La vie subjective
Voici un texte essentiel sur cette vie subjective, que nous appelons souvent la vie comme qualité sur ce site.
« La vie subjective d'un côté, la réalité physique de l'autre, nous dit Michel Henri, devraient normalement être deux domaines différents, mais égaux en dignité. On a toutefois de plus en plus tendance à présenter la vie subjective comme un simple produit, voire comme un sous-produit de la réalité physique ». C'est en cela, précise Michel Henry, que consiste l'idéologie scientiste qu'il faut bien se garder de confondre avec la science proprement dite, laquelle n'implique aucune dévalorisation de la subjectivité. «Traiter notre vie subjective d'apparence et qui plus est, d'apparence illusoire, ce n'est pas seulement formuler à l'égard de l'homme et de son humanitas le plus grand des blasphèmes. Car ce qui fait cette humanitas, à la différence de la chose, c'est justement le fait de sentir et de se sentir soi-même, c'est sa subjectivité. Notre être commence et finit avec notre vie phénoménologique, il faut s'y faire. Si cette vie subjective n'est rien, nous ne sommes rien non plus. Si cette vie n'est qu'une apparence illusoire, nous ne sommes nous aussi qu'une illusion, qu'on peut aussi bien supprimer sans porter atteinte à la réalité. La négation théorique de la subjectivité implique la destruction pratique de l'humanité ou, du moins, la rend possible ».
Henri, Michel, La Recherche, «Ce que la science ne sait pas», Mars 1989, No 208, p. 405.