Amundsen Roald

1872-1928
Voici bientôt 85 ans que Roald Amundsen réussit l'exploit d'atteindre le pôle Sud. Le 14 décembre 1911 il plantait le drapeau norvégien à l'endroit que nombre d'explorateurs avaient rêvé de conquérir. Pour la première fois, des voies humaines troublaient le lourd silence qui enveloppe le lieu le plus méridional du globe.

Amundsen et ses hommes se couvrirent de gloire à l'occasion de ce succès. Mais dans une lettre écrite à l'époque, relatant ses impressions du moment Amundsen confiait que « jamais homme ne s'était trouvé à ce point aux antipodes de l'objet de ses désirs » qui, pour cet ambitieux Norvégien, était en réalité le pôle Nord. De fait, Amundsen était toujours en quête de nouveaux défis. Il décrivait sa propre vie comme «un éternel voyage vers la destination finale».

Roald Amundsen naquit en 1872 à Borge, à proximité de la ville de Sarpsborg, dans le sud-est de la Norvège. Tout enfant il avait choisi le but de son existence. Il serait explorateur polaire. Par la suite, jamais le trouble ne l'envahit ni ne le fit dévier du but qu'il s'était fixé. Il lut avidement tous les ouvrages sur les expéditions polaires qu'il pût trouver et, en particulier, l'histoire tragique de Sir John Franklin, parti en 1845 avec les deux navires Erebus et Terror à la découverte du passage du Nord-Ouest, mais qui n'en revint jamais. Prenant modèle sur Fridtjof Nansen, Amundsen passait beaucoup de temps à cultiver sa forme physique et à s'entraîner pour faire de son corps le parfait instrument dont il avait besoin pour se lancer dans les aventures hasardeuses qu'il avait décidé d'entreprendre.

Fils soumis, malgré tout, il s'inclina devant le désir de sa mère de le voir étudier la médecine. Lorsqu'il atteint l'âge de 21 ans, ses parents étant décédés, il s'empresse de vendre ses livres de médecine, emballe soigneusement le crâne qu'il avait utilisé dans le cadre de ses études et proclame haut et court qu'il a l'intention de devenir explorateur polaire.

Une expérience en Antarctique

Grâce à sa lecture minutieuse de la littérature sur les expéditions polaires il avait appris que la plupart des explorateurs avait une faiblesse commune, celle de ne pas avoir appris à naviguer. Avec son approche systématique et consciencieuse de toute entreprise, Amundsen décida de passer le certificat de navigation maritime et, en 1894, il s'embarqua à bord d'un baleinier.

Trois ans plus tard, il fut recruté comme second à bord du Belgica, dans le cadre d'une expédition dans l'Antarctique organisée grâce à un financement belge, sous la direction de l'explorateur polaire Adrien de Gerlache de Gomery. L'expédition avait pour but des recherches le long des rivages de l'Antarctique, mais elle faillit tourner à la catastrophe lorsque le bateau s'immobilisa sur la banquise dans les parages de l'île Pierre Ier, le chef de l'expédition manquant d'expérience sur les régions circumpolaires.
S'en suivirent treize longs mois d'insécurité et d'isolement avant que le Belgica ne fût enfin libéré des glaces et ne se frayât un passage jusqu'à la pleine mer. Ces mois avaient été vécus dans des conditions extrêmes. Pratiquement tout l'équipage était atteint du scorbut. Lorsque le capitaine tomba malade à son tour, Amundsen le remplaça. Il devint rapidement maître de la situation et utilisa l'équipage à chasser le phoque et le pingouin, et à fabriquer des vêtements chauds à partir de couvertures de laine. Le Belgica se trouvait sous le commandement d'Amundsen lorsqu'il put enfin se libérer des glaces, en mars 1899. Cette expédition fut bien malgré elle la première à jamais avoir hiverné en Antarctique.

Son brevet de capitaine de navire en poche, Amundsen décida de monter sa propre expédition dans l'Arctique, bien décidé à partir à la recherche du passage du Nord-Ouest qui, selon ce que de nombreux navigateurs pensaient, se trouvait au nord du continent américain. Il avait fait l'objet de multiples tentatives sans qu'on parvînt à le trouver. Amundsen comprit que son expédition devait avoir un objectif scientifique s'il voulait obtenir des fonds pour son financement. Il pensait que chercher à localiser le pôle magnétique pouvait faire l'objet d'un projet valable. Il partit donc à Hambourg étudier le magnétisme terrestre et travailla avec soin aux plans de son expédition.

