Millénarisme
« Puis je vis un Ange, descendre du Ciel tenant à la main la clef de l’abîme, ainsi qu’une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon, l’antique serpent et l’enchaîna pour mille années. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel de chez Dieu ; elle s’était faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. J’entendis alors une voix clamer du trône : " Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux. Ils seront son peuple et lui, Dieu avec eux sera leur Dieu. Il essuiera toutes larmes de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleurs, de cris et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé ". »
Le millénarisme, c’est l’espérance de ces mille années où le Dragon ayant été enchaîné, tous les maux, physiques et moraux, qui affligent l’humanité auront disparu, y compris la mort. Les hommes seraient alors comme des dieux, dans l’état de perfection où était Adam avant le péché originel. La nature elle-même serait rétablie dans toute sa pureté et le nouvel Adam vivrait en harmonie avec elle.
La catastrophe – série de fléaux se terminant par une bataille décisive précédant immédiatement les mille années paradisiaques – a souvent été associée à la fin du monde. Chaque fois qu’on l’a crue imminente, à la fin du premier millénaire ou à l’occasion d’une grande épidémie, on a vu resurgir le millénarisme sous une forme ou une autre. La crainte d’une fin du monde prochaine n’a cependant pas toujours été liée à des catastrophes vécues ou pressenties. La condition humaine, avec son lot normal de malheurs, semble avoir suffi à maintenir en permanence un climat tel qu’il y eut toujours des gens, parmi lesquels des personnalités de premier plan, qui crurent que la fin du monde était prochaine. En conséquence, il leur fallait à la fois participer à la victoire des bons sur les méchants et préparer par leurs travaux un paradis qui serait leur œuvre autant que celle de Dieu.