Arcand Denys
Sur le plan dramaturgique, ses films de fiction renvoient à la tragédie et à l'opéra (Réjeanne Padovani, 1973) tout comme ils puisent certains procédés dans la théorie brechtienne (La Maudite Galette, 1971; Gina, 1975). Arcand est fondamentalement un intellectuel et la plupart de ses films reposent sur des dispositifs précis et complexes, comme Jésus de Montréal (1989), qui actualise les principaux événements de la vie du Christ pour confronter morale religieuse et morale artistique.
Sur le plan thématique, le thème de la décadence domine nettement. Du crime minable qui tourne mal dans La Maudite Galette à l'ascension puis à la descente du top model de Stardom (2000), Arcand semble fasciné par les fins de règne, par la vanité absurde des actions humaines qui n'ont pour effet que d'accélérer l'inévitable entropie. C'est pourquoi Réjeanne Padovani reprend les grandes lignes de l'exécution de l'impératrice Messaline, Le Confort et l'Indifférence cite abondamment les écrits du principal témoin de la chute des Médicis, tandis que le plus grand succès de la carrière du cinéaste s'intitule, simplement, Le Déclin de l'empire américain (1986).
Observateur attentif de la société québécoise, Denys Arcand a toujours résisté à la tentation de dicter une conduite politique au spectateur. Il a plutôt préféré montrer le présent à la lueur des déterminations historiques, ce que ses détracteurs ont appelé du cynisme et ses défenseurs de la lucidité. Il est tout de même remarquable de constater que dès ses premiers essais réalisés alors qu'il était dans la jeune vingtaine (Champlain, 1964 ; Les Montréalistes, 1965), Arcand posait sur le Québec ce même regard rigoureux teinté d'un humour aux allures de désespoir poli.
Source: Prix du Québec
© Gouvernement du Québec, 2001