Le passage du Nord-Ouest

Amundsen avait choisi pour la circonstance un cotre de 70 pieds de long et de 47 tonnes, le Gjøa. Chargé à pleins bords, le navire appareilla de Chritiania (nom de l'actuelle Oslo) en juin 1903, et mit le cap sur l'Atlantique Nord qu'il traversa. Le Gjøa poursuivit sa route le long des côtes du Groenland avant de croiser en vue de l'extrémité septentrionale de la terre de Baffin. Le voyage se poursuivit à travers le détroit de Lancaster à travers lequel le Gjøa se fraya avec précaution une voie dans un dédale d'îles sur la côte nord-ouest du Canada. D'énormes plaques de glace, un vent violent, le brouillard et des parages peu profonds étaient autant de risques de périls menaçant constamment l'issue de l'expédition. Vers la fin de l'été, nos aventuriers découvrirent un port naturel sur l'île du Roi-Guillaume, au nord-ouest de la baie d'Hudson. Ce lieu avait au surplus l'avantage de se trouver à proximité du pôle magnétique Nord et que l'on pouvait donc se livrer à des mesures scientifiques précises. L'expédition passa deux années dans la « baie du Gjøa », ainsi baptisée par l'équipage. Nos explorateurs y installèrent des laboratoires équipés d'instruments de précision. Ils entreprirent des recherches qui non seulement permirent de déterminer la position du pôle magnétique ­ dont Amundsen confirma le continuel déplacement ­, mais qui comportaient aussi des observations si minutieuses sur le magnétisme polaire qu'elles fournirent suffisamment de matière sur ce domaine pour occuper les chercheurs pendant vingt ans! Amundsen apprit des Esquimaux à conduire un traîneau à chiens. Il étudia de près leurs vêtements, leur alimentation et leur mode de vie. Il enregistra toutes ses observations dans un coin de sa prodigieuse mémoire, dans l'idée que cela pourrait éventuellement lui servir au cours d'un séjour ultérieur dans les régions polaires.

En août 1905, les travaux scientifiques étaient terminés et le Gjøa reprit sa route vers l'ouest, au beau milieu des glaces flottantes et dans le brouillard. Le courant d'eau était si faible que par endroits il n'y avait pas plus d'un pouce d'eau de profondeur sous la quille. Tandis que le Gjøa progressait lentement dans ces parages inhospitaliers, Amundsen et ses hommes comprirent qu'ils approchaient de régions connues et bien localisées par les navigateurs qui étaient passés par l'est de l'Alaska. Sauf difficultés insoupçonnées qui surgiraient sur leur route, la dernière étape du voyage à travers le passage du Nord-Ouest touchait à sa fin. Après trois semaines de tension et d'attente interminable, les membres de l'expédition aperçurent un baleinier ayant pour port d'attache San Francisco. Le Gjøa avait accompli sa mission. C'était le premier navire qui était parvenu à rejoindre le Pacifique par le passage du Nord-Ouest. Mais, peu après, il fut pris par les glaces et l'expédition s'installa pour un nouvel hivernage.

Amundsen était trop impatient d'annoncer au monde entier la nouvelle de son exploit. En octobre, il partit en traîneau à chiens vers l'Alaska, accompagné d'un éclaireur américain. L'équipage parcourut 800 km d'un désert de glace jusqu'à Eagle City où se trouvait une liaison télégraphique avec le reste du monde. C'était sa première longue équipée en traîneau, à l'assaut de montagnes de 2 700 mètres. Nos voyageurs parvinrent à Eagle City le 5 décembre et informèrent le monde entier du succès de l'expédition.

