Au professeur Lindblom, futur évêque de Linköping sur la mort de son épouse G.M. Frondin
par C.G. Leopoldt dans Mélanges de littérature suédoise, traduits par M. Agander, Stockholm, Paris, chez Cussac Libraire, Galerie de Richelieu, 1788.
http://www.google.ca/books?
par C.G. Leopoldt dans Mélanges de littérature suédoise, traduits par M. Agander, Stockholm, Paris, chez Cussac Libraire, Galerie de Richelieu, 1788.
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Il fut un temps, cher et malheureux ami. où tu sentais vivement le bien de l'existence; alors le Dieu du génie allumait la lampe destinée à éclairer tes veilles savantes, et de Dieu d'amour se faisait un plaisir de l'éteindre.
Mais il a disparu, ce temps heureux, appelé par des voeux si ardents, accordé par le sort d'une main si avare; et toi qui a été digne de notre envie, tu es enfin digne de nos larmes.
Ne tourne pas un long et douloureux regard vers le passé, et ferme tes yeux aux jours que l'avenir te réserve; ah! garde-toi de voir quels tourments te restent à souffrir, à combien de plaisirs il faut que tu renonces; il ne te reste que la poussière de ton épouse, et le souvenir du bonheur qu'elle te donnait.
Quelle oreille insensible ne serait touchée de ta plainte: elle seule ne l'entendra pas; les baisers que tu imprimes sur sa froide dépouille, ne ramèneront plus le tendre sourire sur ses lèvres; et cette main qu'à la face des autels elle mit dans la tienne, arrosée de tes pleurs, ne la pressera plus, pour confirmer le serment d'amour que la mort, la seule mort a violée.
Oui, pleure, jamais tes yeux ne rencontreront plus ce regard plein d'innocence, dont le feu passa dans tes veines; ta maison ne sera plus surveillée avec cet ordre et cette sagesse qu'y faisait régner sa vigilance; et jamais tes moments de loisir ne s'écouleront dans des bras si aimables.
Que le héros sourie au fer qui perce son coeur sur le champ de bataille: mais malheur à l'homme insensible qui n'est pas navré de la mort de sa tendre épouse, qui peut recueillir sa cendre et la conserver sans baigner de ses larmes ce cher et triste dépôt.
Jouis donc de l'unique soulagement qui reste à ta douleur; choisis un marbre éternel, et donne à ton ami le monument d'amour et de regret, qui manque encore à sa mémoire: vains efforts! tu ne peux le lui donner aussi précieux que son coeur.
Graves-y ces mots: «cette terre qui couvre ici la cendre de Camille, pressée par le sein d'une mère éplorée, reçut ses sanglots et ses soupirs, but les larmes de son époux; et s'abreuvera un jour de celles de ses enfants.»
Cette tombe, à l'abri de la faux du temps, possédera l'objet du respect des hommes; et si les pas d'une jeune épouse l'y conduisent, une larme versée en silence, exprimera ce voeu de son coeur: «puissé-je mériter d'être ainsi regrettée»!
Mais il a disparu, ce temps heureux, appelé par des voeux si ardents, accordé par le sort d'une main si avare; et toi qui a été digne de notre envie, tu es enfin digne de nos larmes.
Ne tourne pas un long et douloureux regard vers le passé, et ferme tes yeux aux jours que l'avenir te réserve; ah! garde-toi de voir quels tourments te restent à souffrir, à combien de plaisirs il faut que tu renonces; il ne te reste que la poussière de ton épouse, et le souvenir du bonheur qu'elle te donnait.
Quelle oreille insensible ne serait touchée de ta plainte: elle seule ne l'entendra pas; les baisers que tu imprimes sur sa froide dépouille, ne ramèneront plus le tendre sourire sur ses lèvres; et cette main qu'à la face des autels elle mit dans la tienne, arrosée de tes pleurs, ne la pressera plus, pour confirmer le serment d'amour que la mort, la seule mort a violée.
Oui, pleure, jamais tes yeux ne rencontreront plus ce regard plein d'innocence, dont le feu passa dans tes veines; ta maison ne sera plus surveillée avec cet ordre et cette sagesse qu'y faisait régner sa vigilance; et jamais tes moments de loisir ne s'écouleront dans des bras si aimables.
Que le héros sourie au fer qui perce son coeur sur le champ de bataille: mais malheur à l'homme insensible qui n'est pas navré de la mort de sa tendre épouse, qui peut recueillir sa cendre et la conserver sans baigner de ses larmes ce cher et triste dépôt.
Jouis donc de l'unique soulagement qui reste à ta douleur; choisis un marbre éternel, et donne à ton ami le monument d'amour et de regret, qui manque encore à sa mémoire: vains efforts! tu ne peux le lui donner aussi précieux que son coeur.
Graves-y ces mots: «cette terre qui couvre ici la cendre de Camille, pressée par le sein d'une mère éplorée, reçut ses sanglots et ses soupirs, but les larmes de son époux; et s'abreuvera un jour de celles de ses enfants.»
Cette tombe, à l'abri de la faux du temps, possédera l'objet du respect des hommes; et si les pas d'une jeune épouse l'y conduisent, une larme versée en silence, exprimera ce voeu de son coeur: «puissé-je mériter d'être ainsi regrettée»!