Extrait: Théophile Obenga, « VIIII. Philosophie », L'Égypte, la Grèce et l'École d'Alexandrie*. Histoire interculturelle dans l'Antiquité. Aux sources égyptiennes de la philosophie grecque, 2010, p. 215-216.
Pour les anciens Égyptiens l'Occident (l'Ouest) où le soleil se couche, était l'empire des morts : « Ainsi, le lieu souterrain où ils croient que les âmes s'en vont après la mort, ils l'appellent Amenthès [...] » (Plutarque, Isis et Osiris, 362 d ; ou §29).
Le « bel Occident », c'est d'abord la nécropole, qui se trouve presque toujours sur la rive occidentale du Nil. Le point cardinal « Occident » était, pour les croyances métaphysiques égyptiennes, l'empire des morts. L'Amenti reçoit les âmes et leur donne leurs récompenses après la pesée du cœur ou de la conscience des défunts. L'homme choisit donc son destin dans l'au-delà en fonction de la nature de sa vie sur terre.
Plutarque*, fort averti de la richesse et de la complexité de la métaphysique pharaonique, a donc préféré conserver le mot égyptien Amenti.
Avant toutes les « Religions révélées », avant toutes les mythologies méditerranéennes dans l'Antiquité, l'Égypte pharaonique est la première civilisation à avoir élaboré une conception de l'immortalité* de l'âme humaine : « Les Égyptiens sont aussi les premiers à avoir énoncé cette doctrine, que l'âme de l'homme est immortelle »:[...] (Hérodote, Il, 123).
En effet, les entités vitales et spirituelles ka et ba survivaient à la mort du corps, destiné tout de même à la momification.
Dans l'Amenti, étaient les Jardins d'Ialou, une sorte d'Égypte céleste, d'une fertilité inépuisable : les âmes justes (akhou) vivaient dans cette abondance, à jamais.