Vers un troisième choc pétrolier ?
Le monde est à nouveau entré en 2005 dans une ère de pétrole cher. Le baril de pétrole a franchi les seuils historiques de 60 dollars le 23 juin 2005 et de 70 dollars le 30 août 2005 du fait de craintes de pénuries sur les marchés mondiaux. En dollars constants, cette hausse ne correspond encore qu'à 65 % du prix effectivement atteint par les cours pétroliers lors du deuxième choc pétrolier en 1979.
Toutefois, les risques économiques et géopolitiques pourraient faire connaître aux marchés pétroliers internationaux de nouvelles perturbations durant les cinq prochaines années. Les cours du pétrole pourraient de nouveau croître en 2006 et 2007 du fait de la combinaison d'un état tendu des marchés mondiaux, la demande continuant d'augmenter fortement en Asie et aux États-Unis, et des nombreux risques géopolitiques en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient.
On estime ainsi que le baril pourrait atteindre un niveau de 105 à 110 dollars, comparable à celui de 1979.
2. À terme, l'inéluctable épuisement des réserves
Au-delà des tensions immédiates sur le marché du pétrole, c'est vers un véritable tarissement des réserves d'hydrocarbures que se dirige le monde.
Les réserves prouvées de pétrole représentent aujourd'hui entre 1 000 et 1 200 milliards de barils, soit 40 années de consommation au rythme actuel. La mise en exploitation des « ressources non conventionnelles » (sites en eau profonde, sables bitumineux) pourraient repousser l'échéance d'environ trois décennies.
En tout état de cause, la ressource pétrolière devrait se tarir avant la fin du XXIe siècle. Le processus affecte déjà de nombreux champs pétroliers. Ainsi, la production de brut en Mer du Nord est passée de 128,6 millions de tonnes en 1999 à 87,5 millions de tonnes en 2004, soit une chute de 32 % en cinq ans. Le Royaume-Uni a donc connu au troisième trimestre 2005 le premier déficit de sa balance pétrolière depuis 1980.
Pour le gaz naturel, les ressources estimées sont plus importantes que pour le pétrole, soit une soixantaine d'années. On tend déjà à constater un tassement de l'accroissement des réserves prouvées : alors que par le passé on découvrait 4 milliards de mètres cubes supplémentaires en moyenne chaque année, les volumes complémentaires trouvés annuellement depuis 2002 sont plutôt de l'ordre du milliard de mètres cubes.
Seul le charbon demeure une source d'énergie relativement abondante puisque, au rythme actuel de consommation, les réserves seraient supérieures à deux siècles. Le problème est que la combustion du charbon rejette dans l'atmosphère bien plus de CO2 que celle du pétrole ou du gaz, ce qui n'en fait pas une ressource de substitution acceptable pour les hydrocarbures, en l'état actuel des techniques.