L'Encyclopédie sur la mort


Potentiel suicidaire

Jean-Pierre Kahn

L'évaluation du potentiel suicidaire se veut une modalité spécifique de l'évaluation du risque* suicidaire. Notons dans les extraits du texte qui suit comment la prévention du suicide est presque exclusivement considérée comme un traitement d'ordre médical, comme si le suicide était une maladie ou surtout une maladie mentale*. Notons l'autorité accordée dans le domaine de la prévention du suicide à l'Association Nationale d'Accréditation et d'Évaluation de la Santé (ANAES). Ceci s'explique pour une bonne partie par le fait que le livre publié sous la direction de Philippe Courtet, intitulé Suicides et Tentatives de suicide (Flammarion, 2010) est une approche clinique du suicide qui, destiné surtout aux professionnels de la santé, dès son introduction, affirme que «le suicide est un problème majeur de santé publique». En effet, dans cette Introduction, D. Castelneau écrit: «De notre place de médecin, nous avons pris le parti de considérer que le suicidant avait. à ce stade, perdu sa liberté* car la douleur physique ou morale, quand elle devient insupportable, est une véritable aliénation» (p. 1) Cependant, les indications concernant l'urgence et la dangerosité sont clairs, précis et utiles.
Une manière commode d'évaluer les modalités et l'urgence des interventions préconisées par l'ANAES, consiste à décomposer et analyser la menace suicidaire en trois composantes: les facteurs de risque, l'urgence de la menace, la dangerosité du scénario suicidaire. Chacune de ces trois dimensions - risque, urgence, dangerosité - est évaluée séparément selon les trois degrés d'intensité: faible, moyen ou élevé.

Facteurs de risque suicidaire
En dehors des facteurs de risque liés à l'âge, le sexe, l'isolement social, la communication d'une intention suicidaire, il s'agit de la présence actuelle ou dans les antécédents d'un ou plusieurs troubles psychiatriques.

L'auteur cite ici: les antécédents familiaux et personnels du suicide, les maladies psychiatriques sévères, en particulier les troubles de l'humeur, l'alccolisme*, les schizophrénies.

Urgence de la menace suicidaire
Deux éléments doivent être pris en compte: l'existence d'un scénario suicidaire et l'absence pour le sujet d'une alternative autre que le suicide. L'urgence doit être évacuée comme «faible» en l'absence d'un scénario construit, «moyenne» si un scénario existe mais que sa date de réalisation est éloignée ou imprécise, «élevée» s'il existe une planification précise ou une date arrêtée pour les jours suivants. Il est important de repérer le passage des idées de suicide à l'intention et de l'intention vers la programmation de l'acte.

Dangerosité létale du moyen suicidaire
Doivent être évaluées la dangerosité mortelle du moyen considéré et son accessibilité: la personne peut-elle facilement disposer - lors de l'évaluation - du moyen qu'elle se propose d'utiliser? Si l'accès au moyen est facile et/ou immédiat, la dangerosité doit être évaluée comme «élevée», l'intervention doit alors être immédiate et viser, en priorité, à empêcher l'accès à ce moyen. Il a été montré que la réduction d'accès aux armes à feu* était un moyen efficace de prévention du suicide. (J.-P. Kahn, «Évaluation spécifique du risque suicidaire», op. cit., p. 102-105, extraits: p. 102-103)
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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