Auschwitz-Birkenau: espace de mémoire vivante

UNESCO
Auschwitz-Birkenau, qui est peut-être le site mémorial le plus important de l’Holocauste, est un symbole universellement reconnu et une représentation impressionnante de la souffrance humaine sous l’occupation et la domination nazies. En fait, beaucoup plus qu’un symbole, ce site présente des preuves vivantes de crimes contre l’humanité et d’un génocide sans précédents. Il possède une valeur éducative inestimable pour les générations futures et comme espace de mémoire vivante.
En 1947, le Parlement polonais a officiellement créé une aire protégée à l’emplacement des anciens camps de concentration. En 1979, le site a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en raison de son importance historique. C’est alors qu’a été créée une zone de protection pour assurer une “zone de silence” autour des camps et empêcher les empiétements urbains sur le site.

Le Comité du patrimoine mondial a été informé que des travaux de construction menaçaient le site et il a instamment demandé en 1996 aux autorités polonaises d’élaborer un plan de préservation du site et de ses environs immédiats. Au début de 1999, des groupes catholiques radicaux avaient planté près de 300 croix sur place, ce qui a provoqué un émoi considérable de l’opinion publique internationale au sein de groupes juifs et autres.

Une loi polonaise récente, la Loi sur la protection des anciens camps d’extermination nazis, fixe des conditions très strictes pour la gestion de huit “sites mémoriaux de l’holocauste” en Pologne, y compris Auschwitz-Birkenau. Le 28 mai 1999, lendemain de l’entrée en vigueur de la loi, les croix illégalement placées ont été retirées.

En 1997, le gouvernement polonais avait adopté les orientations de base pour un Programme gouvernemental stratégique (le Programme Oswiecim), visant au développement et à la gestion d’ensemble à long terme du site “en reconnaissant pleinement la nécessité de protéger et de préserver son intégrité physique et sa dignité”. Oswiecim est le nom polonais d’Auschwitz.

Le Programme Oswiecim concerne essentiellement la protection et la préservation du site ; le rétablissement de l’unité et des liaisons entre les deux anciens camps et l’étude particulière de l’amélioration de l’accès au camp d’extermination de Birkenau ; et enfin l’assurance que le développement économique des zones environnantes, tout en répondant aux intérêts et aspirations des communautés locales, doit progresser dans la conscience et le respect de la nature unique et du caractère sacré des sites.

Ce Programme, ainsi qu’une Prise de position le concernant, ont été approuvés par le gouvernement polonais, par les instances gouvernementales nationales et locales d’Oswiecim et par un certain nombre d’organisations, ONGs et fondations comme le United States Holocaust Memorial Council, le Conseil international du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau et Yad Vashem (Israël). Ils demandaient entre autres la création d’un groupe international d’experts pour aider le gouvernement polonais à élaborer un plan de gestion d’aménagement et de conservation du site.

ICOMOS-Pologne, avec l’assistance du Fonds du patrimoine mondial, a organisé en juin 1998 une réunion consultative d’experts sur l’aménagement de l’espace intérieur et des abords des anciens camps. A la suite de cela, le ministère polonais de l’Intérieur a créé un groupe d’experts inter-nationaux en mai 1999. Ce groupe comprend une équipe très qualifiée d’historiens, architectes, urbanistes et gestionnaires de sites de plusieurs pays, sous la direction de M. A. Tomaszewski, de Pologne, ancien directeur général de l’ICCROM. Un soutien financier du Fonds du patrimoine mondial pour de l’assistance technique complémentaire destinée à assurer deux réunions d’experts en l’an 2000, a été demandé au Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.

S’adressant à la réunion du Bureau du patrimoine mondial en juillet 1999, l’observateur de la Pologne a indiqué que son gouvernement avait présenté un rapport substantiel sur les mesures prises pour la gestion et la préservation de ce site du patrimoine mondial et il a noté que ce Programme serait étendu jusqu’à 2007.

Le Bureau avait alors félicité le gouvernement polonais de ses actions décisives afin d’instaurer une planification intégrée des abords des deux anciens camps. Il l’a prié de présenter un nouveau rapport d’avancement avant le 15 avril 2000, pour étude par le Bureau à sa vingt-quatrième session. Il a demandé que ce rapport comprenne des cartes détaillées des camps et de leurs environs, en indiquant clairement les différentes zones de protection et leurs mécanismes de gestion.

La Loi polonaise sur la décentralisation prévoit que les collectivités locales élaborent et adaptent leurs plans de développement locaux en consultation avec les populations locales. Ce processus local devrait être terminé au début de l’an 2000 et le groupe d’experts pourra accomplir son travail d’élaboration d’un Plan directeur cohérent et réalisable pour l’aménagement de l’espace intérieur et des abords des anciens camps.

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Alan A. Stone

Texte paru dans la Boston Review. Pour l'auteur, le film La vie est belle de Roberto Benigni banalise l'holocauste au point d'en faire un fable sentim




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