Le navire
Si je crus sur un Mont, Je cours dessus les eaux :
Et porte de Soldats une nombreuse armée,
Après avoir logé des Escadrons d'Oiseaux.
En rames, mes rameaux se trouvent convertis ;
Et mes feuillages verts, en orgueilleuses voiles :
J'ornai jadis Cybèle, et j'honore Thétis
Portant toujours le front jusqu'auprès des Étoiles.
Mais l'aveugle Fortune a de bizarres lois :
Je suis comme un jouet en ses volages doigts,
Et les quatre Éléments me font toujours la guerre.
Souvent l'Air orageux traverse mon dessein,
L'Onde s'enfle à tous coups pour me crever le sein ;
Je dois craindre le Feu, mais beaucoup plus la Terre. »