Equilibre
Dans son sens général l'équilibre, nous dit Littré, est «l'état d'un corps qui se tient debout sans pencher d'un côté.» Si la Tour de Pise est un sujet d'étonnement c'est parce qu'elle demeure en équilibre tout en penchant d'un côté.
Le sens scientifique complète et précise le sens général: «état d'un corps sollicité par deux ou plusieurs forces qui s'entre-détruisent ou s'annulent sur une résistance.» L'équilibre, celui du vélo par exemple, est dit instable si un rien, le plus petit déplacement de poids, peut le détruire. Il est dit stable s'il tend à se rétablir après avoir été troublé: la table reprend sa position quand on cesse de la soulever.
Le sens psychologique du mot est paradoxal. Quand on dit d'une personne qu'elle est équilibrée on sous-entend qu'il s'agit d'un équilibre stable, on veut dire qu'après avoir subi un stress elle revient d'elle-même à sa solide position initiale. On dit aussi de ces personnes qu'elles ont les deux pieds sur terre. Et de même qu'un corps dense et étalé en surface trouve plus facilement l'équilibre qu'un corps petit et étagé, de même une personne unidimensionnelle est plus apte (en principe du moins) à l'équilibre qu'une personne qui possède plusieurs strates, qui est étagée.
Est-ce là vraiment une qualité enviable? L'art de se maintenir en équilibre instable est de toute évidence une qualité supérieure. Un tel art suppose des qualités propres à la vie telles la vigilance, la souplesse, la juste perception de soi et de la situation. À mesure que l'on s'élève dans cet art on se rapproche d'une qualité, l'harmonie, qui est spirituelle, tandis que l'équilibre reste au niveau de la matière et de la mécanique qui la régit.