La bougeotte
«L'un se précipite hors de sa riche demeure, parce qu'il s'ennuie d'y vivre, et un moment après il y rentre, car ailleurs il ne s'est pas trouvé mieux. Il court à toute bride vers sa maison de campagne comme s'il fallait porter secours à des bâtiments en flamme; mais, dès le seuil, il bâille; il se réfugie dans le sommeil pour y chercher l'oubli ou même il se hâte de regagner la ville. Voilà comme chacun cherche à se fuir, mais, on le sait, l'homme est à soi-même un compagnon inséparable et auquel il reste attaché tout en le détestant; l'homme est un malade qui ne sait pas la cause de son mal. S'il la pouvait trouver, il s'appliquerait avant tout, laissant là tout le reste, à étudier la nature; car c'est d'éternité qu'il est question, non pas d'une seule heure; il s'agit de connaître ce qui attend les mortels dans cette durée sans fin qui s'étend au delà de la mort».
On croit déjà entendre Pascal, dans son inoubliable réquisitoire contre la divertissement: «j'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre».