«Automatiser les emplois de cols blancs fait rêver les dirigeants d'entreprise depuis des années. Ce fantasme avait animé la conférence de Davos en 2019. Mais la technologie n’était pas assez bonne. On pouvait utiliser l’IA pour certaines tâches routinières des services de soutien – ce qui s’est beaucoup fait –, mais dans les tâches plus complexes et techniques, l’IA n’allait pas à la cheville des humains.
«Ça commence à changer, en particulier dans des domaines comme le génie logiciel, où on voit clairement si le code marche ou pas. Certaines entreprises prônent désormais l’approche "IA d’abord", encourageant les cadres à toujours voir si une tâche peut être effectuée par l’IA avant d’embaucher un humain.
Le contre-exemple de Klarna
L'engouement pour l'IA n'est pas sans danger. «Certaines sociétés pourraient se tourner vers l’IA trop tôt, avant que les outils soient assez robustes pour gérer tout le travail des débutants. C’est arrivé chez Klarna, une fintech suédoise de crédit à la consommation qui a beaucoup fait parler d'elle en remplacant en 2023 ses agents du service client par des robots d’IA ; après un déluge de plaintes, elle a fait marche arrière et réembauché des humains.»
Article du New York Times, publié en français dans la section Techno de La Presse.
Notre collaborateur, Marc Chevrier, professeur de science politique à l'UQÀM, a donné une entrevue au Journal de Montréal sur la question de la rémunération de nos dirigeants dans le secteur public.
«Les salaires toujours plus énormes des hauts dirigeants des sociétés d’État sont un signe que nous avons perdu le sens du service public, déplore un politologue. "Au Québec, on aime se péter les bretelles en disant qu’on est une petite Suède d’Amérique du Nord, une social-démocratie. Bien je m’excuse, mais une social-démocratie ne fabrique pas des millionnaires avec de l’argent public", tonne Marc Chevrier»
Le Journal a rajouté une enquête sur les millionnaires de la Caisse de dépôt, qui ne connaît pas la « finitude » pour ses dirigeants.
Il y a près de 20 ans un programmeur californien écrivait le futur programme de l'administration Trump 2.0:
«Au printemps et à l'été 2008, alors que Donald Trump était encore inscrit au registre des démocrates, un blogueur anonyme connu sous le nom de Mencius Moldbug publiait un manifeste intitulé Lettre aux progressistes à l'esprit ouvert. Rédigée avec la désaffection narquoise d'un ancien croyant, cette lettre de cent vingt mille mots affirmait que l'égalitarisme, loin d'améliorer le monde, était en fait responsable de la plupart de ses maux. Le fait que ses lecteurs bien-pensants pensent autrement, selon Moldbug, est dû à l'influence des médias et de l'université, qui travaillent ensemble, bien qu'involontairement, pour perpétuer un consensus gaucho-libéral. Il a donné à cette alliance néfaste le nom de "cathédrale". Moldbug ne demande rien de moins que sa destruction et un "reboot" total de l'ordre social. Il propose "la liquidation de la démocratie, de la Constitution et de l'État de droit", et le transfert éventuel du pouvoir à un PDG omnipuissant, qui transformerait le gouvernement en "une société ultra-profitable et lourdement armée". Ce nouveau régime vendrait les écoles publiques, détruirait les universités, abolirait la presse et emprisonnerait les "populations décivilisées". Il licencierait également les fonctionnaires en masse (une politique que Moldbug appellera plus tard RAGE - Retire All Government Employees) et mettrait fin aux relations internationales, y compris aux "garanties de sécurité, à l'aide étrangère et à l'immigration de masse".»
Un portrait de Mencius Moldbug, alias Curtis Yarvin, penseur des "lumières obscures (Dark Enlightment)", dans le New Yorker (en anglais). Lire également ce commentaire du philosophe Mike Brock,Yarvin et les mécanismes de l'effondrement démocratique (en anglais). Mike Brock, un ex-ingénieur de la Silicon Valley, a été l'un des premiers à avoir attiré l'attention sur les projets révolutionnaires du Big Tech.
«Parmi toutes les cryptomonnaies qui ont défrayé la chronique, il en est une très particulière, qui pourrait très bientôt révolutionner l’économie mondiale. Rappelons d’abord que les cryptomonnaies sont des monnaies privées, enregistrées sur des fichiers numériques infalsifiables, sécurisés sur une blockchain utilisant des tokens (nommés ainsi, parce qu’ils représentent numériquement un jeton) et émises par des sociétés spécialisées.
Je ne veux pas parler ici des cryptomonnaies spéculatives, qui ont entraîné des faillites retentissantes, et conduit des financiers en prison ; ni de celle émise par le président Trump, qui ne sert qu’à organiser un transfert de monnaie vers sa famille, en échange de services obscurément rendus et de délits d’initiés adroitement masqués en décisions politiques faisant baisser la Bourse, avant d’être annulées juste après en avoir informé quelques initiés ayant souscrit à ce bitcoin présidentiel.
Je veux ici parler d’une cryptomonnaie apparemment totalement inutile, puisque sa valeur n’est pas supposée fluctuer, mais conçue pour conserver une valeur stable, indexée sur une devise fiduciaire, comme le dollar ou l’euro, ou l’or.»
Un texte de Jacques Attali
«Dans une étude récente, des chercheurs ont mis le doigt sur une tendance mondiale : plus les hommes - et les sociétés - s’enrichissent, moins ils dorment. Étonnamment, le constat vaut en effet aussi bien au niveau individuel que macroéconomique : ce sont les habitants des États les plus prospères qui affichent le nombre d’heures de sommeil le plus faible. [...] Le repos représente pourtant bien plus qu’une simple alternative à d’autres occupations... [...] des nuits structurellement de piètre qualité témoignent bien souvent d’un état d’anxiété. Faudrait-il alors interpréter les résultats de l’étude comme la démonstration d’un mal-être des plus aisés ? Difficile à croire tant nos sociétés valorisent les succès économiques.»
Un texte d'Anne de Guigné dans le Figaro
En France comme ailleurs, nombreux sont les acteurs politiques qui s'interrogent sur leur engagement civique, mis à mal par la polarisation du discours et l'ensauvagement du dialogue avec certaines franges de l'électorat. Du côté citoyen, le baromètre de la confiance politique est au plus bas. Dorian Dreuil et Marinette Valiergue, membres de l’Observatoire de la vie politique de la Fondation Jean-Jaurès, viennent de publier Les Villes, nouvelles fabriques démocratiques ?, un ouvrage conçu comme «une boîte à outils, s’appuyant sur un tour d’horizon de changements de pratiques politiques dans différentes tailles de ville, en France comme à l’étranger». «Les municipales peuvent être un tremplin du renouveau démocratique. La démocratie a vu le jour à l’échelle des villes, quel espace de vie en collectivité est plus propice que celles-ci pour la réinventer ?»
Un entretien avec les auteurs à lire dans la Croix
«L’aqueduc d’Hadrien capte l’eau de nappes phréatiques des environs et l’achemine par des canalisations souterraines jusqu’au centre-ville, en traversant huit municipalités. Long de 24 km et accessible par environ 300 puits, il a servi à transporter de l’eau jusqu’à la fin des années 1920 avant d’être remplacé par un réseau moderne. Bien que plusieurs sections aient été endommagées, l’aqueduc est encore fonctionnel, mais son eau était jusqu’à récemment rejetée à la mer. Une véritable perte pour la capitale grecque, qui manque régulièrement d’eau et cruellement d’espaces verts.»
À lire dans Québec-Science