images heureuses, ressemble à ces lions trop vieux, qui laissent s’enfuir loin d’eux la troupe agile des gazelles?

En sculpture, l’évolution est peut-être plus avancée encore. Le grave et magnifique langage des formes, autrefois si familier aux hommes et où ils traduisent leurs pensées et leurs sentiments les plus profonds, est devenu complètement étranger à l’esprit de notre époque, et les passants errent avec une indifférence parfaite parmi la laideur des statues dont on a peuplé nos carrefours. Pour la littérature, le cas est un peu différent, mais, là aussi, le legs du passé nous surcharge, et, par un de ces curieux phénomènes de transformation et de réversibilité qui abondent dans la vie sociale, ce ne sont pas ceux qui pratiquent le plus les œuvres anciennes qui en sont accablés, mais plutôt ceux qui, envisageant leur amas du dehors, en reçoivent une impression générale d’ennui et de lassitude. Trop de grands poètes ont usé des mots, trop de mauvais poètes en ont abusé. Parmi ces arts lourds d’un excès de gloire, écrasés par les richesses des musées et des bibliothèques, la musique est le seul où l’homme moderne goûte le plaisir, très profond et très vif, chez ceux-là mêmes qui ne savent pas le définir clairement, d’habiter des chefs-d’œuvre faits pour lui, pour ses passions, pour ses troubles, et dont il se sente vraiment le propriétaire. Non pas que la musique ne soit aussi très ancienne : sacrée et morale, à son origine, elle règle les sacrifices, elle modère les sages, elle discipline Confucius comme Pythagore. Mais il lui était réservé d’arriver plus tard, et dans notre époque seulement, à son âge de pleine vigueur et de force herculéenne.

Sans doute, pour certains jeunes musiciens d’aujourd’hui, les grandes œuvres du XIXe siècle font, elles aussi, partie du passé; tout comme les jeunes peintres, ils essayent de se soustraire à leur tyrannie et de retrouver loin d’elles un langage plus frais et plus neuf. Mais, pour le public, il en est tout autrement : ces œuvres ne font que de lui arriver : il en jouit et il les fait siennes

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Parmi ces auditeurs si attentifs et si assidus des grands concerts, y en a-t-il beaucoup qui soient spécialement des connaisseurs? Il ne semble guère. Sans doute les amateurs existent, mais rencognés çà et là dans ce vaste public où ils demeurent solitaires. Bien des signes montrent qu’il en est ainsi : non seulement l’auditoire applaudit avec les mêmes transports, dès lors qu’elles sont célèbres, les œuvres les plus différentes et de la valeur la plus inégale, non seulement il semble acclamer les virtuoses avec plus d’enthousiasme que de discernement, mais il lui faut des programmes lourds et chargés, alors que des festins plus légers suffiraient à rassasier de vrais amateurs. Bien loin qu’il soit prêt à faire aux nouveautés un accueil plus prévenant, plus finement critique que celui qu’elles obtiennent dans les autres arts, ce n’est pas sans peine qu’on réussit à lui faire admettre, non pas même des productions d’auteurs inconnus, mais celles des musiciens réputés et déjà consacrés par l’admiration d’une élite. Par contre, il est quelques œuvres insignes qu’il ne se lasse point de redemander. Il goûte à les entendre des joies assurément bien moins perspicaces que celles des amateurs, mais plus obscures et plus puissantes. Ce public des grands concerts, en effet, ce ne sont pas des connaisseurs, ce sont des hommes. Ils demandent à la musique de désaltérer leur sensibilité.

Telle est la grandeur et la poésie du rôle que tient celle-ci dans l’âge moderne. Elle reçoit des hommes qu’aucun autre art ne réjouit plus, qui lui arrivent d’une existence où tout est devenu pauvre et abstrait, et elle leur magnifie une dernière fois la vie humaine. Tout la destine à cette fonction. Sans doute elle paraît d’abord le plus secret des arts, celui qui ne dévoile qu’à des initiés ses beautés mystérieuses, mais elle est aussi la magicienne qui atteint immédiatement tous les êtres et les animaux au delà des hommes : elle ébranle les nerfs de ceux dont elle n’enchante pas la raison, et pour mieux les saisir, elle leur parle d’eux-mêmes. Elle offre à leur sensibilité des orgies imaginaires. Elle corrige et achève les amours manquées, elle donne aux plus pauvres des vivants l’illusion qu’ils avaient un cœur fertile et qu’il ne leur aurait fallu qu’un sort plus heureux. Nous ne saurons jamais combien la musique se diversifie dans chacun de ceux qui l’entendent. En l’un elle est voyage, en l’autre souvenir. Ici elle déploie des jardins, elle dresse des charmilles de roses, elle étend des horizons infinis; dans une autre âme elle n’évoque qu’un visage. Ce qui assure son pouvoir, c’est cette immense indétermination. Aucun autre art ne laisse autant de liberté dans le plaisir qu’il procure. Quels que soient les rêves où ils nous engagent, un tableau, un poème, en raison même du sujet qu’ils traitent, ne nous permettent pas de disposer d’eux à notre gré. La musique seule est plus complaisante. C’est la grande courtisane intérieure qui se prête à toutes les fantaisies, qui compense toutes les privations. De là vient que les savants, les hommes d’étude, sont si nombreux parmi ses fidèles. Elle assouvit en eux ces puissances du sentiment, auxquelles leurs travaux austères ne font point de part, et le plaisir qu’ils ressentent est d’autant plus vif qu’il reste plus secret et plus enfoui. Ils ne se donneraient point la permission de lire un roman d’amour, cette distraction leur paraîtrait trop futile, ils se surveillent trop pour se la passer. Mais tandis qu’ils s’abandonnent au charme sonore, dans le sûr abri de leurs retraites intérieures, qui sait quelles histoires ils se racontent à eux-mêmes, plus tendres peut-être ou plus passionnées que celles qu’ils ont dédaigné de lire? C’est ce qui laisse à certains auditeurs, lorsque la symphonie se tait, ces regards errants, ce visage absent où tarde à revenir leur expression ordinaire. La musique est la sœur moins folle et moins fortuite des rêves. Elle console les vaincus. Elle seule, parmi les arts, ose essayer de remplacer le bonheur.

