Invariant

Gustave Thibon

Sculpter l'âme par la pensée et la pensée par l'âme

«Deux invariants absolus. L'un pour la pensée : la notion de l'être et le principe de contradiction. L'autre pour l'âme : la soif de pureté, de perfection, de béatitude, de tous les attributs de cette entité suprême que nous appelons Dieu. Ces deux pôles de notre être ne peuvent jamais être réellement mis en question, car il faut s'appuyer sur eux pour les contester et pour les nier : c'est un fait d'expérience millénaire qu'on se sert de la logique pour démontrer l'absurdité de l'univers et de l'idée de perfection divine pour proclamer l'inexistence de Dieu. ‑ Tout ce que nous pouvons faire dans ce domaine ‑et ce pouvoir nous dicte le plus rigoureux des devoirs ‑ c'est un effort de purification intellectuelle et morale grâce auquel ces deux principes se taillent indéfiniment l'un par l'autre comme le diamant. Autrement dit, ils sont hors de question comme points de départ et comme buts, mais, en chemin, ils doivent sans cesse être remis en question.» (Gustave Thbon, Ignorance étoilée)

***

«Au‑delà des mythologies et des sciences, du merveilleux imaginaire et du réel mesurable, chercher les grands invariants qui peuvent unir, dans la même sagesse et la même foi (car, au centre de l'esprit, le Dieu des philosophes et le Dieu des croyants se rejoignent), les hommes de tous les temps et de tous les lieux. Le signe auquel on reconnaît ces invariants, c'est qu’il ne sont jamais vérifiables du dehors et toujours irréfutables au‑dedans. Autrement dit, toute formule de vie se révèle tôt ou tard caduque, qui s'appuie sur des constatations extérieures, soit dans le domaine du merveilleux (car le “ miracle ” d'hier peut devenir le fait scientifique de demain), soit dans celui de l'histoire (car l'interprétation des témoignages est terrain mouvant), soit même dans l’ordre de la science positive, dont les lois ne sont que des explications approximatives et provisoires du monde des apparences. Seul défie l'usure des siècles le dialogue intérieur entre l'homme et sa source. Le Tao, les grands textes de Platon Marc Aurèle, saint Jean de la Croix n'ont pas vieilli et ne vieilliront jamais. La Cité des âmes est invulnérable au temps.»(Gustave Thbon, Ignorance étoilée)

Articles





Articles récents