Enjeux
"L'intensification de l'effet de serre due à l'accumulation des émissions anthropiques de ce gaz représente 60 % du renforcement anthropique total de l'effet de serre.
Sa concentration dans l'atmosphère est passée de 280 ppmv* en 1750 à 315 ppmv en 1958, 345 ppmv en 1984 et à 367 ppmv en 1999.
Cette concentration fut pratiquement constante pendant les trois-quarts du deuxième millénaire.
Entre les mesures effectuées actuellement et les reconstitutions autorisées par l'analyse des carottes glaciaires, il est permis de conclure que l'accélération des émissions de dioxyde de carbone au cours du dernier millénaire est intervenue essentiellement depuis le début de l'ère industrielle. Toutefois, au cours de l'histoire de la planète, des variations importantes sont déjà survenues en liaison avec des variations de température.
La distinction entre les émissions de dioxyde de carbone par les terres ou par les océans d'avec celles causées par l'homme n'a pu être mise en évidence qu'au cours de la période récente retracée par les mesures effectuées à partir de 1958 sur le mont Mauna Loa (Hawaï). Pour toute la période antérieure, ce sont les carottes glaciaires extraites de l'Antarctique, par exemple du Taylor Dome, ou de Vostok, qui fournissent les données essentielles. Grâce à ces forages, il est possible de remonter jusqu'à 420 000 ans (Vostok) avant la période actuelle.
Ces données permettent d'affirmer qu'au cours du réchauffement intervenu il y a 1500 ans, la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère est passée de 200 à 280 ppmv - soit approximativement la même augmentation que celle de l'ère industrielle en cent cinquante ans - mais cette évolution a duré plusieurs milliers d'années.
Au rythme actuel d'émission, la concentration atmosphérique de gaz carbonique dépasserait 400 ppmv en 2025 et 500 ppmv vers 2100."
* Parties par million en volume, soit 1 cm3 par m3.
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"Comme cela a été vu plus haut, l'ère industrielle a marqué l'accélération des émissions de gaz carbonique dans l'air. Cela résulte tant de la combustion de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) que de la déforestation. Il peut être même considéré, comme l'estime le GIEC, dans son dernier rapport en 2001, que l'accroissement de l'émission de dioxyde de carbone durant l'ère industrielle est dramatique. En effet, ces experts ont noté que le taux annuel d'accroissement des émissions de CO2 depuis 1980 est de 0,4 % par an.
Au cours des vingt dernières années, 70 % à 90 % des émissions de dioxyde de carbone proviendraient de la combustion des carburants d'origine fossile, et entre 10 % à 30 % seraient issus du changement d'usage des terres, essentiellement de la déforestation.
La variation annuelle du niveau des émissions est parfois importante puisqu'elle oscille du simple au triple, et il a été relevé que les plus grands taux d'augmentation ont correspondu aux années où le phénomène El Niño s'est manifesté avec le plus d'acuité."
source: Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (France). Rapport sur l'évaluation de l'ampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact prévisible sur la géographie de la France à l'horizon 2025, 2050 et 2100. Tome 1. Session ordinaire de 2001-2002. Annexe au procès-verbal de la séance du 13 février 2002. Rapporteur: Marcel Deneux, sénateur (site du Sénat de la République française)