L'Encyclopédie sur la mort


Semaine de la prévention du suicide 2011

Éric Volant

« Le suicide n’est pas une option ! » est le thème qui guidera la 21e semaine de prévention du suicide, du 30 janvier au 5 février 2011. Le Plan d’action en santé mentale du Ministère de la santé et des services sociaux l’affirme : «Une intervention globale de prévention du suicide doit être mise en oeuvre (…) On veut également parvenir, grâce à cette intervention, à la concertation nécessaire pour diminuer la tolérance sociale face au suicide, voire sa banalisation ou sa valorisation.» C’est dans cette volonté de diminuer la tolérance, la banalisation et la valorisation du suicide que nous inscrivons cette 21e édition de la SPS. «Le suicide n’est pas une option ! » veut mobiliser les citoyens autour du refus du suicide comme une solution acceptable pour mettre fin à la souffrance.
Ce slogan «Le suicide n'est pas une option» nous semble manquer de justesse. En effet, le suicide a toujours été et sera toujours une option disponible aux personnes qui veulent terminer leur vie par mode de suicide. Nous pouvons être d'accord ou ne pas être d'accord avec cette option, mais elle demeure une option. Nous pouvons estimer que cette option est inappropriée, qu'elle ne correspond pas à nos valeurs ou à nos principes, mais elle demeure quand même une option envisageable pour d'autres personnes. Est-ce que cette attitude d'intolérance de l'État et de certains organismes de prévention du suicide est la meilleure façon d'aider les personnes suicidaires? Nous en doutons.

Dans le cadre de cette 20e Semaine de prévention du suicide, c'est sous le thème régional «Êtes-vous inquiets pour un de vos proches?» que l'Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine veut transmettre un message d'espoir et encourager les proches à recourir aux services d'aide disponibles dans la région, pour eux comme pour les personnes suicidaires. Nous estimons cette thématique bien plus riche et signifiante que celui des SPS, car le souci de l'autre y est prépondérant.

Pour la Semaine de prévention du suicide de février 2010, le Centre de santé et de consultation psychologique de l'université de Montréal avait présenté la problématique du suicide dans une perspective de sollicitude des personnes suicidaires au lieu de tomber comme les SPS du Québec dans une campagne idéologique et agressive d'intolérance. Voici cette problématique: «Vous connaissez un proche qui s’est suicidé? Vous avez déjà envisagé le suicide pour vous-même? Vous aimeriez comprendre ce qui peut amener un individu à songer au suicide? La Semaine de prévention du suicide est l’occasion de venir échanger sur ce thème.»

Il est intéressant aussi de voir comment dans d'autres pays, la Semaine de prévention du suicide est présente. Sous le titre «Le suicide n'est pas une fatalité», le Centre de Prévention du suicide en Belgique s'exprime avec beaucoup de précaution et de compréhension en annonçant la Semaine de prévention 2011:

«Souvent considéré à tort comme l'apanage de la maladie mentale* et en particulier de la dépression*, le suicide, c'est avant tout un problème humain, un acte extrême, dont la violence et le désespoir dérangent, interpellent, questionnent.

Difficile en effet pour la société d'accepter que certains de ses membres la quittent en lui signifiant, de la pire des manières, qu'ils ne s'y sentent pas bien. La mise en cause est radicale et d'autant plus brutale qu'elle fracasse une de nos valeurs essentielles: le caractère sacré de la vie.

Confronté au suicide, on cherche alors une explication ô combien difficile à identifier. Car le suicide n'est pas la résultante d'une cause unique et clairement définie mais l'aboutissement d'un processus plus ou moins complexe, d'un cheminement plus ou moins long vers ce point de non-retour.

Comprendre cela, c'est se donner la possibilité d'agir à chaque étape du processus, c'est prendre le pouvoir de glisser à tout instant un grain de sable dans la mécanique suicidaire. C'est ce que s'efforce de faire le Centre de Prévention du suicide au travers des différentes actions qu'il propose.

http://www.preventionsuicide.be/

Conclusion

Dans notre zèle interventionniste de sauver la vie et même d'imposer la vie, de la proclamer comme valeur, nous oublions de nous interroger sur le sens de la vie en général, dans le sens que nous donnons à notre vie. Quelle est notre qualité de vie sociale, intellectuelle et spirituelle? Avant d'aider des personnes suicidaires, interrogeons nous, nous-mêmes sur nos forces de vie, notre goût de vivre, notre style de vie. Notre vie peut être médiocre et insignifiante, nous menons une «petite vie» sans envergure, une «petite vie d'esclave heureux» de la société de la production et de la consommation? Quelle est notre mode vie? Quels sont nos modèles humains d'une vie accomplie et quels sont les moments forts de notre vie? Au lieu de vivre, nous nous contentons de «fonctionner». À ce sujet, nous référons les professionnels et les bénévoles engagés dans la prévention du suicide à lire «Vivre ou fonctionner» de Jacques Dufresne sur le site de l'Agora
http://agora.qc.ca/Documents/Vie--Vivre_ou_fonctionner_par_Jacques_Dufresne
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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