Changement de cap

Une fois sa célébrité d'explorateur acquise, Amundsen tient multiples conférences à travers le monde afin de couvrir les frais de son expédition à la recherche du passage du Nord-Ouest. Il saisit aussi l'occasion pour recueillir des fonds qui lui permettraient de financer un autre projet, ô combien téméraire, mais qui lui tient tant à cœur depuis si longtemps... conquérir le pôle Nord. Sa réputation toute neuve lui permet de réunir rapidement les capitaux nécessaires et de mettre ses plans à exécution. Il s'agit de traverser le pôle à bord d'un navire qui se laissera dériver dans les glaces. Amundsen s'est même déjà procuré un bateau. Il avait demandé à Fridtjof Nansen de bien vouloir lui prêter le Fram sur lequel Nansen et son équipage avaient dérivé de 1893 à 1896, dans les glaces de Sibérie, en direction du pôle Nord. Nansen avait pour sa part projeté d'utiliser le Fram, mais sa générosité le poussa à accéder à la demande d'Amundsen.

Les plans d'Amundsen furent cependant contrariés par la nouvelle, parvenue en avril 1909, que l'Américain Robert Peary avait atteint le pôle Nord. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire ­ «le temps pour la nouvelle (de l'entreprise de Peary) de passer par le câble» selon les propres paroles d'Amundsen ­ , changeant son fusil d'épaule, notre explorateur modifia le but de son expédition. Les préparatifs se poursuivirent, mais pour une autre destination ­ le pôle Sud. Il était de notoriété publique que l'Anglais Robert Falcon Scott s'apprêtait pour la deuxième fois à tenter de rallier le pôle Sud. Mu par son ambition d'atteindre ce pôle le premier, Amundsen décida qu'il se lancerait dans la compétition. Mais ce n'est que lorsque le Fram atteignit Madère qu'Amundsen annonça au monde que lui aussi se lançait à la conquête du pôle Sud. La nouvelle parvint à Scott alors qu'il s'apprétait à quitter la Nouvelle-Zélande. En janvier 1911, le Fram jeta l'ancre dans l'anse de la Baleine. Amundsen avait précisément choisi cet endroit pour sa situation géographique; elle se trouvait en effet 100 km plus près du pôle que Cape Evans, la base choisie par Scott. Courant février-mars, les hommes d'Amundsen placèrent sept dépôts aux premières étapes de l'itinéraire qu'ils devraient emprunter. Avec l'esprit pratique qui le caractérisait, Amundsen avait marqué la route avec du stockfisch, ce poisson séché pouvant également leur servir de vivres.

Le 19 octobre, Amundsen et quatre de ses compagnons équipés de quatre traîneaux légers, chacun tiré par treize chiens, partirent à l'assaut du pôle Nord. À leur grande surprise, les premières étapes se déroulèrent sans difficultés. Sur certains tronçons, il était même possible de laisser les chiens tirer les traîneaux tandis que les hommes tenaient les rênes et skiaient en remorque, sans efforts. Mais tout changea brutalement lorsque les équipages abordèrent le site du glacier Axel Heiberg qui, avec ses crevasses sans fond et ses grottes de glace interminables, constituait une formidable barrière. Les forces et le courage de ces cinq hommes endurcis et bien entraînés furent mises à rude épreuve. Mais une fois cette région franchie, ils progressèrent relativement facilement à travers l'immense plateau où se trouve le pôle.
Plus ils approchaient de leur destination et plus la tension montait. Leur crainte bien compréhensible de découvrir que Scott les avait finalement devancés, et avait touché au but le premier, était tempérée par la confiance dans la victoire que leur avait donné la rapidité de leur progression. Le 14 décembre, ils avaient bel et bien atteint le pôle Sud.

Le nouveau succès d'Amundsen dans cette course contre la montre pour rallier le pôle Sud n'avait en rien assouvi le désir de nouvelles expériences qui le tenaillait. Dès son retour de l'Antarctique, il se remit à l'œuvre et prépara un nouveau projet d'expédition. L'Arctique demeurait cependant son premier amour. Il se mit en tête d'en explorer les régions encore inconnues et de réitérer la tentative de Nansen de traverser le pôle en se laissant dériver dans la banquise. Du fait de la déclaration de la Première Guerre mondiale, le projet fut différé. L'expédition quitta la Norvège en juin 1918. Le Fram n'étant plus en état de navigabilité, Amundsen se fit construire son propre navire, le Maud, qui fut baptisé non pas au champagne mais, plus symboliquement, en utilisant un bloc de glace.

