Socrate explique à Phèdre en quoi il peut être favorable aux hommes en quête d'inspiration de rester calmement à discuter dehors en plein midi plutôt que de rentrer se coucher. Il lui raconte une légende merveilleuse dans laquelle les cigales, amies des Muses, repèrent les mortels qui rendent hommage à leurs inspiratrices.
« On raconte que les cigales étaient des hommes avant la naissance des Muses. Quand les Muses naquirent et le chant avec elles, il y eut des hommes que leurs accents transportèrent de plaisir, à tel point que la passion de chanter leur fit oublier le boire et le manger, et ils passèrent de la vie à la mort sans même s'en apercevoir. De ces hommes naquirent les cigales ; et les Muses leur accordèrent le privilège de n'avoir besoin d'aucune nourriture ; mais dès le moment de leur naissance jusqu'à leur mort elles chantent sans manger ni boire ; et après cela elles vont annoncer aux Muses quel est celui des mortels qui rend hommage à chacune d'elles. Ainsi, en faisant connaître à Terpsichore ceux qui l'honorent dans les choeurs, elles rendent cette divinité encore plus propice à ses favoris. À Érato, elles redisent les noms de ceux qui cultivent la poésie érotique ; et aux autres Muses, elles font connaître ceux qui leur accordent l'espèce de culte qui convient aux attributs de chacune ; à Calliope la plus âgée et à Uranie la cadette, ceux qui s'étant adonnés à la philosophie, cultivent les arts qui leur sont consacrés. Ces deux Muses, qui président aux mouvements des corps célestes et aux discours des dieux et des hommes, sont aussi celles dont les chants sont les plus mélodieux. Voilà bien des raisons pour parler au lieu de dormir en plein midi. »