Le pétrole : récession et stagnation

Dominic Doucet

En 2008, le baril de pétrole atteignait un prix record de 140$. S’il a chuté lors de la grande récession de 2007, il est revenu à des niveaux historiquement élevés. Il se situe actuellement à plus du triple (105$) du prix moyen des trente dernières années (34$). Parallèlement, la reprise économique manque de vigueur. Les États-Unis, moteur économique, n’ont toujours pas regagné les emplois perdus. Pour les ménages, c’est une décennie de croissance des revenus qui a disparu. Si l’on prend acte de l’importance du pétrole pour l’économie moderne, est-ce que le pétrole n’influencerait pas plus fortement qu’on ne veut l’admettre la croissance économique?

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Dans un article publié en 1956, Hubbert King montre que la production de pétrole et de gaz naturel dans une région définie suit la forme d’une cloche : elle débute lentement, elle accélère jusqu’à un sommet pour ensuite diminuer. Avec l’aide de son modèle, King a prévu que les États-Unis atteindraient un pic en 1970. Ce qui s’est produit. Son modèle est néanmoins limité. Il l’a reconnu d’ailleurs dans son article en précisant que la production de pétrole à partir de sources non conventionnelles pourrait modifier le paysage énergétique.

En 2008, alors que le prix du pétrole atteignait 140 US$/baril, la théorie du pic pétrolier est réapparue au-devant de la scène. L’accroissement significatif du prix du pétrole et le plateau atteint par la production suggéraient que nous avions atteint un pic. Cependant, il y a eu la récession, et le prix du pétrole a chuté à 42 US$/baril. Et l’intérêt pour la théorie du pic pétrolier a diminué aux yeux du grand public, en raison de l’exploitation de sources non conventionnelles.

Actuellement, le prix du pétrole (Brent) se situe approximativement à 108$/baril, soit au-dessous du prix record atteint en 2008. La demande s’est accrue, particulièrement en Asie. Le prix élevé a permis plusieurs nouveaux développements, comme le pétrole de schiste. La production de pétrole à partir de source non conventionnelle a modifié le paysage énergétique nord-américain. En 2013, les États-Unis produisaient plus de pétrole qu’ils n’en importaient. Plusieurs partisans de la théorie du pic pétrolier ont commis une erreur, ils n’ont pas compris que le pétrole ne doit pas être envisagé d’une façon unidimensionnelle. C’est une ressource complexe, qui dépend du contexte technologique, mais aussi du contexte économique.

Bien que la vision simpliste du pic pétrolier se soit révélée fausse en 2008, on ne doit pas rêver en couleur. Le prix actuel est considérablement plus élevé que le prix moyen des trente dernières années.

Le coût du pétrole : une taxe sur le transport

Un prix élevé ressemble, quant à son effet, à une taxe sur le transport. La spécialisation des économies constitue l’un des facteurs majeurs de l’enrichissement des nations à notre époque. Toutefois, cela implique le développement de moyens de transport afin de déplacer les marchandises échangées. En absence de moyens de transport efficace, sécuritaire et peu coûteux, les économies seraient plus locales. Conséquence : une hausse significative et durable du prix du pétrole, en augmentant le coût du transport, provoque des chocs structurels dans nos économies, particulièrement lorsque la hausse du prix du pétrole est brusque, comme elle l’a été en 2008.
Alors, pourquoi ne pas remplacer le pétrole par autre chose? Le pétrole a de nombreux avantages : l’essence, un produit dérivé important, constitue un heureux compromis entre plusieurs contraintes : densité énergétique, coût, sécurité du stockage, facilité du remplissage, réparation facile à effectuer, etc. Les technologies alternatives (piles à combustible et électricité) ne se comparent toujours pas avantageusement aux moteurs à explosion. Par exemple, les accumulateurs lithium-ion utilisés dans les véhicules électriques emmagasinent moins d’énergie utile dans une même masse. Une voiture électrique pèsera beaucoup plus qu’une voiture à essence si on veut parcourir la même distance sans recharger la batterie. C’est pourquoi la voiture Tesla S pèse 40% plus que la Honda Accord 2013, par exemple. Les voitures électriques actuellement sont encore destinées à une clientèle de niche