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L’importance qu’elle a prise dans notre vie marque la victoire d’une des tendances les plus profondes du monde moderne, celle qui nous pousse à nous fixer non plus dans le domaine de l’esprit, mais dans celui du sentiment, et à descendre de l’intellectuel à l’affectif. Ce mouvement s’était déjà marqué dans notre littérature. Jean-Jacques Rousseau en avait retiré l’empire à Apollon, pour le donner à Marsyas, et la lyre du Dieu avait été remplacée par la flûte douce et animale du satyre. C’est ce changement de règne qui distingue les romantiques des classiques. Mais du moment qu’on s’éloignait de la connaissance pour chercher dans d’autres ivresses le plaisir suprême, la littérature, quoi qu’elle fît, n’était pas l’art qui pouvait le mieux répondre à un tel désir. Si étroitement que la parole s’asservisse aux sens, si fort qu’elle s’attache à leur plaire, elle opère toujours, en dépit d’elle-même, un travail de dissociation, de définition. Le Verbe est l’ennemi du Chaos. Pour le soustraire vraiment au joug de la raison, il faudrait en venir, comme dans les absurdités de nos derniers décadents, à réunir des mots sans établir entre eux le moindre rapport grammatical ni logique. Mais outre qu’on cherche toujours, ne fût-ce que par la force de l’habitude, à prêter à ce galimatias l’ombre d’un sens, ces laborieuses insanités ne dispensent point d’ivresse. Les mots ainsi heurtés ne rendent plus aucun son. Pour la musique, au contraire, la raison a pris une part éminente à la création des grandes œuvres, et les amateurs, quand ils les étudient, se plaisent à y retrouver les marques de cette raison sublime. Mais ces œuvres ne donnent au gros du public qu’un plaisir de sentiment. Elles l’emportent, le bercent, le noient. C’est devenu une image banale, depuis qu’elle a été fixée dans un vers fameux de Baudelaire, de comparer la musique à la mer. Cette comparaison est bien pourtant la plus juste et celle qui nous rend le mieux compte des jouissances qu’on lui demande.

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Si l’on veut s’expliquer pourquoi il en est ainsi, il faut remarquer que l’homme moderne arrive à ses plaisirs avec un esprit déjà fatigué dans des travaux et des besognes. Il demande donc à ne pas l’exercer davantage et la recherche du plaisir change, dès lors, de direction. Pour une élite cultivée et relativement oisive, il est tout naturel que celui-ci soit conçu comme une activité qui mette en jeu toutes les facultés de l’intelligence. C’est alors le temps des tragédies, des comédies de caractères, ou celui des romans d’analyse, en un mot de toutes les œuvres où l’homme trouve une jouissance à mieux se connaître. Mais dans une société où le travail est aussi communément réparti, aussi lourdement imposé à tous que dans la nôtre, on se fait du plaisir une idée toute différente; d’actif, il devient passif : il n’est plus alors qu’un congè, et ce sont peut-être les hommes d’étude qui, accablés par le labeur que leur spécialité leur impose, sont les plus avides d’échapper, dans leurs moments de loisir, à tout effort de pensée. Des deux sortes de plaisir qu’on peut se représenter, l’une qui consiste à monter vers la conscience et à se posséder davantage, l’autre, au contraire, à s’échapper à soi-même, c’est cette dernière que nous sommes de plus en plus entraînés à choisir. En vain, pour se garder un public, les œuvres dramatiques se font de plus en plus vaines et légères. L’homme moderne finit par avoir une sorte d’aversion sourde pour la parole, comme s’il craignait qu’elle le rengageât malgré lui dans un effort intellectuel. Cette tendance a deux expressions : l’une, inférieure, c’est le goût du cinéma; l’autre, supérieure, c’est le goût de la musique. Certains se livrent à elle avec un tel abandonnement, que le mot même de plaisir, avec ce qu’il a d’alerte et de lumineux, ne peut plus désigner ce besoin presque désespéré de se fuir et de se perdre, où un pessimisme obscur est inclus. Sur cette mer qu’est la musique, les uns naviguent à la recherche d’îles fortunées; d’autres nagent et jouent avec l’écume effervescente. D’autres enfin, plongeant loin de la brillante surface, vont chercher dans les gouffres la seule perle qu’ils désirent, l’oubli de tout et d’eux-mêmes.