De désappointement en déception

L'expédition du Maud fut équipée d'instruments permettant de faire des mesures océanographiques, météorologiques et sur le magnétisme terrestre. C'était de plus l'expédition dotée du meilleur équipement existant pour mener des études géophysiques et s'engager dans des recherches portant sur les régions polaires. Ce projet réservait cependant bien des déceptions. Alors que le Maud naviguait dans l'Arctique, il fut pris par les glaces côtières qui l'immobilisèrent avec son équipage deux ans d'affilée. Il dut très rapidement subir d'importantes réparations qui furent effectuées à Seattle. À cette occasion, le carénage du navire fut amélioré pour lui permettre de résister à plusieurs hivers polaires. En juin 1922, le Maud mit le cap vers le Nord et s'immobilisa à nouveau dans les glaces, à proximité de l'île Wrangel, au large de l'extrémité nord-est de l'Union soviétique. Le navire dériva pendant trois ans dans les glaces du plateau continental soviétique, au nord-est de la Sibérie.

Cette expédition ambitieuse, qui tentait d'arriver près du pôle Nord en se laissant dériver par le passage du Nord-Est, n'atteignit donc pas son objectif géographique. Cependant, l'intérêt des renseignements géophysiques recueillis, notamment par Harald Ulrik Sverdrup, météorologue et chercheur en océanographie, consacra la renommée de l'expédition du Maud. Elle fut considérée comme l'un des plus importants projets de recherche jamais réalisé dans l'Arctique. Malgré toutes les déceptions, la science s'était enrichie de nouvelles connaissances ­ et l'honneur était sauf.

En avion au-dessus du pôle Nord

Amundsen s'intéresse très tôt à l'avion comme moyen de recherche dans les régions polaires. Au cours de son voyage septentrional, le Maud avait embarqué deux petits avions. L'un devait servir à des observations. L'autre, plus important, devait permettre à Amundsen de s'envoler vers le sommet de la calotte polaire à partir de l'Alaska. Malheureusement, les deux avions s'écrasèrent avant d'avoir rempli leur mission, mais les deux pilotes survécurent au désastre.

À la suite de l'échec du Maud dans la tentative de remplir le premier objectif qu'Amundsen s'était fixé, l'attitude générale était au scepticisme quant à la possibilité de conquérir le pôle Nord en avion. La nouvelle entreprise hasardeuse d'Amundsen ne rencontra que peu d'intérêt lorsqu'il tenta de réunir des fonds pour la financer : il ambitionnait d'être le premier à survoler le pôle Nord.

Passablement découragé par une tournée de conférences qui s'était soldée par un échec, Amundsen arriva à New York où il fut contacté par l'Américain Lincoln Ellsworth, qui était alors un parfait inconnu pour notre explorateur. À la grande joie d'Amundsen, il lui proposa de financer l'achat de deux hydravions, et même de couvrir les autres frais, en échange de quoi il aurait la possibilité de participer à l'expédition. Amundsen pu recruter des aviateurs et des mécaniciens. Le 21 mai 1925, tous décollèrent du Spitzberg et mirent le cap sur l'Alaska. Mais le lendemain du départ déjà, le réservoir d'essence de l'un des avions se mettait à fuir et le moteur du second donnait des signes inquiétants. Les deux avions atterrirent sur la glace, à 150 km du pôle Nord, et seul l'un d'entre eux put être utilisé par la suite. Après que les six hommes eurent aménagé une piste de fortune avec des outils manuels rudimentaires, le pilote Hjalmar Riiser-Larsen réalisa un prodige de navigation aéronautique en parvenant à faire décoller l'avion avec six hommes à bord. Inutile de dire que l'avion était surchargé, mais grâce aux quelques gouttes de carburant qu'ils leur restaient, les membres de l'expédition parvint à rallier la Terre du Nord-Est, une île de l'archipel du Svalbard. Les six hommes furent repêchés en mer et ramenés en Norvège.

Bien qu'étant la moins réussie des expéditions polaires d'Amundsen, contre toute attente cette équipée suscita l'admiration à travers le monde entier. De retour à Oslo, considéré comme un héros, Amundsen reçut un accueil triomphal. Il décrivit ce retour en Norvège comme le souvenir le plus heureux de son existence.