Ceci étant dit, le pétrole constituera au moins pour la prochaine décennie une source d’énergie convoitée puisqu’il n’y en a pas d’autre qui puisse la remplacer dans le secteur du transport avec la même efficacité et au même prix. L’abondance de l’énergie électrique au Québec peut nous induire en erreur. Ailleurs dans le monde, elle est coûteuse et polluante. Ses bénéfices environnementaux varient en fonction de la source d’énergie utilisée pour produire l’électricité et des matériaux utilisés pour les accumulateurs. En Chine, par exemple, les véhicules électriques pourraient être plus polluants que les modèles conventionnels.[1]

Considérant l’importance du pétrole dans l’économie moderne, l’impossibilité de le remplacer aisément dans le transport, considérant aussi le fait qu'il est utilisé dans la chauffe et la production d’électricité, quel est l’impact du prix élevé du pétrole sur notre économie?

L’économie mondiale et le pétrole

Dans une économie fortement mondialisée, le transport des marchandises est primordial. Nous dépendons des livraisons de biens provenant d’autres régions du monde pour notre propre production. Même les pays riches, avec une économie de service, dépendent des importations de biens pour leur consommation nationale. Ainsi, une augmentation des coûts liés au transport ferait croître le prix de plusieurs biens.

Puisqu’une récession peut être la conséquence d’un changement technologique ou la modification durable du coût d’un intrant, est-ce qu’une hausse du prix du pétrole peut, à elle seule, provoquer une récession?

James D. Hamilton, professeur en économie de l’énergie de l’Université de la Californie, le croit. Ses recherches montrent que les variations du prix du pétrole influent sur la productivité des entreprises, les dépenses discrétionnaires des ménages et la fuite des capitaux des pays importateurs de pétrole. Ainsi, toutes les récessions après-guerre, sauf une, ont été précédées d’une hausse importante du prix du pétrole, comme le montre le graphique ci-dessous.[2]

Prix réel et brut du bail de pétrole (US$)

 

Toujours d’après Hamilton, la hausse considérable et subite du prix du pétrole en 2007-2008 explique mieux la dernière grande récession que tout autre facteur. Il y a, dit-il, une interaction entre les dépenses dans les combustibles fossiles et l’immobilier. La crise hypothécaire aurait été amplifiée par l’augmentation des dépenses en carburant des ménages et l’augmentation du prix des biens, dont la nourriture. Ces facteurs auraient contribué à accroître les défauts de paiement sur les hypothèques en grugeant le revenu disponible des familles. Cela expliquerait pourquoi le prix des maisons situées en périphérie des grands centres urbains a baissé à cause de la hausse du prix du carburant, ce qui suggère un lien entre le coût des propriétés et le coût du transport. La flambée du cours du pétrole aurait alors provoqué la crise financière.

Actuellement, où le marché pétrolier se situe-t-il?

Après une chute abrupte à la suite de la dernière récession, le coût du pétrole s’est relevé rapidement. Le Brent (pétrole provenant d’Europe et d’Afrique) se négocie actuellement autour de 100 $US / baril, ce qui correspond aux niveaux atteints à la veille du deuxième choc pétrolier (en tenant compte de l’inflation) et de la dernière récession. En sachant que le prix réel moyen du baril de pétrole pour les 30 dernières années se situe à 38,15$/baril, on comprend mieux en quoi le prix du pétrole continue être élevée. Mais, si le prix du pétrole est élevé à nouveau, pourquoi assistons-nous à une reprise économique?

