Pornographie
On peut distinguer deux dimensions dans ce phénomène: 1) les images elles-mêmes, leurs effets sur l'imaginaire, les modèles qu'elles constituent pour le public, pour les enfants surtout, 2) la vie en représentation à laquelle ces images incitent.
C'est surtout des images qu'on se soucie dans les débats sur la question, de même que dans les lois et règles de vie qui en résultent. La seconde dimension est pourtant aussi importante. La vie en représentation est une atteinte à l'authenticité des personnes et à leur aptitude à entrer en rapport avec autrui et le réel en général. On a l'exemple de ces adolescents japonais, appelés otakus, dont toute la vie affective s'accomplit devant un écran. Les images en cause peuvent être douces, mais en tant qu'incitations à vivre en représentation elles peuvent être aussi efficaces que les images les plus dures.
Pour Ludwig Klages, cette vie en représentation relève de l'hystérie, qui est elle-même une variété du parasitisme biologique. Le pornographe, en bon parasite, s'accapare les résidus d'une vie sexuelle authentique et il invite le voyeur à participer à cette opération. «L'hystérique typique, précise Klages, est incapable de ne pas suivre son penchant à la représentation, mais cela ne signifie nullement qu'il n'ait pas d'empire sur lui-même» (...)Il n'est qu'une chose qu'il ne puisse réprimer: son besoin de mimer. Il n'a aucun intérêt substantiel à lui opposer, et toute l'énergie qui lui est dévolue si largement se déverse indivise et irrésistible dans une seule et même passion. Si l'on voulait le nommer un acteur, on devrait ajouter qu'il est possédé par la passion de jouer la passion, et qu'aucune vraie passion n'est plus irrésistible et plus victorieuse, plus instinctive et conséquente. (...)Il est moins un acteur qu'un porteur de masque chez lequel le masque serait devenu chair, ou plutôt derrière le masque duquel se trouve non pas un être vivant, mais un engrenage prêt à suivre les injonctions du masque.»
Ce besoin de mimer est aussi un besoin de s'exhiber en le faisant, car pourquoi mimer si ce n'est pour tirer du regard de l'auteur une satisfaction que l'on serait incapable de trouver dans l'expérience réelle. D'où, abstraction faite de l'aspect financier, l'attrait qu'exercent sur les pornographes, les médias puissants, comme la télévision et Internet.
«Un trait décisif de l'attitude hystérique c'est sa dépendance du spectateur. Celui qui mime le fait pour un spectateur. Un spectateur réel si possible, et à son défaut, un spectateur imaginaire, ou alors en tout cas, le spectateur qu'il porte en lui-même. »
Note
1-
- Littré nous dit que le mot pornographie désignait au XIXe siècle les écrits sur la prostitution ou les sujets obscènes traités par un peintre. Dans le nouveau petit Robert, la pornographie est définie comme « la représentation (par écrits, dessins, peintures, photos) de choses obscènes destinées à être communiquées au public. »
Ce qui nous amène à cerner le mot obscène, cette fois encore dans le Littré : « est obscène la chose qui blesse ouvertement la pudeur. Le Robert élabore davantage : « ce qui blesse la délicatesse (notez le glissement de pudeur vers délicatesse) par des représentations ou des manifestations grossières de la sexualité. »
Et enfin, voici ce qu’on trouve dans Littré sur la pudeur : « honte honnête causée par l’appréhension de ce qui peut blesser la décence, la modestie. » Quant au Robert : « sentiment de honte, de gène qu’une personne éprouve à faire, à envisager ou à être témoin des choses de nature sexuelle, de la nudité. »
Statistiques générales
Ensemble de l'industrie mondiale: 57 milliards U.S
Videos pour adultes: 20 milliards
Téléphone: 4,5 milliards
Internet: 2,5 milliards
Statistiques Internet
Sites pornographiques: 4,2 millions, 12% du total
Visiteurs par année: 72 millions
Détails