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Mais la plupart ne demandent pas à la musique une ivresse aussi sombre. La pure de Franck, la généreuse richesse de Listz, le charme velouté de Schumann, l’ardeur électrique de Berlioz, les émeuvent tour à tour. Parfois Mozart leur apparaît comme un monde perdu : ce mélange ineffable de grâce et de passion, cette tendresse joueuse, cette délicatesse divine, ont quelque chose de trop exquis, de trop aérien, pour la vie grossière où nous sommes enfoncés. Mais le vrai roi de ces concerts, c’est Beethoven. Rien n’est plus curieux que la gloire un peu vulgaire dont il est devenu l’objet. On a vu traîner partout ses portraits, ses bustes, son masque. Cette gloire, cependant, est profondément justifiée : elle ne fait qu’exprimer la gratitude que d’innombrables vivants doivent à ce grand homme. Il est peut-être le plus humain des génies. Si ce culte de l’humanité, auquel certains philosophes ont voulu nous réduire, devait prendre forme, c’est dans la musique de Beethoven qu’il trouverait sa plus puissante expression. Il n’y en a pas de plus offerte, de plus ouverte à tous et qui paraisse d’abord moins sacrée : mais elle le devient par la vérité, la profondeur, la généralité des sentiments qu’elle exprime. Wagner est bien différent : c’est un grand sorcier. Il nous attaque dans les cavernes de l’inconscient, dans les cryptes les plus obscures de l’être, ou bien il nous jette dans des extases aiguës où tout en nous aspire à s’anéantir. C’est le maître des extrêmes. Beethoven est bien plus sain, et bien plus simple. Il n’a jamais de perversité, et l’on ne trouve pas la moindre sorcellerie dans sa magie innocente. Tour à tour impétueux, clément, orageux, il est, même dans ses révoltes et dans ses colères, sans rage et sans blasphèmes. La tragédie humaine reste, dans ses œuvres, claire et explicite. Sa musique n’est riche que des grands sentiments de l’homme. Il n’est pas d’âme où elle ne puisse entrer et dont elle ne puisse couvrir les murs de ses magnifiques tentures. Il est un grand exemple, le meilleur peut-être, de ce fait propre aux génies suprêmes dans l’ordre artistique : d’une part ils se placent au centre même de leur art, ils en épuisent les moyens, ils en expriment l’essence. Les musiciens restent émerveillés de l’invention de Beethoven, toujours riche, vigoureuse, foisonnante. De même il n’est pas de peintre qui le soit plus excellemment que Rembrandt, de sculpteur en qui le génie de la sculpture réside plus que dans Michel-Ange, et, d’autre part, personne n’est moins spécialement sculpteur, peintre ou musicien que ces trois grands hommes. En même temps qu’ils possèdent leur art, ils en brisent la contrainte, ils en débordent les limites. Pour l’ensemble des hommes, Beethoven n’est plus que le nourricier et le donateur, qui, par le truchement presque oublié de la musique, leur communique ses trésors, leur fait largesse de son amour. L’art s’évanouit alors dans son triomphe, et ce qui jaillit devant nous, ce ne sont même plus de magnifiques inventions sonores, mais des sources grandioses de charité, des fontaines de pitié. Il faut aussi reconnaître qu’il y a dans le génie de Beethoven quelques parties plus lourdes et plus épaisses, mais qui devaient elles-mêmes aider à étendre son influence. Lui qui fait passer parfois dans ses symphonies une grâce dont le sourire paraît trempé dans les larmes, lui qui, dans ses derniers quatuors, laisse venir à nous une tendresse comme exténuée, si douloureuse et si caressante que le cœur le plus sauvage doit se rendre à elle, il a parfois, dans les accents de sa joie, quelque chose d’un peu populaire. Il semble alors que, dans cette âme à la fois profonde et naïve, on ait marié la Solitude au Dimanche. Mais, il ne faut peut-être voir là qu’un trait de sa bonté. Par ces fanfares un peu communes, il veut vraiment entraîner et encourager tous les hommes. Reniant sa propre douleur, il les convie ingénuement à fonder avec lui un monde meilleur. Il demeure toujours leur grand bienfaiteur. Sa musique sort pour eux de son cœur inépuisable. Ce fleuve immense se répand et des multitudes y boivent.




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