Prix réel et nominal du pétrole importé aux États-Unis (2005=100)

 

Source : http://www.indexmundi.com/commodities/?commodity=petroleum-price-index&months=240

 

Une reprise atypique

La reprise économique actuelle est atypique. Comparativement aux autres périodes de reprise, elle est lente. Bien que lentement, il est vrai que le taux de chômage diminue aux États-Unis, mais les emplois créés sont à temps partiel. Et le taux diminue en partie parce que les chômeurs quittent le marché du travail. Ils arrêtent de chercher un emploi, cela fait diminuer le taux de chômage. Par ailleurs, les États-Unis n’ont toujours pas regagné tous les emplois perdus lors de la dernière récession, comme nous pouvons l’observer dans la figure ci-dessous. Nous observons la plus lente reprise économique depuis la Deuxième Guerre mondiale.


Le taux d’emploi, quant à lui, dévoile une tout autre situation que le taux de chômage. Le taux d’emploi pour les 25-54 ans a chuté de cinq points de pourcentage en 2008, et il ne s’est pas véritablement amélioré depuis.

Taux d'emploi et de participation (25-54 ans)



Une autre statistique significative : le revenu médian. À la suite de la dernière récession, il a reculé de près de 10 années, ce qui représente la disparition d’une décennie d’enrichissement pour la majorité des ménages. Et il ne s’est pas accru.

 

Salaire médian des ménages en valeur réel (USA)

 

Malgré des données préoccupantes sur l’emploi, les États-Unis ne sont pas retournés en récession depuis la récession de 2007-2008. [3] Le PIB s’est accru, tout comme la bourse, mais cela ne s’est pas traduit par une amélioration des conditions de vie pour la majorité de la population. Il faut souligner cette dislocation entre l’économie réelle et l’économie virtuelle et financière.

Pendant ce temps, la zone euro est retournée deux fois en récession entre 2007 et 2013. En Europe, le taux de chômage s’est accru significativement pour se situer à un peu plus de 12% en 2013. Chez les jeunes, le taux de chômage se situe à près de 24%! En 2007, il se situait approximativement à 17%.[4]

Taux de chômage en Europe

Source: http://qz.com/58243/euro-zone-unemployment-hits-a-record-high-of-11-9/


Pour ce qui est des pays en voie de développement (Brésil, Russie, Inde et Chine), certains connaissent un ralentissement de leur croissance économique alors que d’autres sont en récession (Russie).

Comme nous l’avons brièvement montré, s’il y a reprise économique, elle manque de vigueur, particulièrement pour les travailleurs des pays riches. Il y a quelque chose qui s’est brisé dans les années 2000 : les travailleurs ne profitent plus de la croissance économique. Peut-être, comme le signalent certains auteurs, la croissance économique a-t-elle cessé depuis plus longtemps qu’on ne le pense. Cela signifierait que les statistiques sur le produit intérieur brut ne mesurent plus la croissance économique…

 

Est-ce que le pétrole serait en cause dans la faible croissance historique?

Actuellement, le pétrole atteint un prix historiquement élevé, qui se situe à 70$ au-dessus de la moyenne des trente dernières années (35$/baril). À la lumière des informations présentées précédemment, il est probable que son coût élevé ne permet pas une reprise économique semblable aux précédentes. De plus, au moment où le prix du baril de pétrole franchissait le cap de 100$, l’Agence internationale de l’énergie a signalé que cela risquait de précipiter l’économie mondiale à nouveau en récession. [6] Les pays riches dépendent tout de même moins du pétrole qu’auparavant, comme le souligne Mankiw. [7]

Prix et production mondiale du pétrole brut

Source: http://oilprice.com/Energy/Crude-Oil/GDP-Growth-must-Slow-as-Oil-Limits-are-Reached.html

 

L’énergie : un enjeu négligé?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les médias et les politiciens ont été peu nombreux à souligner le lien entre l’augmentation du prix du pétrole (et d’autres ressources naturelles), la dernière grande récession et le ralentissement économique actuel. Bien que l’énergie, sous toutes ses formes, soit au cœur de toutes activités. Pourquoi?

