Hommage à Marius
Témoignage de Pierre Lussier à l'occasion des funérailles de son ami Marius Dubois, en l'église de Sainte-Pétronille le 23 janvier 2015
Marius Dubois, Pierre Lussier dans l'Encyclopédie de l'Agora
Nous sommes tous conscients ici que notre ami Marius, le grand peintre Marius Dubois, laisse dans son sillage une empreinte qui ressemble à un trésor rare et précieux pour notre humanité. Nous avons cru reconnaître dans ses somptueux tableaux si riches en profondeur et dans sa personne droite et pure quelque chose de l’au-delà d’où nous venons et vers lequel nous tendons. Sa poésie vaste comme l’univers, ses visions suspendues de mondes harmonieux et vibrants où les perles et les roses nous livrent leurs secrets, où les humains libres et purs accueillent avec délicatesse le rêve du Grand Artiste, cela nous restera et nous en prendrons soin.
Comme il me semble important aujourd’hui de remercier le ciel et de le remercier lui, Marius, pour s’être fait un messager si fidèle, si constant et je dirais si consacré à son inspiration sacrée envers et contre tout!
Je parle de messager, car Marius se voyait lui-même comme le chantre de quelque chose de plus grand que lui, le chantre d’une beauté qui le dépassait lui-même, d’où son humilité et sa simplicité. Qu’ils sont beaux les pieds du messager et qu’elles sont gracieuses ses mains!
Lequel d’entre nous n’a pas un jour entrevu l’éclat fauve et inspiré de son regard? Que voyait donc Marius derrière notre réalité pour se sentir ainsi enivré? Ses tableaux nous le disent et nous montrent que pour lui, la réalité que nous connaissons était en vérité le reflet ou le miroir d’une autre réalité plus vraie encore, plus lumineuse, plus amoureuse. Il nous faisait découvrir comment l’homme est vraiment créé à l’image de Dieu et comment tout ce qui se trouve autour de nous est en vérité le doux reflet d’un royaume intérieur dont le centre est divin. Dans des plans d’eau souriant où se mire la beauté, on reconnaît l’amour éperdu du rêve et de la réalité, de l’amant et de l’aimée. Marius avait un pied sur terre et l’autre au ciel. Pour lui, le rêve et la réalité ne pouvaient vivre l’un sans l’autre, comme l’homme sans son Dieu de bonté.
Sa vie quotidienne était aussi à cette image. Les nombreux services qu’il rendait avec la plus grande affabilité aux jeunes artistes, à sa communauté chrétienne, à sas amis, faisaient partie de son ordinaire. C’était un homme bon. Comme son épouse si aimante Francine, qu’il importe d’inclure dans cet hommage, car nous savons tous le rôle essentiel qu’elle a joué dans sa vie et nous l’en remercions de tout cœur.
Cela a été dur pour Marius de quitter notre monde qu’il aimait tant, mais finalement, il s’est abandonné. Il disait à la fin sur son lit d’hôpital : « je vais vous préparer une place ». Et encore : « J’ai confiance en Dieu et je suis serein ».
Marius aurait tant aimé poursuivre de son pinceau sa cueillette de ces délicieuses images qui enchantaient encore notre vie et l’enchanteront encore longtemps. Il en avait encore tellement en réserve qui brûlaient de voir le jour. Mais la vie qui nous connait mieux que nous-mêmes avait d’autres projets pour lui.
C’est Raphaël et Michel-Ange qui vont être contents de l’embrasser...
Marius, mon frère, mon ami, je te dis au revoir et bonne route!