Berzelius Jöns Jacob

20 / 08 / 1779-07 / 08 / 1848
"Chimiste suédois, né le 20 août 1779 à Westerloesa, mort à Stockholm le 7 août 1848. Il perdit son père de bonne heure, fit ses études à Linkoeping, puis à Upsal où il étudia la médecine, puis la chimie, sous la direction de Gahn. Reçu médecin, il publia une étude physiologique intitulée De Electricitatis galvanica in corpora organica effectu, travail qui lui valut le titre de professeur adjoint à l’école de médecine de Stockholm (1802); il obtint en outre une chaire de chimie à l’académie militaire (1806), et fut promu en 1807 professeur de médecine et pharmacie à Stockholm, où il fonda en 1807 la Société médicale de Suède. En 1808, il fut nommé membre de l’Académie des sciences de Stockholm, qu’il présida dès 1810 et dont il fut secrétaire perpétuel pendant 30 ans (1818-1848). En 1819, il vint à Paris, se lia chez Berthollet avec les principaux savants du temps, avec qui il resta en correspondance (Laplace, Gay-Lussac, Arago, Ampère, Dulong, Fresnel, etc.). Quand il fut professeur, il ne s’occupa plus que de chimie et on peut dire qu’il se place au premier rang parmi les chimistes du commencement du [19e]siècle. Son œuvre est considérable et nul savant n’a autant fait pour donner à la chimie la précision qu’elle comporte actuellement.

Il soumit la plupart des matières minérales à un examen approfondi et détermina les équivalents des corps simples avec une précision inconnue jusqu’alors. On peut dire que ses déterminations sont d’une exactitude telle, que ses successeurs n’ont eu qu’à les confirmer. Il cherche à expliquer les réactions chimiques par une théorie électrochimique : les corps se déplaçant les uns les autres suivant l’ordre de leurs énergies électriques. Tout composé était ainsi regardé comme formé de deux composants, l’un électro-négatif (métalloïde, acide, etc.), l’autre électro-positif (métal, base, etc.). L’union de ces composants donnait lieu aux dégagements de chaleur et d’électricité qui accompagnent les réactions chimiques. Cette théorie, expression incomplète des phénomènes, est maintenant tombée dans l’oubli, la découverte des substitutions, notamment, ayant porté coup mortel à la théorie dualistique en montrant qu’un élément électro-négatif tel que le chlore peut jouer dans ce cas le même rôle que l’hydrogène, élément électro-positif.

On doit à Berzelius la découverte de plusieurs corps simples : le sélénium, le thorium, le cérium; il a préparé le premier à l’état métallique le silicium et le zirconium. Berzelius a beaucoup écrit et ses ouvrages ont contribué puissamment à la vulgarisation de la chimie. À la demande de l’Académie de Stockholm, il a rédigé pendant 27 ans un Rapport annuel sur les progrès de la chimie et de la minéralogie, recueil qui contient le compte rendu critique de tout ce qui a paru en chimie pendant ce laps de temps (1821-1848). Mais son œuvre capitale, c’est son Traité de chimie (Lareboki Kemien; Stockholm, 1808-1818, 3 vol., et 1817-1830, 6 vol.) traduit en français par Jourdan, puis par Esslinger et dont les éditions sont splendides (de 1829 à 1850). Ce traité retrace le tableau fidèle de la science pour l’époque à laquelle il a paru : les quatre premiers tomes sont consacrés à la chimie minérale; les tomes V et VI traitent de la chimie végétale, et les deux derniers de la chimie animale. Ce qu’il y a de frappant dans l’œuvre de Berzelius c’est moins encore la part qu’il prit par ses découvertes personnelles aux progrès de la chimie, que son esprit de généralisation; ce fut un remueur d’idées, et il exerça ainsi dans toute l’Europe une influence considérable; il eut pour élèves un grand nombre de chimistes distingués : Gmelin, Magnus, Mitscherlich, les deux Rose, Wöhler, Naumann, etc.

Les honneurs ne lui ont pas manqué : élu secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences de Stockholm dès l’année 1808, il fut nommé correspondant de l’Institut de France en 1822. Le roi Charles-Jean l’anoblit en 1818, le créa baron en 1835, en lui permettant, ce qui était contraire aux usages, de conserver son nom, qui était devenu l’un des gloires de la Suède. Il fut député à la diète suédoise et les gouvernements étrangers se plurent à le combler d’honneurs. Enfin, en 1855, une statue colossale de bronze lui fut érigée sur l’une des places de Stockholm.

Voici la liste de ses principaux ouvrages : Sur les eaux minérales artificielles (Upsal, 1803); Composition des fluides animaux (1812); Essai sur la théorie des proportions chimiques et sur l’influence chimique de l’électricité (trad. fr., Paris, 1812 et 1835); Coup d’œil sur les progrès de la chimie animale (1815); Nouveau système de minéralogie (1819); Traité du chalumeau (1821); Mémoire de chimie, de physique et de minéralogie (en collaboration […]; Stockholm, 1808, trad. en français en 1829)."

Ed. Bourgoin, article «Berzelius» de La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome sixième (Belgique-Bobineuse). Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus [et al.]. Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, H. Lamirault, [191-?], p. 178 (domaine public)

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