Premièrement, la faillite médiatisée de Lehman Brothers, la crise des subprimes et les menaces de faillites ont été les premières manifestations concrètes de la crise. Bref, les médias ont présenté des conséquences comme des causes. Par ailleurs, l’augmentation du prix du pétrole et des autres ressources naturelles (cuivre, aluminium, or, etc.) n’a pas le même attrait médiatique. Cela expliquerait pourquoi le débat politique s’est alors limité aux rôles de la finance et du gouvernement dans la crise économique précédente.

Deuxièmement, les politiciens ont peu de pouvoir sur l’offre et la demande de pétrole et des matières premières. L’augmentation de la demande de pétrole constitue la contrepartie à l’accès à la richesse matérielle des pays en voie de développement. Ces pays s’enrichissent, et ils ont besoin de plus de pétrole pour leurs industries et leurs citoyens. Les gouvernements à l'échelle locale et globale sont en grande partie impuissants à régler ce problème pour lequel il n’y a pas de solution simple : le coût élevé du pétrole influence les échanges internationaux, le transport et le chauffage.

 

Consommation mondiale de pétrole (US, EU, Japon vs le reste du monde)

 

Troisièmement, les politiciens de toutes tendances ont assimilé les marchés financiers et les banques et en ont fait des boucs émissaires à des fins électoralistes. Il est vrai que la finance a joué un rôle dans la crise économique moderne. Mais, est-ce qu’une dépendance moins élevée au pétrole n’aurait pas pu réduire les conséquences de la hausse du prix de ce produit? Cette explication est moins séduisante que celle qui consiste à blâmer des acteurs abstraits : les banquiers, les spéculateurs avides, les chefs d’entreprises, etc.

Quelques mots sur la spéculation : les ressources naturelles, dont le pétrole, peuvent effectivement être sujet à la spéculation. Le développement des Exchange-Traded Funds et des futures contracts ont permis aux investisseurs moyens d’investir dans les ressources naturelles, sans détenir physiquement ces ressources. Cet impact serait toutefois marginal, et n’expliquerait pas l’augmentation significative du prix du pétrole depuis 2004. L’offre et la demande physique déterminent donc le prix du pétrole.[8]

Et le futur?


Que nous réserve alors l’avenir?

Si le pétrole est avant tout une réalité géologique, son utilisation par l’homme en fait aussi un phénomène économique. L’offre et la demande influent sur son prix, ce qui attire ou repousse les investissements, incite à la recherche de produits de substitution et de l’efficacité énergétique.

La chute du prix du pétrole a favorisé certaines sources alternatives, d’énergie tels les biocarburants, l’électricité ou le gaz naturel. La baisse du prix du gaz naturel aux États-Unis, par exemple, a encouragé l’utilisation croissante de ce gaz pour le chauffage et la production d’électricité au détriment du mazout.

De plus, lorsque le prix s’accroît, de nouvelles sources de pétrole deviennent accessibles. Au cours du siècle dernier, on connaissait les réserves de pétrole de schiste et les sables bitumineux, mais on ne les considérait pas puisqu’il en coûtait trop cher pour les exploiter. Pour les pétroles non conventionnels, les investisseurs demandent un prix supérieur à 80$/baril avant d’investir[9], ce qui se situe légèrement en dessous du prix actuel qui varie entre à 105$, et bien au-dessus de la moyenne historique de trente dernières années à 34$/baril.

Bref, le pétrole ne doit pas être envisagé comme une ressource fixe et statique. La réalité est plus complexe. La production peut croître, décliner et croître à nouveau selon de multiples facteurs. Par exemple, les États-Unis auront produit plus de pétrole en octobre 2013, qu’ils en ont consommé, renversant la tendance au déclin de la production depuis plus de trente ans. La réalité n’est pas rose pour autant. Le prix du brut doit se situer au-dessus de 80$/baril [10] pour qu’on puisse exploiter plusieurs des sources non conventionnelles de pétrole. Une limite économique se dresse donc devant nous. Cette limite peut aussi se déplacer si l’on innove et l’on réduit le coût de production.