Voyage triomphal à bord du ballon dirigeable «Norge»

Amundsen avait fini par se convaincre que l'avion n'était pas le moyen de locomotion le mieux approprié pour partir en raid au-dessus des pôles, mais s'avisa qu'il devait être possible de passer d'un continent à l'autre en ballon dirigeable. En un temps record, il parvint à recueillir les fonds nécessaires à un nouveau voyage, pour le moins périlleux. Le 11 mai 1926, notre infatigable chercheur quitta le Spitzberg à bord du Norge. Il était accompagné de Lincoln Ellsworth et de l'Italien Umberto Nobile, constructeur et pilote du dirigeable. Hjalmar Riiser-Larsen, remarquable pilote, était également du voyage au titre de navigateur. Ils emmenaient avec eux un équipage de douze hommes.

Après une traversée de 16 heures seulement, comblés, nos hommes plantèrent les drapeaux américain, italien et norvégien sur le pôle Nord. Le 14 mai, le Norge atterrit près de Teller, en Alaska. L'équipe avait accompli un périple de 5 456 km en 72 heures.
C'était le premier vol en ballon jamais effectué entre l'Europe et les États-Unis. La route suivie par le Norge avait survolé des régions polaires jusqu'alors inconnues, et Amundsen pouvait affirmer en toute certitude qu'il ne s'y trouvait aucune étendue de terre. La dernière zone inconnue du globe avait enfin livré ses secrets.

Les acclamations fusèrent de toute la planète, les louanges atteignant de nouveaux sommets. Le nom d'Amundsen fut révéré, tout particulièrement aux États-Unis et au Japon. Mais une mauvaise querelle entre Amundsen et Nobile vint assombrir cet épisode. Nobile tenta de minimiser le rôle d'Amundsen au cours du voyage du Norge, et Amundsen critiqua les qualités du dirigeable.

Amundsen témoigna malgré tout de l'étendue de sa magnanimité lorsqu'en mai 1928 lui parvint la nouvelle que l'Italia, le nouveau dirigeable de Nobile, s'était écrasé dans l'Arctique. Sans l'ombre d'une hésitation, Amundsen se porta volontaire pour participer à une tentative de sauvetage. En juin, il fut l'un des six hommes qui partirent de Tromsø à bord d'un avion français, un Latham, au secours de Nobile. Nobile et son équipage furent sauvés le 22 juin. Trois heures après son départ les derniers signaux qu'Amundsen devait émettre furent captés, et l'avion ne revint jamais à son port.

Qui fut le premier ?

Bien que des doutes aient été émis sur la question de savoir quelle expédition avait foulé la première le pôle Sud, des recherches récentes ont montré le scepticisme des experts sur le fait que Peary aurait été le premier homme à avoir atteint le pôle Nord en 1909.

D'une part, des voix s'élèvent pour contester que Peary ait pu atteindre le pôle magnétique, étant donné le peu de temps qu'il avait à sa disposition. De plus certaines des affirmations qui sont consignées dans la documentation qu'il a rapportée sont difficilement crédibles. On prétend même que la décision de clamer qu'il avait conquis le pôle Nord fut motivée par des raisons politiques.

Si l'exploit de Peary suscite le doute, l'honneur devrait revenir à l'Américain Richard Byrd qui, 17 ans plus tard prétendit avoir survoler le pôle Nord à bord d'un Foker monoplan. Des recherches effectuées à notre époque mettent également en doute la véracité de cette allégation. Dennis Rawlins, chercheur et expert américain en navigation polaire, s'est livré à des études minutieuses sur le journal de bord du pilote. Il en a conclu formellement que Byrd n'avait jamais atteint le pôle magnétique, et qu'il est peu vraisemblable qu'il ne s'en soit pas rendu compte.

D'autre part, personne ne peut contester que Roald Amundsen quitta le Svalbard avec le dirigeable Norge, quelques jours seulement après que Peary eut décollé en direction du pôle Nord, et le 12 mai 1926 le dirigeable atteignait l'objectif si convoité.

Aussi longtemps que les assertions de Peary et de Byrd ne seront pas prouvées, Amundsen apparaîtra comme le premier explorateur à avoir foulé le sol du pôle Nord et du pôle Sud. On peut espérer que l'avenir permettra de faire toute la lumière sur ce dernier point.

source: Linn Ryne, En route pour des destinations inconnues: Roald Amundsen ­ vie et œuvre (rédigé par Nytt fra Norge pour le Ministère des Affaires étrangères de Norvège. Reproduction autorisée par le Ministère. Imprimé en août 1996; site ODIN)

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