Hahnemann Samuel
Nouvelle bibliographie de Samuel Hahnemann par Denis Fournier
« Samuel Hahnemann naquit à Meissen, dans le royaume de Saxe, le 10 avril 1755, d'un humble peintre sur porcelaine; appartenant à une nombreuse famille, il eut sous les yeux, disent ses biographes, l'exemple d'un travail opiniâtre et consciencieux, en même temps que le spectacle d'un intérieur modeste où le pain de chaque jour n'arrivait que par les efforts constants du père de famille. Lorsqu'il fallut songer aux premières études, Samuel fut placé, à l'âge de douze ans, à l'école provinciale du pays natal, dirigée par un docteur Müller. Là il parcourut le cercle des humanités, et à vingt ans il se trouva, en état de choisir une profession libérale. Ses goûts l'entraînaient vers la médecine; il quitta le toit paternel, emportant pour toute fortune vingt ducats que son père lui avait donnés. L'Université de Leipzig fut celle où le jeune étudiant vint débuter; c'était en 1775, c'est-à-dire à l'époque où la célèbre école recevait encore l'enseignement de J. D. Gaubins, Ernest Platner et Lambert Becker. Vienne, Leopoldstadt, Hermannstadt, Erlangen, furent aussi visités par lui. C'est même dans cette dernière université que, le 10 août 1779, il fut reçu docteur, après y avoir soutenu une thèse portant ce titre : Conspectus affectuum spasmodicorum aetiologicus et therapeuticus. Pendant les premières années de sa pratique médicale, et après avoir été pendant quelque temps bibliothécaire du_médecin privé du gouverneur de Transylvanie, Hahnemann fut un peu nomade; il habita successivement Hettstadt, Dessau, Gommern, où il épousa Henriette Kuchler, fille d'un pharmacien (1785). En 1787, il se rendit à Dresde, où il se lia d'amitié avec le conseiller aulique Adelung, avec Dasdorfs et Wagner, médecin en chef des hôpitaux de la ville. A l'âge de trente-quatre ans (1789), il s'était acquis une position brillante et sa réputation commençait à se répandre en Allemagne. Cette renommée était due en partie à la publication d'une série de travaux importants sur l'empoisonnement par l'arsenic (1789); sur les préjugés contre le chauffage par le charbon de terre (1787); sur les maladies vénériennes (1789); sur la préparation de l'alcali minéral (1789); sur l'influence que certains gaz exercent sur la fermentation du vin (1789); sur la bile et les calculs biliaires (1789); sur un moyen d'arrêter la putréfaction (1789); sur le spath pesant (1789); sur le principe astringent des végétaux (1789); etc., etc. Puis, presque tout à coup, sans que l'on puisse prévoir une telle volte-face, Hahnemann fonde la fameuse doctrine du similia similibus curantur, tendant à faire admettre qu'il y a un rapport très serré d'analogie entre les effets pathogénétiques des médicaments et leurs effets curatifs, et qu'il suffit de donner aux agents thérapeutiques un mode particulier de préparation, lequel, tout en diminuant considérablement les doses, augmente leur puissance. On sera curieux de savoir en quelle année et dans quel recueil le réformateur commença à faire connaître ses principes : on trouvera l'exposé de ces derniers dans le journal de Hufeland (Journal der practischen Arzneykunde...), Iéna, t. II, année 1796, in-8°, pp. 391 et 465. (…)
À partir de ce moment, Hahnemann fit les plus grands efforts pour répandre sa doctrine : il y réussit au delà de ses espérances, et un assez grand nombre de médecins tant de l'Allemagne que de l'Angleterre et de la France l'adoptèrent. L'attrait de la nouveauté avait donné l'élan; la ténacité, l'ardeur de l'inventeur, firent le reste; on peut dire que pendant plus de quarante-cinq ans il se tint constamment sur la brèche, (…) publiant de nombreux ouvrages qui étaient aussitôt traduits dans toutes les langues du monde scientifique, fondant des sociétés, organisant des congrès, cherchant enfin à faire pénétrer partout l'homéopathie (…). »
A. Chéreau, article "Hahnemann", dans A. Dechambre et L. Lereboullet (dir.); L. Hahn (dir.-adjoint), Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Quatrième série. Tome douzième (Haa-Hem). Paris, G. Masson, Asselin et Houzeau, 1886, p. 30-32