Il y a aussi des inconnus. Si les nouvelles sources de pétrole modifient le paysage énergétique américain, certains aspects des nouvelles formes de pétrole de schiste demeurent peu connus, dont leur productivité à long terme. En octobre 2013, la production de pétrole près d’Oklahoma City s’est réduite à 100 barils par jour, alors qu’en 2009 on en produisait plus de 1 200 barils. C’est une importante réduction. Les puits du pétrole de schiste connaissent une productivité très élevée au début, mais ils connaissent un déclin élevé et rapide pour se stabiliser sur plusieurs années. À court terme, la production américaine de pétrole devrait augmenter. Mais, à long terme, il n’est pas possible de le prévoir avec certitude.[11]

En résumé, le prix du pétrole ne devrait pas baisser en dessous de 80$/baril à moins d’une innovation technologique. L’augmentation à court terme de la production de pétrole devrait se poursuivre, mais des pressions sur la demande maintiendront le prix du pétrole à des niveaux élevés. On remplacera l'essence, comme cela se fait déjà, par des biocarburants dans les pays riches, mais cette substitution demeurera faible puisque le coût de production est tout aussi élevé.

L’intérêt économique pourrait être une solution à un problème environnemental


Le pétrole est tellement intégré à notre économie qu’il est difficile pour les États de se libérer de sa dépendance.

On peut être pessimiste. Si certains États cherchent à réduire leur dépendance au pétrole, les technologies alternatives ne révolutionneront pas à court terme le transport. Le pétrole restera aussi utilisé pour la chauffe et la production d’électricité dans plusieurs régions. À moins que son coût élevé ne favorise la conversion au charbon… qui est très abondant et peut être peu coûteux.

On peut aussi être optimiste. En raison des changements climatiques, il y a un avantage économique pour une nation à réduire sa dépendance au pétrole. Par contre, en l'absence de « police mondiale », la nation qui ne se soumet pas aux accords internationaux détient un avantage compétitif puisqu’à court terme, tout accord afin de limiter les émissions de GES augmente les coûts des biens et des services. Toutefois, plus un pays diminue sa dépendance au pétrole, plus il se libère des variations de son prix. Dans ce cas, les économies perdantes sont celles qui ne font rien pour se libérer du pétrole.

Il y a tout de même de l’inertie : les États sont endettés, se libérer du pétrole ne fait pas rêver les électeurs, aucune région ne veut pénaliser sa compétitivité économique en augmentant le coût de l’énergie. Alors, qu’est-ce qui fait rêver? Encourager l’économie locale. Augmenter sa production d’énergie renouvelable. Assurer la prospérité pour les générations futures. Accroître l’investissement en recherche et développement. C’est dans ces termes que le discours doit se faire. Il fera rêver. Et il permettra de remporter des élections.

 

Sources:

[1]http://www.bbc.co.uk/news/magazine-22001356
[2]Pour une discussion plus complète, voir James D. Hamilton (2011), Historical Oil Shocks
[3]Selon la définition technique, un pays entre en récession quand son PIB se replie pendant au moins deux trimestres consécutifs
[4]http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/refreshTableAction.do?tab=table&plugin=1&pcode=teilm020&language=fr
[5]http://en.wikipedia.org/wiki/The_Great_Stagnation
[6]http://www.worldenergyoutlook.org/pressmedia/quotes/20/
[7]http://gregmankiw.blogspot.ca/2007/10/where-have-all-oil-shocks-gone.html
[8]http://web.mit.edu/ceepr/www/publications/workingpapers/2013-006.pdf
[9]http://thehill.com/blogs/congress-blog/energy-a-environment/328389-without-shale-oil-prices-would-be-a-lot-higher
[10]http://thehill.com/blogs/congress-blog/energy-a-environment/328389-without-shale-oil-prices-would-be-a-lot-higher
[11]http://www.econbrowser.com/archives/2012/07/shale_oil_and_t.html

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