«Un être de lumière et de combat»
"Je pleure une morte… Je salue une immortelle… George Sand était une idée." : c’est par ces mots que Victor Hugo rendit hommage à la femme de plume au lendemain de sa mort, ici même, à Nohant, chez elle, dans cette vallée magnifique qui était, disait-elle, comme "le vêtement de (sa) propre existence".
Celle qui avait trouvé en elle la force de devenir George Sand était bien davantage que le grand écrivain, le grand romancier qui a si profondément marqué la littérature française autant que l’imaginaire des Français.
Celle qui, avec Lélia, Consuelo, Les Maîtres mosaïstes, s’est inscrite dans le romantisme français, qui avec ses romans champêtres, La Petite Fadette, La Mare au diable, François le Champi, est devenue la compagne familière de tant et tant de lecteurs, lecteurs qu’elle a fait caracoler aussi sur les routes de France, dans les fontes de ses Beaux Messieurs de Bois Doré, nous touche aussi désormais par son Journal intime, ses Lettres d'un voyageur et surtout son immense correspondance, d'un ton si juste et d'une pensée si ferme.
Elle nous touche par sa vie digne des plus grands romans et qui fit scandale. Il nous est bien difficile de comprendre aujourd'hui l'étonnement et même l’hostilité que déclenchèrent alors sa volonté de vivre de sa plume, sa prétention à l'égalité, pour les femmes et pour tous, cette flamme, au fond révolutionnaire, qui lui fit réclamer le suffrage universel, en ce milieu du XIXe siècle où tout bouge mais au prix de quels combats !
Enfant des Révolutions, elle a fait comme Victor Hugo le voyage d’Espagne. Elle y a vu, avec ses yeux d'enfant, la révolte de tout un peuple. Descendante de la plus haute aristocratie européenne et du peuple de Paris, enfant de la ville par sa mère et de la campagne berrichone par sa grand-mère, elle n’a cessé d’aspirer à ces valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, qui fondent notre nation. En cela, elle incarne l’esprit français, dans toute sa grandeur.
Elle a trouvé dans cette terre du Berry, à laquelle elle donna le beau nom de Vallée Noire, la paix et le bonheur qu'elle recherchait. Femme ayant promu la cause des femmes, muse et égérie de la Révolution de 1848, c'est de Flaubert, son cadet, qui la comprit sans doute mieux que personne, qu'elle reçut le plus bel hommage. Deux siècles après, son jugement conserve toute sa force, et toute sa vérité. "Elle restera, écrit-il, une des illustrations de la France et une gloire unique".
Aujourd'hui à Nohant, vous célébrez le bicentenaire d'une femme unique. Belle figure de femme et de Française, militante acharnée de cette liberté, de cette dignité si souvent encore interdites à tant de femmes et d’hommes et qui demeurent les combats de la France.
Source : site de la Présidence de la République française